Après une trêve mouvementée qui a vu Christophe Urios être démis de ses fonctions de manager, l’Union Bordeaux-Bègles a dû s’adapter dans l’urgence avant de se replonger dans le Top 14 et aborder deux matchs périlleux à Perpignan (ce samedi à 15 heures) et face à Brive (le 3 décembre). Julien Laïrle et Frédéric Charrier, les deux adjoints respectivement en charge des avants et des arrières, ont pris le relais au pied levé et assureront l’intérim jusqu’à la fin de la saison, avant l’arrivée de Yannick Bru. « Tout est allé hyper vite, on n’a pas eu trop le temps de réfléchir, témoigne…
Après une trêve mouvementée qui a vu Christophe Urios être démis de ses fonctions de manager, l’Union Bordeaux-Bègles a dû s’adapter dans l’urgence avant de se replonger dans le Top 14 et aborder deux matchs périlleux à Perpignan (ce samedi à 15 heures) et face à Brive (le 3 décembre). Julien Laïrle et Frédéric Charrier, les deux adjoints respectivement en charge des avants et des arrières, ont pris le relais au pied levé et assureront l’intérim jusqu’à la fin de la saison, avant l’arrivée de Yannick Bru. « Tout est allé hyper vite, on n’a pas eu trop le temps de réfléchir, témoigne Julien Laïrle. Je suis rentré le lundi soir, on a appris le départ de Christophe le mardi matin et mercredi, il fallait repartir à l’entraînement ».
Fidèle et grand ami d’Urios qu’il a suivi dans les staffs d’Oyonnax, de Castres et de l’UBB, Frédéric Charrier a accusé le coup à son retour de la tournée avec les Barbarians Français. « C’est quelqu’un qu’on apprécie, qu’on respecte, déclare le capitaine Jefferson Poirot. Ça aurait été dommage qu’il s’en aille. Ça a été difficile pour lui parce que quand tu es auprès d’une personne pendant 12 ans et que tu te retrouves seul du jour au lendemain, que le travail est questionné, ça peut être troublant et choquant. On en a discuté entre joueurs, l’idée est de le mettre en confiance avec nous. On lui a fait comprendre qu’on est à fond derrière lui. »
Propulsé entraîneur de Top 14 dans le staff d’Urios en 2019, Julien Laïrle ne veut pas s’épancher sur ce qu’il a ressenti en apprenant le départ du « boss ». « Je l’ai vécu comme un entraîneur. Moi, je fais ce qu’on me dit, je suis salarié du club. J’essaie de faire au mieux pour colmater les brèches avec Fred (Charrier) et continuer à ce qu’il y ait un cadre dans ce projet qu’avait instauré Christophe. » Mais le technicien voit son nouveau rôle d’un œil bien différent du poste de manager qu’il occupait à Soyaux-Angoulême en Pro D2 (2013-2019). « Quand tu arrives dans un club où tu as ton staff, les joueurs que tu as choisis, ton projet…. cela n’a rien à voir, souligne-t-il. Et à l’UBB, je ne suis pas manager, on travaille en binôme. »
La semaine dernière a été rythmée par les réunions pour tout mettre en place et se répartir les rôles au sein du staff. « On a gardé nos fonctions d’entraîneurs car c’est ce que nous sommes, insiste Julien Laïrle. Et on a divisé le travail de Christophe par deux en se le répartissant avec Fred. Chacun a un cadre à tenir pour ne pas trop se marcher sur les pieds. On fait un peu plus de micro-réunions pour valider les choses ensemble. Il faut unifier le discours. Aujourd’hui, il faut qu’on fasse trois fois le travail qu’on avait avant. On avait déjà de longues journées. Là, on est passés de 6 heures à 22 heures. Donc on n’a pas trop le temps de se poser et refaire le monde dans notre tête. »
Sous la direction de Julien Laïrle et Frédéric Charrier, l’UBB ne procédera pas à de grandes révolutions. « On ne change pas le projet de jeu, on ne va pas aller à l’encontre de nos convictions rugbystiques, explique Julien Laïrle. Même les joueurs n’ont pas la volonté de changer ».
Mais occupant la 11e place et n’ayant plus enchaîné deux succès de rang depuis février, les Bordelais cherchent toujours à mettre le doigt sur ce qui peut leur permettre d’enclencher une nouvelle dynamique. « Il faudra enchaîner les performances pour se rendre compte de ce qui nous manque depuis 10 mois maintenant : est-ce que c’est retrouver notre ADN, l’envie de jouer au rugby simplement, ou la confiance en elle-même ? », s’interroge Jefferson Poirot.
Le seul départ de Christophe Urios libérera-t-il le groupe ? « On ne peut pas le dire aujourd’hui, répond le capitaine. On n’aura pas de réponse avant un ou deux mois. On a fait une bonne semaine dans le travail, on a revu certaines bases de notre jeu qu’on n’avait pas vues depuis un petit moment. On a changé un peu le fonctionnement à l’intérieur des séances. Ça a pétillé un peu. Il faut continuer et voir ce que ça donne. »
Dans tous les cas, les leaders du groupe seront particulièrement attendus pour impulser un nouvel élan. « Ils vont nous transmettre ce qu’ils veulent faire de la fin de saison, glisse Julien Laïrle. C’est aussi à eux de véhiculer ce message. Autour des réunions qu’on va faire avec eux, ils doivent faire qu’il y ait une implication totale des joueurs sur le terrain. » Jefferson Poirot est conscient de la tâche : « Christophe (Urios) avait déjà pointé ça du doigt en début de saison. Maintenant, plus que jamais, c’est l’heure d’être là ».
À ce stade, l’UBB ne veut pas parler d’objectifs à long terme. « Ça fait 10 jours qu’on est un peu sur la digestion de tout ça », rappelle Jefferson Poirot. « On ne sait pas de quoi demain sera fait donc on ne va pas travailler sur une vision globale, ce qui est parfois dangereux, explique Julien Laïrle. Aujourd’hui, c’est trop compliqué de travailler sur une vision à 7 mois. »
Quoi qu’il en soit, la saison est loin d’être finie et le staff en place devra tenir la barre pendant de longs mois. « Peut-être… Ça va très vite dans ce milieu, constate Julien Laïrle. Pour l’instant, on a deux matchs importants qui sont Perpignan et Brive, on ne se projette pas sur la suite aujourd’hui. » Cinq mois après que les tensions ont éclaté au grand jour suite à la défaite à Perpignan, l’UBB tentera de se relancer sans Christophe Urios à Aimé-Giral. « Ils nous attendront le couteau entre les dents, prévient Jefferson Poirot. Ce n’est pas le match idéal pour remettre le pied à l’étrier ».