Le journal
Podcasts
Vidéo
Newsletters
Le journal
Formé à Toulouse et alors qu’il a connu les années dorées du RCT, Maxime Mermoz vivra une rencontre particulière. Son parcours, ce qu’il a appris à Toulon, l’ancien international se confie.
La dernière victoire du RCT à Toulouse remonte à septembre 2016. Vous aviez participé à cette rencontre, qu’en gardez-vous?
Bien sûr! Toulon ne faisait plus peur, et on n’avait pas grand chose à perdre. Le Stade, s’il était en transition, restait une équipe historique. On se sentait face à une montagne, et on avait retrouvé des ressources inespérées. On était au pied du mur, Diego (Dominguez) était menacé et on avait sorti LE match.
Que représente un Toulouse – Toulon à vos yeux?
Ce sont deux clubs qui coulent dans mes veines. Aujourd’hui, ils sont à des phases de reconstruction différentes, mais s’appuient sur des entraîneurs très performants. À Toulouse, le staff est ultra-précis. Rien n’est laissé au hasard. Côté Toulon, on retrouve Franck Azéma et Pierre Mignoni. Ce sont des coachs géniaux. Je m’attends à un match très physique, dense, mais spectaculaire.
Vous avez connu Azéma à Perpignan et Mignoni à Toulon. Quelles sont leurs qualités?
Je trouve ça surprenant que tout le monde se demande “qui sera le boss?”. Car connaissant les deux, ce sont des entraîneurs qui donnent énormément au quotidien, et je pense qu’ils vont se compléter, avoir une double analyse et un message commun. Partager les responsabilités permet d’avoir deux fois plus d’idées. Ils ne vont pas travailler en dualité, mais en synergie. Ce sont deux hommes entiers, intelligents, compétents et qui rassemblent. C’est une chance énorme pour Toulon.
À quels points ont-ils participé à faire le joueur que vous êtes devenu dans votre carrière?
Avoir des coachs qui croient en toi, te mettent dans les conditions optimales, te permettent de t’épanouir et te donnent envie de te lever le matin, c’est d’une richesse incroyable…
Vous dites être marqué par les deux clubs. Vous aviez rejoint Toulouse à 15 ans, en provenance d’Épinal. Comment?
J’ai démarré le rugby grâce à mon papa à 3 ans et demi et je rêvais de faire du haut niveau. Puis arrivé à 15 ans, on m’a parlé des sports études. Alors j’ai regardé la carte, et je me suis dit que ce serait chouette de viser le plus haut possible: Toulouse. J’ai pris contact avec le lycée, j’ai passé des tests et par chance, le jour des tests, il y avait des recruteurs du Stade toulousain qui m’ont proposé de rentrer au Stade. Et j’ai rapidement trouvé ma place.
Au point de faire vos débuts en pro en 2005, à 20 ans…
Deux ans après mon arrivée au Stade, Guy Novès avait demandé si des jeunes semblaient prêts, et mes coachs avaient envoyé plusieurs jeunes, dont Max Médard et moi. Et j’ai fait mes débuts entouré de Yann Delaigue et d’Émile Ntamack. C’était grandiose. Inconcevable alors que deux ans avant j’étais troisième ligne dans les Vosges (rires). J’aimais le jeu, le fait de décider, d’attaquer, de créer et d’être libre. J’étais moins rapide qu’un ailier, moins puissant qu’un mec de 130kg, mais j’ai toujours réussi à compenser par le rugby, l’anticipation, la lecture.
Pourquoi, finalement, partez-vous en 2008?
En 2007-2008, je démarre titulaire au côté de Yannick Jauzion. Mais arrivé en octobre, on me dit: “on est content de toi, mais il faut relancer des joueurs”. Ce n’était pas ma vision de l’équité, de la justice. Et quand Jacques Brunel m’a appelé pour Perpignan, j’ai décidé de relancer ma carrière. J’ai alors vécu une aventure sensationnelle.
Une aventure qui vous mène au Brennus (2009), en finale de Coupe du monde (2011) mais vous quittez Perpignan pour Toulon en 2012. Pourquoi?
