Tous ses prédécesseurs avaient refusé jusque-là. Pas Bernard Goutta : « On n’a rien à cacher ». Le manager agenais a ainsi permis à « Sud Ouest » de suivre de l’intérieur toute la préparation du match de jeudi soir à Carcassonne, soldée par une courte défaite (21-20) au goût très amer. Une journée au cœur des bleus et blancs rythmée par les repas, une organisation militaire et une routine bien rodée où rien n’est laissé au hasard.
8 h 30. Alors que la brume recouvre encore la plaine d’Armandie, les joueurs arrivent au compte-gouttes pour leur petit-déjeuner servi entre 8 et 9 heures en libre-service sous le chapiteau de l’ancienne salle de musculation reconvertie en réfectoire. Les blessés et hors groupe partagent café, jambon, fruits et laitages avec eux. Les coachs sont déjà au travail sur leurs ordinateurs dans leurs bureaux. « Ici, c’est la Nasa. »
Tous ses prédécesseurs avaient refusé jusque-là. Pas Bernard Goutta : « On n’a rien à cacher ». Le manager agenais a ainsi permis à « Sud Ouest » de suivre de l’intérieur toute la préparation du match de jeudi soir à Carcassonne, soldée par une courte défaite (21-20) au goût très amer. Une journée au cœur des bleus et blancs rythmée par les repas, une organisation militaire et une routine bien rodée où rien n’est laissé au hasard.
8 h 30. Alors que la brume recouvre encore la plaine d’Armandie, les joueurs arrivent au compte-gouttes pour leur petit-déjeuner servi entre 8 et 9 heures en libre-service sous le chapiteau de l’ancienne salle de musculation reconvertie en réfectoire. Les blessés et hors groupe partagent café, jambon, fruits et laitages avec eux. Les coachs sont déjà au travail sur leurs ordinateurs dans leurs bureaux. « Ici, c’est la Nasa. »
9 h 12. Les joueurs retrouvent leur manager Bernard Goutta dans la salle vidéo, bloc-notes à la main. « Combien ont été voir le mapping de Carcassonne ? », interroge le manager avec un ton professoral. Pour les sept qui ont fait l’impasse, il demande à l’analyste vidéo Elliot Corcoran de repasser les images. « Arnaud (Duputs), c’est quoi la caractéristique de cette équipe ? Malik (Hamadache), la conquête, c’est comment ? Antoine (Erbani), quelque chose à dire sur la touche ? »
10 h 00. Après une application de la séance vidéo en marchant durant un gros quart d’heure sur le terrain synthétique, les 28 joueurs prennent place dans le bus. Les plus « anciens » trustent les places du fond pour jouer à la coinche, les jeunes écoutent de la musique ou regardent des séries sur leurs portables. Le manager Bernard Goutta a la première place près du chauffeur, devant ses deux entraîneurs. Deux préparateurs physiques, deux kinés, l’analyste vidéo et un médecin sont aussi du voyage. L’intendant Clément Bougier suit avec un camion rempli de matériel jusqu’à la gueule.
12 h 32. Après 207 km d’autoroute, le bus se gare devant l’Hôtel Mercure La Cité de Carcassonne, un 4 étoiles où le SUA a ses habitudes. Bernard Goutta demande au chauffeur d’aller repérer le trajet jusqu’au stade Albert-Domec situé à 6 minutes. Pendant ce temps, les joueurs prennent possession de leurs chambres.
13 h 00. Barrington et Maksymiw sont les derniers à rejoindre la salle privative pour le repas où les joueurs sont répartis sur trois grandes tables rondes, celle des « anciens », celle des Anglo-Saxons, et celle des jeunes qui est la plus éloignée du buffet. Le staff est à part. Au menu : potage fait maison, poulet avec pâtes, riz, carottes ou pommes de terre, yaourts, fruits au sirop ou compote. Le repas vite avalé, seuls les jeunes traînent à table avant d’aller à la sieste.
14 h 22. Pendant la sieste des joueurs, l’intendant Clément Bougier file au stade Albert-Domec préparer et décorer les vestiaires. « J’ai deux heures de travail. » Après avoir déposé les licences, packs d’eau, boissons énergisantes, fruits secs sur une table et Malabars, il accroche sur les casiers les portraits des joueurs du n°1 au 28e homme (en rajoutant des chaises pour les hors groupe) et dépose en dessous le contenu d’une poche numérotée : maillot d’échauffement, celui de match (6XL pour Hamadache), chasuble pour les remplaçants, short, chaussettes et serviette.
