L’Ecosse arrive dans le Tournoi avec de nombreuses interrogations, mais aussi une Tournée d’automne qui lui a donné quelques espoirs.
L’âge d’or du rugby écossais est bien derrière lui. Cela fait un long moment que la sélection n’a pas remporté le Tournoi (1999). Depuis sa 3ème place en 2018, le XV du Chardon stagne, il se bat avec l’Italie et termine souvent 4ème.
Depuis 1945, l’Ecosse a remporté le Tournoi cinq fois (en 1964 conjointement avec le Pays de Galles, en 1984, en 1986 conjointement avec la France, en 1990 et en 1999) dont deux Grands Chelems en 1984 et 1990, son deuxième et troisième après celui de 1925 (avant 1945, l’Ecosse a remporté le Tournoi à sept reprises dont un Grand Chelem donc en 1925). En 1999, elle a gagné la dernière édition à cinq nations. Depuis les années 2000, avec la formule à six équipes, les Ecossais ont du mal à exister face aux grosses nations sur la durée du Tournoi :
« Le plus gros problème écossais est la régularité. Ils peuvent battre l’Angleterre puis la semaine d’après perdre contre une équipe moins forte. Or l’équipe qui gagne le Tournoi n’est pas forcément la plus spectaculaire, mais c’est la plus régulière, parfois il faut privilégier le résultat » explique Will Owen, journaliste à Rugbypass+.
Même si elle n’a plus goûté aux joies de la 1ère place depuis 1999, chaque année, à l’aube du Tournoi, elle tente de se donner des raisons d’espérer. L’une d’elles est qu’il est toujours compliqué d’aller jouer là-bas, la France en a fait l’amère expérience en 2020 notamment, une défaite en Ecosse l’a privée du Grand Chelem. L’ambiance est chaude, les supporteurs mettent une énorme pression sur les adversaires et boostent leurs protégés.
Si les Ecossais sont accrocheurs surtout à domicile, ils sont trop souvent victimes de leur indiscipline. Ils n’arrivent pas à serrer le jeu quand cela est nécessaire. Malgré la présence de joueurs expérimentés, paradoxalement ils manquent d’expérience dans les moments importants.
Les joueurs du XV du Chardon sont souvent pris au piège du hors-jeu et donnent trop de munitions à leurs adversaires. Sur la dernière Tournée d’automne, comme c’est trop souvent le cas, ils ont alterné le bon et le moins bon. Ils ont perdu d’un point face à une pâle équipe australienne (16-15), ils ont connu des difficultés pour venir à bout des Fidji (2812) mais, dans le même temps, ils ont failli battre la Nouvelle-Zélande, une performance qu’ils n’ont jamais réalisée dans leur histoire.
Ils ont remonté un retard de 14 points grâce à un jeu spectaculaire, mais ils se sont finalement inclinés (23-31) et ils ont fini en fanfare face à l’Argentine (52-29) : « Tout nous a réussi sur ce match. On a pu mettre notre jeu en place et quand on est dans cet état d’esprit on peut battre les meilleures nations » concédait le sélectionneur Greg Townsend.
Cette Tournée et ces matches face aux Blacks et aux Argentins leur ont montré qu’ils pouvaient gêner les meilleurs, les faire déjouer, mais ils ne parviennent pas à être réguliers sur l’ensemble d’une rencontre. Face à la France, à l’Irlande et à l’Italie lors du dernier Tournoi, ils payent leur manque de discipline et leur irrégularité.
Au fil des saisons, ils se sont même fait rattraper par l’Italie qui a longtemps été loin derrière les cinq autres nations. Dans leur match à distance avec l’Italie, les Italiens progressent bien plus qu’eux et cette année le calendrier ne leur est pas vraiment favorable puisqu’ils devront négocier un premier déplacement compliqué en Angleterre.
Ce sera un remake de l’ouverture du Tournoi 2022 lorsqu’ils s’étaient imposés face aux Anglais un peu à la surprise générale dans le plus pur style écossais : c’est quand on ne les attend pas qu’ils performent. Greg Townsend sera très attendu sur ce Tournoi car cet automne il a pris une décision forte en se privant de Finn Russell.
