Vous avez continuellement été pris dans les rucks et par l’agressivité paloise…
Exactement… Mais d’abord, félicitations à Pau, la meilleure équipe a gagné, il n’y a pas eu photo. Elle a bien mérité sa victoire. On a touché le fond, avec un gros manque de respect pour cette équipe qui est arrivée avec un bon plan, qui avait beaucoup plus faim et qui a beaucoup plus respecté les valeurs du rugby que nous. C’est une énorme déception pour nous, pour moi, mon équipe, les supporteurs, mais c’est bien que ça soit comme ça. Parce que si tu manques d’humilité, tu dois…
Exactement… Mais d’abord, félicitations à Pau, la meilleure équipe a gagné, il n’y a pas eu photo. Elle a bien mérité sa victoire. On a touché le fond, avec un gros manque de respect pour cette équipe qui est arrivée avec un bon plan, qui avait beaucoup plus faim et qui a beaucoup plus respecté les valeurs du rugby que nous. C’est une énorme déception pour nous, pour moi, mon équipe, les supporteurs, mais c’est bien que ça soit comme ça. Parce que si tu manques d’humilité, tu dois payer le prix. On a été humiliés par une équipe bien meilleure que nous. C’est ça, le rugby, c’est pour ça que c’est un championnat magnifique, très dur. Ce qui est certain, c’est qu’on a beaucoup de travail à faire.
On vous a senti un peu stupéfait en fin de match, avez-vous accusé le coup ?
Non, pas du tout. C’était très clair à mes yeux, on était dominés dans le combat, c’est-à-dire la précision et l’agressivité. Pau nous a montré ça. Ils avaient plus d’envie que nous, et c’est un ingrédient hyper important dans le sport. À la fin, c’était facile de l’accepter. Il n’y a pas de malchance, ce n’est pas la faute de l’arbitre ou de quelqu’un. On était pris partout. Mais c’est trop facile de dire que ça ne vient que de nous : l’adversaire était hyper performant.
Les 17 premiers points de Pau sont issus de passes mal assurées de vos joueurs. Étaient-ce déjà des alertes, en première mi-temps ?
Oui, mais il y avait déjà cinq alertes avant ça. Si tu n’apprends pas en direct, tu mérites de prendre deux essais. Mais quand tu joues à la « baballe » comme ça… il n’y a aucune place pour ça dans le rugby. Si la passe après-contact est évidente, fais-la. Sinon, garde le ballon et fais une autre phase. C’est la même chose pour les sorties de camp, pour la défense des ballons portés, pour les rucks, pour l’attaque… C’est hyper frustrant pour le public, j’ai mal au ventre pour lui ce soir car il y a quelque chose de spécial entre cette équipe et lui. Ce soir, il a une bonne raison d’être dégoûté, j’espère qu’il restera fidèle. C’est une grande claque, on doit réagir, et réagir vite.
Y a-t-il eu des alertes dans la semaine ? Cela rappelle la défaite à Bayonne, lors de la 6e journée.
Non. Parce qu’un match à l’extérieur en Top 14 est différent. On n’était pas du tout content de la défaite à Bayonne mais là, on était à Deflandre. Faire ça devant nos familles, notre public, on ne peut pas l’accepter. Ce ne sont pas les standards que nous nous sommes créés. Les solutions sont faciles à trouver, il s’agit de se regarder dans le miroir et comprendre le mot humilité.
Cela doit d’autant plus être une frustration que vous sortez d’une grosse prestation, à 14 contre 15, à Toulouse ?
Absolument. Mais avant ça, on était passé de Bayonne à Toulon (une victoire bonifiée, NDLR), là de Toulouse à aujourd’hui… J’essaie de créer plus de constance, pour le moment on en manque. Le prochain match (à Brive, NDLR) nécessite de concentrer nos cerveaux sur les tâches qui sont devant nous. Retrouver l’envie ne sera pas un problème, honnêtement. Peu de choses ont marché, il faut recommencer à zéro lundi, chercher les points forts. Il y a beaucoup de forces dans mon équipe quand l’humilité est là. Là, il en manquait partout. Il faut comprendre comment construire un match, puis essayer de manager le jeu et de gagner les collisions. Après ça, on essaiera de jouer.
Brice Dulin est sorti à la mi-temps, était-ce du management, ou une blessure ?
C’était du management.
L’équipe a semblé manquer de leadership en seconde période, qu’en pensez-vous ?
Je pense que c’était déjà un peu tard. C’était évident pendant le match : quand tu ne respectes pas le combat et le défi physique, que tu refuses le contact, il y a des signaux forts. Le rugby, c’est gagner la ligne d’avantage. Ensuite, soit il y a des ballons rapides, ou des ballons lents. Là, même avec des ballons lents, on a essayé de jouer, jouer, jouer. Face à un challenger comme Pau… on lui a donné de l’espoir, puis on lui en a redonné, et redonné encore. C’était cadeau, cadeau et cadeau… On a nourri leur appétit, ils étaient morts de faim.
Ce match correspond à la fin de votre suspension de six semaines. Il est temps que vous repreniez une place normale ?
Oui. Mais un leader lève la main quand il fait des choses qui ne sont pas bien (il a été suspendu après son comportement avec le corps arbitral à Lyon, lors de la 2e journée, NDLR). Aujourd’hui, c’est peut-être à cause de moi et mon comportement. Je dois me regarder dans le miroir et espérer que ça n’arrivera plus. Mais quand les leaders manquent d’humilité, de sérénité, de discipline, quel message envoient-ils aux joueurs ? Je leur ai déjà parlé de ça il y a quelques semaines. Mais ce qui est bien, c’est que là, on a touché le fond, c’est une journée noire pour moi. Je ne peux pas dire pour le club car j’en suis responsable. Les bons managers ne font pas les mêmes fautes deux fois, et on a vraiment mis nos valeurs à la poubelle ce soir. Ça me pèse beaucoup mentalement.