À Perpignan, sportivement et humainement, c’était magique. Mais chaque année on perdait du monde et on ne comprenait plus réellement où allait le club. Et il y a eu un déclic: quand on revient de la Coupe du monde avec Guilhem (Guirado), David (Marty) et Nico (Mas) en 2011, le club était avant-dernier… Selon moi, il y a deux raisons pour quitter un club: soit tu n’as plus ta place, soit le club n’est plus aligné sur tes objectifs. C’était le cas à Perpignan. Donc j’ai choisi de partir, préférant anticiper que subir les choses. Et là, Bernard Laporte reprend le RCT.
Et donc?
Toulon était un club critiqué, et j’aimais cette idée d’être dos au mur, de déranger. Je voulais venir. Et un jour, Denis Charvet m’appelle et m’explique que Bernard lui a demandé de me contacter pour me proposer de rejoindre le Real Madrid du rugby.
Pourquoi Denis Charvet?
Probablement parce que c’était un ancien centre (rires). Ensuite, j’ai eu Bernard, Mourad et ça s’est fait. Il y avait Lyon et le Stade français, mais quand Toulon m’a proposé, ç’a été une évidence.
Et vous ne le savez pas encore, mais vous vous apprêtez à vivre des années incroyables…
Je joue, je kiffe, je progresse, on gagne des titres… Nous étions un ton au-dessus des autres équipes, et j’avais cette chance de jouer 90% du temps. J’ai pris de la maturité, Bernard me faisait confiance. C’était une époque géniale. Et c’est pour cela que j’ai gardé un lien fort avec ce club. Le RCT a une âme. Et j’ai souffert quand il était dans la difficulté ces dernières années.
Sur quoi avez-vous appris lors de ces cinq saisons?
Sur l’approche de la vie, la manière d’être. J’ai appris que ne pas tricher sur notre personne et être soi-même était la clé. Au RCT, il y avait de toutes les personnalités, toutes les cultures et tout le monde s’acceptait, jouait ensemble. C’était une colonie de vacances où, plus tu respectais ta personnalité, plus tu étais performant… Chaque mec avait réussi à rester le gamin qui jouait à l’école de rugby. Que certains soient champions du monde, internationaux… Les mecs aimaient juste vivre, rigoler et c’est ce qui donnait du sens à notre équipe. Et plus les joueurs étaient “grands”, plus ils étaient des mecs “normaux”.
Et finalement, après trois Coupes d’Europe et un Brennus, vous quittez le RCT pour Leicester en janvier 2017. Pourquoi?
C’était de l’anticipation. Bernard venait de partir, et d’un coup il n’y avait plus de berger dans la bergerie. J’ai vu les choses s’effriter et Mourad faire n’importe quoi. C’est un spécialiste et il est brillant dans beaucoup de choses, mais pas en rugby. Et à cette époque, les mecs qui avaient fait le club se voyaient montrer la sortie. Tout ce qu’on avait mis en place se dissipait. Moi, on me demandait de changer de profil, et je ne l’acceptais pas. Alors j’ai rejoint Leicester, en tant que joker de Manu Tuilagi. Ça me fermait les portes de l’équipe de France, mais j’avais choisi de m’épanouir. Je voulais retrouver de l’anonymat, et être jugé pour l’homme que j’étais. La lumière n’a jamais été mon moteur. Si je l’ai parfois eu, c’était pour mes performances sur le terrain. N’en déplaise à certains.
Deux ans en Angleterre, un retour à Toulouse et une fin de carrière à 33 ans, en 2020. Et désormais? Aimeriez-vous entraîner?
Évidemment. J’ai pu me rapprocher d’équipes, mais ça ne s’est pas fait… Je ne veux pas être considéré pour mon vécu, car ça n’apporte aucune garantie, mais pour ce que je peux mettre en place, mes idées. Et aujourd’hui, j’ai envie, et j’aimerais apporter à des clubs. Le rugby n’a jamais été un moyen, mais quelque chose de vital pour moi. Pas pour exister mais pour me réaliser. Alors certains clubs sont venus me chercher, mais c’était beaucoup pour se servir de mon image, ce qui ne m’intéressait pas. Moi, j’aimerais proposer mes services, mais dans l’ombre, pour faire progresser le club. Je veux aider, accompagner, là où il y a des besoins. Comme peut le faire un Fred Michalak au RCT.
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! 🙂
Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.
Et nous, on s’engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.