Il y a eu beaucoup de blessures chez les internationaux avant cette tournée. Quel diagnostic faites-vous de cette situation ? Est-ce un sujet d’inquiétude ?
Oui, c’est un sujet d’inquiétude. L’échéance Coupe du monde 2023, c’est l’objectif prioritaire depuis le début du mandat et même depuis qu’on est arrivé juste avant l’édition 2019. On sait que la blessure est un facteur inhérent au rugby professionnel. Quand les joueurs sont en club, ils enchaînent les matchs. On leur demande beaucoup aussi quand ils sont avec nous. Il y aura toujours des blessures. On essaie de minimiser les risques et notamment tout ce qui relève des blessures musculaires grâce aux données qui nous permettent de connaître les charges de travail. Quand les joueurs arrivent en équipe de France, on sait précisément ce qu’ils ont fait avant de nous rejoindre. Ce qui est sûr, c’est que les internationaux français jouent plus que les autres…
Oui, c’est un sujet d’inquiétude. L’échéance Coupe du monde 2023, c’est l’objectif prioritaire depuis le début du mandat et même depuis qu’on est arrivé juste avant l’édition 2019. On sait que la blessure est un facteur inhérent au rugby professionnel. Quand les joueurs sont en club, ils enchaînent les matchs. On leur demande beaucoup aussi quand ils sont avec nous. Il y aura toujours des blessures. On essaie de minimiser les risques et notamment tout ce qui relève des blessures musculaires grâce aux données qui nous permettent de connaître les charges de travail. Quand les joueurs arrivent en équipe de France, on sait précisément ce qu’ils ont fait avant de nous rejoindre. Ce qui est sûr, c’est que les internationaux français jouent plus que les autres. C’est la raison pour laquelle depuis deux ans, on n’a pas pris les joueurs premium en Australie et au Japon, pour qu’ils puissent se régénérer et avoir une pré-saison pertinente avec leur club.
Un joueur comme Yoram Moefana a déjà joué plus de 600 minutes, un Grégory Alldritt 560… N’est-ce pas alarmant à un an de la Coupe du monde ?
Oui bien sûr. Si l’on compare avec l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud. Mais encore une fois, ce n’est pas en notre pouvoir. Les clubs ont l’intelligence et la bienveillance d’essayer d’aider au maximum le XV de France en protégeant les internationaux, je pense notamment à Toulouse, mais il y a la réalité des clubs. Ils ont besoin de gagner des matchs. Et ce Top 14 est tellement homogène, tellement serré qu’il est aussi normal que les managers alignent leurs meilleurs joueurs. De notre côté, on fait le maximum pour éviter que les internationaux soient dans le dur mais on a aussi nos impératifs. La semaine dernière, on a été obligé de remettre les joueurs sur les standards du niveau international. On en avait 23 avec lesquels on n’avait pas travaillé depuis France-Angleterre. Cela demande des entraînements très spécifiques, à des intensités très spécifiques et des grosses charges de travail sur les dix premiers jours.
Le fossé entre le Top 14 et le niveau international est-il à ce point important ?
Bien sûr. C’est différent. Cela va plus vite, cela tape plus fort. C’est plus intense. Le temps de jeu effectif est plus important. Le rugby a évolué depuis quatre ans. Les séquences sont moins longues mais elles sont beaucoup plus explosives. Il y a plus de vitesse, de changements de rythme. Le jeu sans ballon est devenu prépondérant. Sur cette dimension par exemple, quand les joueurs arrivent du Top 14, ils mettent un petit moment pour retrouver leurs automatismes et nous, on les harcèle du point de vue physiologique pour qu’ils puissent retrouver cette dimension de vitesse, d’explosivité, de maintien de la haute intensité pendant ces périodes de jeu sans ballon. C’est un couperet pour nous. Les joueurs doivent être hyperactifs offensivement, défensivement sur ce domaine spécifique du jeu sans ballon. Cela veut dire qu’on a besoin de joueurs un peu plus légers et que, quand on les retrouve, il faut réguler certains sur leur poids de corps. Mais avec l’expérience, on sait cibler ce dont on a besoin. On essaie d’individualiser au maximum la préparation.
Vous parliez de la bonne entente entre les clubs et le staff de l’équipe de France sur la gestion des internationaux. Concernant un joueur comme Antoine Dupont, qu’est-ce que vous préconisez ?