16 h 34. Après avoir visionné les images en boucle sur son ordinateur tout l’après-midi, l’entraîneur des avants Dave Ryan a une séance vidéo spécifique avec ses « gros » : « Il faut retrouver le respect et montrer qui on est. » Bernard Goutta embraye : « Je veux qu’on retrouve notre grinta. »
16 h 53. Il est temps de chausser les baskets pour un réveil musculaire en trois ateliers sur le parking de l’hôtel. Pendant que des ouvriers décorent l’entrée pour Noël, le préparateur physique Ludovic Loustau se charge d’un « déverrouillage », son alter ego Anthony Rey organise un jeu d’adresse avec des balles de tennis et l’entraîneur des trois-quarts Manny Edmonds supervise une sorte de « toro » façon footballeurs pour la rapidité. Captain’ Lagarde prend le relais pour répéter les lancements de jeu et les sorties de camp, avant une séance de touches dirigée par Erbani. « Vous voulez revoir un autre truc les gars ? »
17 h 32. Après quelques mots de leur capitaine en cercle sur le parking, les joueurs filent directement à la collation. Jambon blanc, spaghettis, riz, pancakes, pain d’épices, fruits secs et jus d’orange sont engloutis dans un silence pesant. Les joueurs chuchotent pour se parler. Comme depuis le petit-déjeuner, l’ambiance est à la concentration. À la table du staff, le manager Bernard Goutta mange un yaourt les yeux dans le vague. En pensant déjà à sa causerie ?
17 h 52. La collation à peine terminée, les kinés dégainent les tables de massage. Olmstead (les deux chevilles et l’épaule droite) et Lokotui (cheville gauche et épaule droite) sont les premiers à passer entre leurs mains pour se faire strapper. Neuf joueurs au total sont programmés dans un ordre bien défini. « Les autres se feront les petits bandages aux vestiaires. » C’est à ce moment-là que le président Fonteneau rejoint l’équipe.
18 h 55. Bernard Goutta fait les 100 pas en attendant la causerie préparée sur un paperboard. « Vous voulez quelle couleur de marqueur ? » « Rouge, comme le sang ! » Le ton est donné. Dix minutes plus tard, la porte se referme derrière le centre Théo Belan. Seul le président Fonteneau a été invité à partager ce briefing. 19 h 16, les visages ont changé au moment de monter dans le bus pour rejoindre le stade.
19 h 35. Musique dans les écouteurs vissés aux oreilles, les joueurs sont dans leur bulle au moment de repérer l’état du bourbier d’Albert-Domec. Ils n’entendent pas la banda qui accueille le public. Tout juste remarquent-ils la poignée de supporters qui les encouragent déjà en tribune. C’est le début d’une routine immuable et parfaitement minutée ou chacun se prépare individuellement dans un premier temps.
20 h 00. Alors que le manager et son président échangent dans une pièce à part, le capitaine Lagarde est coupé dans son début d’échauffement : c’est l’heure du toss. La pièce sourit à l’Agenais qui choisit le coup d’envoi pour mettre la pression d’entrée. Les arbitres filent ensuite dans le vestiaire du SUA pour donner leurs consignes aux avants. Sur la pelouse, chacun a sa routine, pendant que Ludovic Loustau fait suer les joueurs hors groupe.
20 h 33. Après un bref retour de tout le monde aux vestiaires, que certains comme Hamadache n’ont pas quittés pour se chauffer, les joueurs ont défilé aux toilettes avant de ressortir pour l’échauffement collectif. La pression est montée d’un cran. Une odeur de camphre a envahi le couloir.
20 h 52. De retour aux vestiaires, les joueurs enfilent leurs maillots de match et gobent une boisson énergisante. « Six minutes ! », prévient l’arbitre. Des accolades, le groupe se resserre autour de son capitaine. Bernard Goutta remonte ses troupes avec des mots choisis. Erbani et Duputs donnent de la voix à leur tour : « Terminé de parler, on a parlé toute la semaine, on sait très bien ce qu’on a à faire. » Les Agenais sont prêts à livrer bataille.
22 h 47. Battus d’un petit point (21-20), les Agenais sont réunis en cercle sur la pelouse d’Albert-Domec pour écouter les mots de leur capitaine. Ils vont ensuite saluer leurs supporters avant de regagner les vestiaires têtes basses. Passage par la conférence de presse pour le manager, Lagarde et Garrigues, douches pour tout le monde, et il est temps de reprendre la route. Erbani est le premier à remonter dans le bus. Le retour à Agen se fait aux environs de 2 h 30 du matin. Après une journée interminable, les joueurs avaient rendez-vous dès 10 h 45 ce vendredi matin à Armandie.