Lorsqu’il a décroché son téléphone mardi, à la sortie de l’entraînement à Ernest-Wallon, Arthur Retière (25 ans, 1 sélection) a juré qu’il ne se faisait pas un monde de la réception du Stade Rochelais dimanche. « Un match comme les autres », a même osé l’ailier. Mais quelques questions seulement ont suffi à faire craqueler le vernis de l’indifférence.
Parce qu’il s’apprête à croiser la route du club avec lequel il a été sacré champion d’Europe en mai dernier, au terme d’une finale qu’il a fait basculer d’un essai, mais aussi parce qu’il retrouvera des…
Parce qu’il s’apprête à croiser la route du club avec lequel il a été sacré champion d’Europe en mai dernier, au terme d’une finale qu’il a fait basculer d’un essai, mais aussi parce qu’il retrouvera des joueurs qui sont devenus ses amis après six années passées en Charente-Maritime.
Quelques jours après un doublé inscrit à Brive en tant que remplaçant à la mêlée, Arthur Retière raconte son adaptation à son nouvel environnement. Mais aussi ses retrouvailles avec son jeune frère, Edgar, ouvreur chez les Espoirs toulousains, ainsi qu’avec Romain et Théo Ntamack avec lesquels il est devenu ami à l’époque où leurs pères entraînaient les Bleus sous le mandat de Marc Lièvremont (2007-2011).
L’affect ne prend-il pas une place importante avant de disputer un tel match ?
Bien sûr. Parce que j’ai passé six ans à La Rochelle et que j’ai encore tous mes potes là-bas. J’ai créé beaucoup de liens d’amitié. Avec certains mecs, on se parle tous les jours. […] Je pense que je ne réalise pas encore. C’est surtout dimanche soir, avant le match, que ça me fera bizarre de les voir.
Vous êtes très ami avec Uini Atonio…
(Il coupe) J’étais tout le temps chez lui ! Quand je me suis cassé le tibia et que je ne pouvais plus conduire (NDLR, en décembre 2021), ce sont Reda Wardi, Mathieu Tanguy et Uini qui m’emmenaient tout le temps avec eux. Je suis resté très ami aussi avec Botia et « Jo » Danty… Mais il faut faire abstraction.
Que vous ont apporté vos six années au Stade Rochelais ?
J’avais seulement 18 ans, mais j’ai eu la chance de jouer tout de suite ! Ça m’a permis de gagner en maturité en tant que joueur, tout en restant instinctif. Mais au-delà de ça, j’ai pris un plaisir énorme. Je suis arrivé dans la bonne année. On avait un groupe énorme, on faisait tout ensemble, et on était allé jusqu’en demi-finale (NDLR, défaite face à Toulon à Marseille en 2017). Ça a amorcé une dynamique, même s’il a quand même fallu six ans pour gagner un titre ! J’aurais été très déçu de partir de La Rochelle sans avoir gagné quelque chose…
Signer à Toulouse s’apparente à une progression. Malgré tout, n’avez-vous pas subi votre départ de La Rochelle ?
Non. Je pensais que c’était le bon moment pour partir : j’avais envie de voir autre chose. Ça faisait longtemps que j’étais en contact avec Toulouse, depuis 2018 je crois. Mais c’était la première fois que j’étais en fin de contrat dans ma dernière année. M’étant cassé le tibia, j’avais décidé de signer très tôt avec le Stade pour m’enlever ça de la tête et faire une fin de saison sans me tracasser.
Dans quelle mesure la présence à Toulouse de votre frère, Edgar, a-t-elle pesé ?
C’est l’une des raisons, évidemment. On a toujours rêvé de jouer ensemble, il a forcément fait partie du calcul. Il y avait mon petit frère donc, mais aussi pas mal de joueurs que je connaissais. Et il y avait aussi le jeu de Toulouse qui, je pense, me correspond le mieux.
À l’issue de votre victoire à Montpellier, lors de laquelle vous avez composé la charnière avec lui, il a raconté s’être senti comme dans votre « jardin » …
Dans le jardin, ou dans notre salon sur le carrelage. On s’est mis des sacrées « branlées » là aussi. On se mettait des énormes plaquages (sourire). Ce match m’a fait bizarre parce qu’il m’a rappelé beaucoup de souvenirs. Ce jour-là, il y en avait aussi avec Théo Ntamack et Romain (NDLR, le premier était remplaçant, le second était déjà blessé à la cheville). Quand nos pères étaient entraîneurs de l’équipe de France, on allait dans le vestiaire d’à-côté et on se faisait des deux contre deux à plaquer.
Votre amitié avec Romain Ntamack est ancienne…
On se connaît depuis très longtemps ! Avant d’entraîner en équipe de France (2007-2011), nos pères ont eu les moins de 20 ans avec lesquels ils ont été champions du monde en 2006. J’avais 9 ans ! On a passé plusieurs vacances ensemble. Dès qu’on se voyait, ce qui arrivait plutôt souvent, on jouait ensemble.
Bien qu’étant ailier, vous avez vocation à être utilisé plus souvent à la mêlée à Toulouse. Cela force-t-il votre capacité d’adaptation ?
Oui, parce que ça faisait quand même pas mal de temps que je n’y avais pas joué. Je ne faisais que des petits bouts de match, je n’étais pas un pur demi de mêlée. Il m’a fallu reprendre quelques automatismes. Mais je le savais, tous les joueurs de Toulouse sont polyvalents.
Votre doublé à Brive le prouve, vous êtes performant en ce début de saison. Aviez-vous réalisé une préparation plus poussée en changeant de club ?
Non. En fait, je me suis déchiré l’adducteur lors du dernier match de la saison à Toulouse (NDLR, en barrage). Ne pouvant rien faire, j’ai vraiment coupé cet été. Pour ma reprise, j’ai fait beaucoup de physique avec les prépas au Stade. Ça a été dur, je ne suis revenu dans le groupe que pour le rugby. Pour le moment, je ne suis pas blessé, j’enchaîne les matchs. Ça donne de la confiance.