Un peu à l’image de sa sélection, l’ouvreur du Racing 92 peut être frustrant, mais quand il évolue à son meilleur niveau il est l’un des meilleurs joueurs du monde. Le sélectionneur a pris Blair Kinghorn, Adam Hastings et Ross Thompson, mais sa décision a beaucoup fait parler au pays, Will Owen peut en témoigner :
« Je pense que Gregor Townsend a voulu mettre un peu de pression sur Russell en testant aussi d’autres options en vue du Mondial. Leur relation n’a pas toujours été parfaite, mais je ne peux pas croire que le sélectionneur pense que Finn ne fait pas partie des trois meilleurs ouvreurs écossais à l’heure actuelle. Il peut avoir une baisse de forme mais, au top, il est l’un des meilleurs 10 en Europe. »
Pour le Tournoi, le sélectionneur écossais pourra difficilement se passer de Russell qui est l’ouvreur parfait dans le schéma de jeu qu’il privilégie, à savoir un jeu de mouvement, avec un 10 qui distribue des caviars à ses arrières dont Darcy Graham qui s’est illustré face aux Blacks avec un essai de 50 mètres.
Si l’Ecosse essaie d’oublier le jeu restrictif qui a longtemps fait sa force, elle possède toujours un pack solide où Pierre Schoeman, le pilier d’origine sud-africaine s’impose progressivement comme un joueur important, il est en concurrence avec Rory Sutherland l’un des meilleurs piliers au monde qui, de par sa mobilité et ses courses fait penser à Cyril Baille.
La grande force écossaise reste donc son pack, le poste de pilier est bien fourni tout comme la 2ème ligne avec l’inusable Jonny Gray ou la 3ème ligne avec Jamie Ritchie, promu capitaine sur la Tournée d’automne au détriment de Stuart Hogg. C’est un pack qui est lourd en termes de poids, mais aussi très mobile.
C’est l’un des meilleurs du Tournoi, mais qui sera privé de l’une de ses pierres angulaires avec le forfait d’Hamish Watson. Victime d’une commotion face aux Blacks et de plusieurs K-O. par le passé, aucun risque ne sera pris le concernant même si le joueur se sent bien et semble avoir bien récupéré. Avec les déplacements en Angleterre et en France entrecoupés de la réception du Pays de Galles, les Ecossais seront rapidement fixés sur leur potentiel, mais ils auront du mal à faire mieux qu’une 4ème place.
2022 : 4ème (2 victoires, 3 défaites)
2021 : 4ème (3 victoires, 2 défaites)
2020 : 4ème (3 victoires, 2 défaites)
2019 : 5ème (1 victoire, 1 nul, 3 défaites)
2018 : 3ème (3 victoires, 2 défaites)
2017 : 4ème (3 victoires, 2 défaites)
2016 : 4ème (2 victoires, 3 défaites)
2015 : 6ème (5 défaites)
2014 : 5ème (1 victoire, 4 défaites)
2013 : 3ème (2 victoires, 3 défaites)
Les Ecossais s’appuient toujours sur leurs forces vives comme Jonny Gray ou Jamie Ritchie. Ce sont des joueurs très réguliers.
L’Ecosse doit s’appuyer sur son match face à la Nouvelle-Zélande cet automne. Elle a fait preuve de courage en ne baissant pas les bras quand elle était largement menée.
Son public est toujours précieux. Il est très fidèle même quand les résultats ne sont pas là il pousse son équipe.
La sélection écossaise peut faire des exploits, mais elle est trop irrégulière pour viser un bon classement dans le Tournoi. L’absence d’Hamish Watson sera un gros coup dur. Le 3ème ligne d’Edimbourg est l’un des joueurs les plus importants du pack. Le sélectionneur ne ménage pas des joueurs emblématiques comme Stuart Hogg ou Finn Russell. Il a enlevé le brassard au premier et n’a pas sélectionné le second au début de la tournée d’automne, cela pourrait créer des tensions au sein du groupe.



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