Ce match est-il spécial pour les deux équipes ?
Oui, des deux côtés. Toulouse ne prépare pas La Rochelle comme il prépare un autre match. Et c’est justement ce qui fait qu’on a gagné les dernières rencontres (avec une série de 8 victoires, NDLR), à chaque fois ce match était pointé. On connaît les forces des deux équipes, si on ne le prépare pas comme un gros match, on peut passer à travers.
Oui, des deux côtés. Toulouse ne prépare pas La Rochelle comme il prépare un autre match. Et c’est justement ce qui fait qu’on a gagné les dernières rencontres (avec une série de 8 victoires, NDLR), à chaque fois ce match était pointé. On connaît les forces des deux équipes, si on ne le prépare pas comme un gros match, on peut passer à travers.
Les Toulousains donnent la sensation de ne jamais passer à travers quand ils cochent un match, justement…
Oui. C’est ce que j’ai appris en arrivant dans ce club, que tout le monde connaît. Il y a des talents à chaque poste, mais quand arrivent les gros matchs, tu sens une atmosphère vraiment différente ; pas que dans l’équipe, dans tout le club. Ça, c’est vraiment impressionnant. Les joueurs, le staff, le club se transforment pour l’événement. Il y a une telle culture de la gagne…
Y a-t-il la volonté de montrer qui est le patron dans ce type de gros rendez-vous ?
Bien entendu. J’ai arrêté ma carrière, donc c’est plus facile pour moi de le dire que les joueurs actuels (sourire), car sinon les adversaires se servent des articles pour faire monter la sauce, mais pour être passé dans ces deux clubs qui prétendent gagner des titres, ces matchs sont très importants. Tu mets un coup derrière la tête de ton adversaire si tu gagnes. Ces dernières années, pour Toulouse, cela a parfois été compliqué, parfois controversé, mais au final, psychologiquement, il a marqué des points en gagnant ces matchs.
La rivalité est réelle, pourtant on ne sent pas de tension, d’agressivité entre les deux groupes, mais plus du respect, voire de l’amitié ?
Oui, c’est ça. C’est lié à l’évolution des générations. À Toulouse, il y a une génération incroyable, qu’on ne retrouvera peut-être pas dans les trente ans à venir. Et à La Rochelle, les Grégory Alldritt, les Pierre Bourgarit – on ne va pas tous les citer – s’entendent bien avec les Toulousains. Il y a un profond respect, c’est chouette à voir. Après, sur le terrain… Mais ce sont vraiment des bons mecs, que ce soient les (Cyril) Baille, (Antoine) Dupont, (Romain) Ntamack, (Thomas) Ramos… C’est pour ça que ça marche aussi. Ils ont plus de talent que la moyenne, mais ce sont des gens intelligents et du côté rochelais, c’est pareil. Ils savent faire la part des choses.
Quel regard portez-vous sur la saison toulousaine ? Peut-on la rapprocher de 2020-2021, quand vous aviez fait le doublé Top 14 – Champions Cup ?
C’est toujours très compliqué de comparer une saison à une autre, car les équipes changent, les adversaires aussi, surtout que “20-21” était une année Covid, donc très spéciale. Toulouse est sur la lignée de ses cinq, six dernières années, c’est un peu l’ogre du rugby européen. Je le vois gagner beaucoup de titres, encore, mais dans le money time, les matchs de phases finales se jouent parfois à la pièce, c’est pour ça qu’il ne gagnera pas tout. Mais il y a tellement de talents, de travail que cette équipe impressionne d’année en année.
Mais elle semble mieux gérer ses rotations que la saison dernière, par exemple, alors que c’était sa force l’année du doublé.
Oui, c’est vrai, on avait bien gazé malgré quelques défaites pendant les doublons. Quand ça tournait, on ne voyait pas trop la différence. À mon sens, cela a été un peu moins bien géré par le staff la saison dernière – au-delà de mon cas –, il y a eu moins de turnovers, il a moins fait confiance à son groupe que cette année. Là, tout le monde joue, même lors des matchs importants alors que la saison dernière, ils ont tiré sur la couenne des mecs, qui sortaient du Grand Chelem et qui avaient donné énormément, physiquement et mentalement. En demi-finale contre Castres, pour moi, on en paie les pots cassés.
Quel regard portez-vous également sur la saison des Rochelais ?
Le Stade Rochelais est beaucoup plus attendu. Il a vraiment changé de statut, là, c’est une grande équipe. Son titre européen fait que tout le monde veut l’abattre. Je l’ai vu en arrivant à Toulouse, tous les week-ends, les mecs en face n’ont qu’une envie, battre le Stade Toulousain. Tous les matchs sont compliqués, il n’y a plus de place pour le relâchement alors qu’avant, les Rochelais pouvaient gérer leurs temps faibles et forts comme ça. Maintenant, il faut que tout le groupe soit toujours à 100 % de ses capacités. Cette saison est un peu plus compliquée, ils ont perdu deux fois à Deflandre mais une saison est tellement longue… Pour moi, il n’y a pas d’inquiétude, tout se jouera dans le money time mais Toulouse et La Rochelle sont les deux cadors du championnat et en Europe, ils seront dans les six premiers. Il faudra être en forme quand ça comptera.
Vous qui avez pu constater son influence de très près, en tant que doublure d’Antoine Dupont, son absence change-t-elle quelque chose ?
Forcément. C’est comme se poser la question pour Kilyan Mbappé en équipe de France de football. Ce sont des joueurs tellement influents… Même si Antoine ne traverse pas le terrain, il attire tellement de personnes et de défenseurs que ça s’ouvre plus loin. On l’a vu contre Clermont, il était en 10, tous les défenseurs se sont serrés autour de lui et c’est Sofiane Guitoune ou Pierre-Louis Barassi qui en ont profité plus loin… Il y a une équipe avec et une autre sans lui. C’est naturel, quand je jouais, c’était normal que je n’ai pas le même niveau que lui (sourire).
Comment trouvez-vous l’évolution du Rochelais Thomas Berjon, qui devrait être titulaire samedi ?
C’est un garçon qui est arrivé très vite à haut niveau alors que, quand je suis arrivé, il était encore en tutorat à Puilboreau. C’est un bosseur, qui s’est construit dans le travail, il a évolué techniquement et physiquement. Là, il est dans sa période un peu de transition, après une progression fulgurante. C’est un garçon intelligent, je n’ai pas de doute quant au fait qu’il remontera la pente et qu’il progressera. Quand tu fais une finale de Coupe d’Europe comme il l’a faite, c’est que le potentiel y est. Sa marge de progression sera importante après cette phase de transition, il est encore jeune (24 ans, NDLR). Le meilleur Thomas Berjon arrivera dans quelques années voire, j’espère, dans quelques mois.

source

Catégorisé:

Étiqueté dans :

,