“Il y a des histoires dans chacune des équipes. Il faut toujours s’attendre à l’inattendu avec ce tournoi, c’est ce qui le rend si spécial depuis 140 ans et 2023 ne dérogera pas à la règle”, s’enthousiasme Benjamin Morel, le directeur général français du VI Nations, avant le lancement ce week-end.
Tenant du titre, le XV de France pourrait en cas de doublé asseoir sa suprématie sur le rugby mondial, à six mois de recevoir la Coupe du monde. Les Bleus ont terminé 2022 invaincus, affichent une série de 13 victoires consécutives. S’ils parviennent à réussir de nouveau le Grand Chelem, ils égaleraient face au pays de Galles le 18 mars prochain le record mondial de 18 victoires d’affilée, codétenu par la Nouvelle-Zélande et l’Angleterre. “On en rêve, on sait la difficulté que c’est déjà de remporter un tournoi, alors de le faire deux fois d’affilée…”, reconnaît le capitaine Antoine Dupont.
Si la tâche s’annonce ardue, c’est que personne n’a enchaîné deux Grand Chelems consécutifs depuis le passage à VI Nations en 2000. Et dans cette année impaire à trois déplacements, l’escouade de Fabien Galthié se rendra en Italie pour commencer dimanche, en Irlande ensuite pour une “finale” avant l’heure très attendue dès la deuxième journée, puis en Angleterre début mars.
Enfin, il y a quelques absents, blessés, à déplorer par rapport au groupe tricolore vainqueur l’an passé, notamment Mauvaka, Danty, Woki, et Villière. “2022 a été une année extraordinaire pour nous, mais on a identifié des points d’améliorations, des temps faibles pendant les derniers matches qu’on peut améliorer”, admet le sélectionneur Fabien Galthié. “On aborde ce nouveau toujours avec la même vision : partager un projet, rassembler, on a envie de continuer à développer cet amour du XV de France que l’on ressent”.
A l’Aviva Stadium de Dublin, le 11 février, c’est une étape de plus sur leur route vers les sommets que les Bleus devront franchir, face à la première nation mondiale. Le XV du Trèfle n’a perdu que deux fois l’année dernière : l’un de ses trois matchs d’une tournée estivale en Nouvelle-Zélande (pour 2 victoires face aux All Blacks), et contre les Bleus au Stade de France. L’Irlande a aussi battu l’Afrique du Sud championne du monde en titre début novembre. Et en plus de recevoir la France, elle recevra aussi l’Angleterre dans ce Six Nations 2023.
Mais pour le taquin capitaine irlandais Johnny Sexton : “On n’est certainement pas le favori de ce Tournoi. D’ailleurs je ne comprends pas comment on peut encore être numéro 1 mondial en ayant été battus par le deuxième. Ce classement est un peu étrange, mais bon… C’est bien la France le favori, ce sera l’équipe à battre.” Le message est clair côté irlandais : “Les Français sont certainement heureux d’être là où ils sont, et beaucoup aimerait être à leur place comme tenants du titre. Ils sont en feu”, ajoute le sélectionneur Andy Farrell. La pression, ils la laissent à la France.
Derrière, il y a l’excitation de voir deux nations ayant changé de sélectionneurs cet hiver s’avancer comme en outsiders. L’Angleterre d’abord, après sa calamiteuse année 2022 (7 défaites en 13 matchs), s’est séparée de son sélectionneur depuis 7 ans, Eddie Jones, remplacé par l’un de ses ex-adjoints Steve Borthwick. Ce dernier espère bousculer la hiérarchie et mieux figurer dans le tournoi que l’an passé (3e). “Nous avons une génération de jeunes incroyables, on a aussi des joueurs plus expérimentés, dont certains qui font leur retour en sélection (comme Dan Cole ou Anthony Watson)”, explique Borthwick.
“On doit gérer ce groupe en lui montrant notre plan de reconstruction. L’Angleterre n’a pas eu les résultats à sa hauteur, on veut réaliser des performances qui redonnent de la fierté à cette équipe, et figurer dans la première moitié du classement à la fin du tournoi”. Owen Farrell reste le capitaine anglais : “On commence une nouvelle histoire”, reconnaît l’ouvreur des Saracens. “Je m’attends à ce que ce soit le tournoi le plus serré, le plus relevé de l’histoire de cette compétition, et je suis excité de voir ce que notre équipe renouvelée peut y faire.”
De son côté, après les humiliations répétées de l’an passé (Italie, Samoa), 9 défaites en 12 matchs et une 5e place dans le tournoi, le pays de Galles fait du neuf avec du vieux. Warren Gatland revient comme le sauveur d’un Poireau qui s’est flétri pendant sa parenthèse dans son archipel natal, en Nouvelle-Zélande à la tête des Chiefs. Le choix de la sécurité pour la fédération galloise contrainte d’agir dans l’urgence : Gatland a gagné 4 tournois dont 3 Grand Chelems lors de son précédent mandat (2007-2019), et mené les Gallois deux fois en demi-finales d’un Mondial (2011 et 2019). “C’est un peu surréel, je ne m’attendais pas à ce retour”, concède le sélectionneur gallois.
“Mais le rugby international, l’adrénaline des grands matches m’ont manqué, donc quand l’opportunité s’est représentée, ça n’a pas été difficile d’accepter.” Quel objectif se fixe-t-il, avec le Mondial dans 6 mois ? “Je ne suis pas du genre à dire qu’on va gagner tout de suite le Six Nations, cela va être incroyablement difficile”, reconnait Gatland. “Il s’agit surtout de regagner du respect dans un premier temps, reconstruire dans l’idée d’arriver en France à la fin de l’année en ayant retrouvé notre consistance avant tout.” A voir si la recette du magicien néo-zélandais fonctionne toujours en 2023…
Le dernier titre écossais dans le tournoi remonte au siècle dernier, en 1999 quand on parlait encore de V Nations. L’an passé, le XV du Chardon a fini le tournoi à la même hauteur que l’Angleterre, et s’est d’ailleurs habitué à faire plier la Rose, en 2022 comme en 2021. L’équipe de Gregor Townsend débute d’ailleurs ce week-end par un déplacement à Twickenham qui donnera le ton, de part et d’autre. Quant à l’Italie, la victoire à Cardiff en 2022 avait été l’aube de belles promesses, en partie confirmées cet automne face à l’Australie. Ange Capuozzo, le plus Français des Italiens, arrière natif de Grenoble et joueur du Stade Toulousain, avait marqué le tournoi l’an passé par son essai sensationnel face aux Gallois. Il peut être cette année encore l’incarnation de cette nouvelle génération italienne qui rêve de bousculer les plus grands.
Pour pimenter le tout, un Tournoi des VI Nations une année de Coupe du monde a toujours une place à part, sans que l’un ne fasse de l’ombre à l’autre. “J’imagine que le gagnant dira que c’est de bonne augure pour la fin de l’année, et ceux qui auront moins de réussite diront que la Coupe du Monde arrive et qu’ils se prépareront mieux en conséquence”, sourit Benjamin Morel, le patron du Six Nations. Depuis 1987, il n’y a que 3 vainqueurs du tournoi (1999, 2011 et 2015) en début d’année qui n’ont pas atteint le dernier carré mondial à l’automne. La France en 1987 et l’Angleterre en 1991 avait même été finaliste après leur succès au V Nations, à l’époque. Mais le XV de la Rose reste le seul dans l’histoire à avoir réaliser le doublé Tournoi-Coupe du Monde la même année, en 2003.
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