Une chistera, une passe entre les jambes, un drop sur le poteau et quelques mimiques exagérées. En cinq minutes d’observation à l’entraînement, vous avez du Baptiste Germain. Celui qui aime manier le ballon et prend plaisir à faire sourire ses coéquipiers.
Le jeune demi de mêlée de 21 ans (1,74 m, 82 kg) a troqué pour un an le maillot du Stade Toulousain contre celui du Biarritz Olympique, sous la forme d’un prêt « mi-choisi, mi-subit », déclare-t-il avec franchise. Signé durant ses vacances d’été sur la Côte d’Azur, ce contrat sur la Côte basque doit lui permettre de gagner du temps de jeu et de la maturité.
Le jeune demi de mêlée de 21 ans (1,74 m, 82 kg) a troqué pour un an le maillot du Stade Toulousain contre celui du Biarritz Olympique, sous la forme d’un prêt « mi-choisi, mi-subit », déclare-t-il avec franchise. Signé durant ses vacances d’été sur la Côte d’Azur, ce contrat sur la Côte basque doit lui permettre de gagner du temps de jeu et de la maturité.
« Chez nous, l’exigence est forte, la concurrence rude et il a fallu qu’il se le pèle, raconte Clément Poitrenaud, entraîneur des trois-quarts toulousains. Maintenant, c’est un gamin avec un fort potentiel pour qui s’exporter et s’aguerrir dans un championnat difficile, avec l’adversité et la pression, ne peut qu’être positif ».
Ça, c’est sur le papier. Dans les faits, les premiers pas du Bordelais au Pays basque sont beaucoup plus compliqués. La douceur du coin, qu’il connaît bien pour y venir avec ses parents depuis petit, la jeunesse du groupe et le statut qui est le sien ne suffisent pas à le mettre sur les bons rails. « La stratégie sur les premiers matchs était de faire dans la continuité de la saison dernière, avec des mecs qui avaient des automatismes. Et comme sur mes rentrées je n’ai pas été convaincant, c’est vite devenu compliqué », se souvient le numéro 9.
C’était surtout une des premières fois que Baptiste Germain connaissait des difficultés pour faire sa place. Jusqu’à présent, il avait gagné des titres chez les jeunes du CA Bordeaux Bègles dont il était le capitaine. Même chose en équipe de France des moins de 18 ans à sept avec un sacre européen et une médaille d’argent aux JO de la jeunesse, en Argentine (2018). Certes, il n’avait pas été gardé par l’UBB (2019-2020) mais avait fait son trou au Stade Toulousain, derrière Antoine Dupont. Quand même.
« Je suis rentré dans un “mood” où j’arrivais à l’entraînement en reculant, en me disant que le pari de cette venue était déjà perdu. Je me demandais comment j’avais fait pour passer de la doublure du meilleur joueur du monde, être sur la feuille de match d’un quart de finale de Coupe d’Europe, à ne même pas jouer en Pro D2. Je n’étais vraiment pas bien… Je me suis d’ailleurs entouré de professionnels parce que ça n’allait pas », confie celui dont on comprend vite que l’apparente confiance cache plutôt le contraire. « C’est l’histoire de ma vie ! confirme-t-il. Je travaille à essayer de trouver seul la confiance, être moins dépendant de celles des autres ».
Puis la feuille de match de la rencontre à Montauban, début octobre, lui est mise sous les yeux : il débute à l’ouverture. Le staff est encore en recherche de sa charnière type et « personne n’a encore levé le doigt pour dire et montrer qu’il est le meilleur à cette place », indiquait, à l’époque, le manager biarrot Matthew Clarkin. « C’est un coup de dés même si on avait bien vu, lors de séances d’opposition où il était en 10, qu’il avait des facilités », abonde Barry Maddocks, l’entraîneur des trois-quarts. Aux côtés de Kerman Aurrekoetxea, Germain saisit l’occasion.
« Au début je me dis, “ils ne vont pas faire ça, quand même ?” J’ai joué 10 chez les jeunes mais jamais vraiment à haut niveau et je n’avais déjà pas trop convaincu à mon poste alors à un autre… Et en fait, si. Du coup, je n’avais plus de pression, j’ai voulu m’amuser, faire ce que je faisais à l’entraînement et ça s’est bien passé. Petit à petit, j’ai retrouvé un peu de lumière et j’ai repris confiance en moi ».
Le BO s’impose (32-46). Il marque 26 des 46 points de son équipe. Cette titularisation est la première d’une série toujours en cours, la cinquième ce soir contre Aurillac (21 heures). Tout le monde est content, jusqu’à Toulouse : « La polyvalence est quelque chose que l’on cultive chez nous aussi, détaille Clément Poitrenaud. Ça l’a contraint à sortir de son confort et c’est important pour passer des caps dans sa carrière. Accepter et faire face à tout ça l’accompagne aussi du jeune adulte à l’homme ».
« En espérant que ça continue comme ça, je rentrerai forcément différent de cette expérience. Je serai peut-être moins considéré comme le petit jeune », imagine le principal intéressé.
À l’image du groupe biarrot, en apprentissage constant vu la jeunesse de ses membres, Baptiste Germain a vécu une leçon express qu’il peut déjà analyser : « En septembre, c’était plus le Baptiste qui avait 18 ans et qui essayait de montrer, de prouver, de briller. J’étais celui qui arrivait de Toulouse qui était le meilleur et qui savait faire, plutôt que le mec qui avait eu la chance de passer par Toulouse et qui allait donner tout ça à sa nouvelle équipe. Même moi je ne m’y retrouvais pas, les mecs ne me suivaient pas sur le terrain et depuis les tribunes tu te dis : ”Il se prend pour qui ?” ».
Son père Francis est un peu plus direct : « Je savais qu’il rebondirait et ça ne pouvait pas lui faire de mal de se sortir les fesses de la graisse. Il me répondait que j’étais dur mais aujourd’hui, il a prouvé qu’il avait aussi cette force d’adaptation ».
Une force qu’il ne trouve pas que sur le terrain mais aussi dans les vagues sur une planche de surf et auprès de sa compagne, Sophie, chanteuse et fille de Bernard Tapie. « Il y avait le Midi Olympique et maintenant il y a Gala. Ça me fait rigoler ! Moins ma mère mais c’est quelque chose que je ne contrôle pas ».
Une mise en lumière qu’il apprécie mais dont il sait désormais qu’elle peut aussi s’éteindre.

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