C’est un secret de Polichinelle. Loin des grands ministères régaliens, il y en a deux dont les titulaires sont couramment court-circuités par l’Élysée et/ou Matignon : la Culture et les Sports. Les présidents successifs sont à tu et à toi avec des acteurs et des écrivains, ou avec des athlètes de haut niveau et des dirigeants sportifs. Ou avec tout ce beau monde à la fois. Emmanuel Macron n’échappe pas à la règle. Au soir…
C’est un secret de Polichinelle. Loin des grands ministères régaliens, il y en a deux dont les titulaires sont couramment court-circuités par l’Élysée et/ou Matignon : la Culture et les Sports. Les présidents successifs sont à tu et à toi avec des acteurs et des écrivains, ou avec des athlètes de haut niveau et des dirigeants sportifs. Ou avec tout ce beau monde à la fois. Emmanuel Macron n’échappe pas à la règle. Au soir de la finale perdue au Qatar, on a même cru un instant qu’il avait intégré le staff des Bleus sur un coin de pelouse du stade de Lusail.
Avec Amélie Oudéa-Castéra, ce cadre tétanisant semble s’être évaporé. La jeune ministre (44 ans) aurait les mains libres pour artiller à loisir contre les empereurs des ballons rond et ovale, Noël Le Graët et Bernard Laporte. À en croire l’ex-nageuse Roxana Maracineanu, qui a occupé le même fauteuil de 2018 à 2022, la partition était bien différente sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. « Sur le foot et le rugby, forcément tu sais que tu ne peux pas y aller », confiait-elle le mois dernier à « Sud Ouest ».
Amélie Oudéa-Castéra a d’autres armes en main à l’heure de procéder au grand nettoyage d’hiver dans les cénacles fédéraux. La moindre n’est pas son compagnonnage avec le chef de l’État sur les bancs de l’ENA, l’École nationale d’administration. Ils figuraient tous deux dans la promotion Léopold-Sédar-Senghor, de 2002 à 2004. L’impétrante possède tous les codes de cette élite qui enfile comme des perles les fonctions politiques et les postes prestigieux dans le privé. Son époux, Frédéric Oudéa, termine cette année un long bail à la tête de la Société Générale. Il devrait prochainement hériter de la présidence de Sanofi.
La ministre connaît par ailleurs les coins et recoins des intrigues fédérales dans le milieu sportif. Ancienne championne de tennis dans les catégories de jeunes – elle a remporté l’Orange Bowl il y a trente ans – elle a dirigé la Fédération française de tennis où son salaire de 35 000 euros par mois, révélé par Médiapart, a fait tousser. Elle sait aussi ne pas trop s’exposer. Fraîchement nommée, elle a inauguré son maroquin avec les graves incidents qui ont émaillé la finale de la Ligue des champions Real Madrid-Liverpool au Stade de France, en mai 2022. « AOC » – elle partage cet acronyme avec l’égérie de la gauche américaine, Alexandria Ocasio-Cortez – a sagement laissé Gérald Darmanin s’emberlificoter dans des explications farfelues.
Face aux fédérations de foot et de rugby, elle peut sonner l’hallali sans prendre de risques. Elle affronte deux institutions arc-boutées en défense. Noël Le Graët, devenu radioactif par ses pratiques et ses déclarations lunaires, n’a plus de ligne directe vers l’Élysée. Et son talisman, l’équipe de France, n’est plus championne du monde. Bernard Laporte, quant à lui, est condamné par la justice (il a fait appel).
Dans ces conditions, la ministre peut légitimement peser pour de nouvelles élections à la FFR. Et qui ira s’opposer à sa demande d’un supplément d’éthique ?

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