Pour Antoine par exemple, on avait fait le choix de ne pas le prendre pour la tournée au Japon pour lui permettre de se faire nettoyer le genou. C’est un signe fort. On sait qu’Antoine va beaucoup jouer cette saison. Il faudra être intelligent. C’est compliqué pour nous de ne pas mettre Antoine Dupont sur le terrain. On gère ses semaines. Ce ne sont pas forcément les matches qui posent problème. Ce sont aussi les semaines d’entraînement. Il faut être pertinent dans la charge de travail. Mais Antoine est déjà très mature athlétiquement. Il possède de grosses qualités naturelles. Avec lui, on est plus dans le maintien que dans le développement.
Mais lorsque Yoram Moefana enchaîne huit matchs de suite, cela ne pose-t-il pas la question de limites à poser ?
Encore une fois, ça dépend du profil des joueurs ou de leur professionnalisme. Ils sont très sérieux, ils font attention à eux au niveau de la nutrition ou de la récupération. Et surtout, ils savent qu’ils sont dans une année Coupe du monde : il y a du monde à chaque poste, il va falloir batailler pour être dans le groupe. Notre gros avantage, c’est qu’on a gardé un groupe stable depuis 2020 : on connaît presque par cœur les joueurs. On arrive à individualiser les intensités et les volumes.
Convoquer Romain Ntamack alors qu’il revient d’une blessure à la cheville sans avoir disputé la moindre minute de jeu en Top 14, n’est-ce pas une prise de risque physiquement ?
Romain n’a pas forcément besoin de jouer un match de Top 14 pour être prêt pour le niveau international. Déjà, il s’est très bien entraîné avec le Stade Toulousain pour revenir de sa blessure : il est arrivé prêt. On avait besoin de le remettre en selle sur certains domaines physiologiques précis, mais il est très pro. Quand on lui demande de « toucher » certaines choses, il fait le maximum pour. En 10 ou 15 jours, tu peux remettre un Romain Ntamack dans le rythme. Tout en sachant qu’il a pu continuer à s’entraîner pour garder ses qualités de base malgré sa cheville. Ça aurait été une autre blessure, peut-être que ça aurait pu prendre plus de temps.
Cyril Baille vient justement d’être convoqué après avoir été écarté des terrains pendant plus de trois mois, suite à une opération de l’adducteur gauche. Peut-il postuler face à l’Australie en n’ayant joué que 46 minutes en Top 14 face à Bayonne ce week-end ?
« Cissou », c’est aussi un profil très particulier : il est capable d’alterner capacités de déplacement et de combat, ce qu’on demande justement aux piliers gauches. Il revient d’une grosse blessure, mais il s’est très bien préparé avec son club. Il vient de jouer à Bayonne, on l’observera cette semaine et les entraîneurs prendront une décision en fonction de tous les facteurs de performance. Je ne peux pas vous dire s’il jouera ou non.
Quand on se prépare à affronter les Springboks, à quel type de défi physiologique faut-il se préparer ?
On sait qu’ils sont très costauds devant. Nous, on se bat depuis quatre ans pour être capables de « matcher » dans la dimension physique de combat, mais aussi de déplacement. C’est évidemment ce qui se passera au niveau du huit de devant qui dira qui gagnera. Mais ça, c’est valable contre toutes les équipes, pas seulement l’Afrique du Sud ! On ne se prépare pas spécifiquement pour les Boks. Avant eux, il y a d’abord l’Australie.
Où en êtes-vous du travail physique entrepris sur le cinq de devant des Bleus ?
On avait identifié des manques sur certaines données physiques durant la semaine. Notamment sur les courses de soutien entre 21 et 27 km/h : on n’arrivait pas à atteindre ce qu’on faisait en match alors qu’on essaie de « surcharger » ces seuils lors des entraînements. Ce ne sont pas des intensités max, mais elles correspondent au jeu sans ballon ou au déplacement de ruck en ruck durant les phases d’attaque. Même si notre jeu n’est pas basé sur la possession, on doit avoir tout de même ce panel au cas où on serait amené à multiplier des phases de jeu. On a donc changé notre méthodologie pour être plus précis au moment de transférer les données physiologiques à l’intérieur du projet de jeu demandé par les entraîneurs. On a beaucoup travaillé là-dessus entre la tournée au Japon et aujourd’hui.

source

Catégorisé:

Étiqueté dans :

,