Remporter deux matches de rugby face à l’Angleterre en une semaine. Ce qui s’apparente à un doux rêve d’enfant pour certains est devenu une folle réalité pour l’équipe de France féminine des -20 ans. Le 26 mars dernier, les Tricolores se sont offert un succès autoritaire face à leurs voisines d‘outre-Manche devant plus de 1 000 spectateurs à Evreux (35-14).
Plus impressionnant encore, les Bleuettes ont réédité l’exploit quelques jours plus tard, mais cette fois au beau milieu de la campagne anglaise et dans des conditions météorologiques dantesques (32-27). Un doublé qui ne doit rien au hasard tant cette nouvelle génération de joueuses est pleine de promesses.
Au sein de cette équipe, un club français se distingue tout particulièrement : le Stade Rennais Rugby. Plus gros pourvoyeur de joueuses sur ce rassemblement, le club de rugby breton a réussi le tour de force d’envoyer cinq représentantes chez les Bleues et aurait même pu faire encore mieux sans le forfait de dernière minute de la pilier Manuïa Mufana. Pour la double confrontation face à l’Angleterre, c’est donc Elisa Riffoneau, Margaux Duces, Margaux Dufros, Marisol Le Brun et Lucile Contal qui ont représenté le club.
Lors de ce rassemblement, les Rennaises se sont particulièrement distinguées. Elisa Riffoneau qui faisait ses premiers pas au poste de talonneuse a marqué dans les deux rencontres face aux Anglaises. Joueuse à fort potentiel, elle est déjà scrutée de près par le staff du XV de France. Margaux Duces, la demi de mêlée du Stade Rennais Rugby, a démarré titulaire lors du premier match, ce qui lui a permis de grapiller encore un peu plus d’expérience à son poste. Margaux Dufros, la « leader de vie » comme s’amuse à la qualifier la manager de l’équipe de France a montré que ses qualités de vitesse s’exportaient aussi parfaitement sous le maillot bleu. Enfin, Lucile Contal et Marisol Le Brun ont aussi marqué des points importants en vue des prochains rendez-vous internationaux.
Comment expliquer la présence d’une telle délégation bretonne sous les couleurs de l’équipe de France ? Principalement par le temps de jeu conséquent dont les jeunes joueuses du Stade Rennais Rugby ont pu bénéficier cette saison. « Notre équipe doit avoir autour de 21 ans de moyenne d’âge, c’est très très jeune », explique Margaux Duces, le métronome de cette équipe. Une prime à la jeunesse qui représente parfaitement le crédo du Stade Rennais Rugby, mais qui a parfois pu lui jouer des tours au cours d’une saison compliquée sur le plan sportif.
« Malgré les difficultés et les défaites qui ont été dures à vivre, on a toujours su rester soudés », précise Margaux Dufros. « On est toutes copines et on n’a jamais rien lâché, c’est notre plus grande force ». Sur le terrain, le club breton a failli payer cash le manque d’expérience de son effectif, mais a finalement réussi à sauver sa place en première division in extremis à la dernière journée. Pour les filles de la génération 2003, les minutes engrangées au plus haut niveau ont en tout cas été particulièrement précieuses.
Si le Stade Rennais peut s’offrir le luxe de piocher parmi un tel réservoir de jeunes joueuses de talent, c’est déjà parce qu’historiquement, la ville est une place forte de la formation du rugby féminin. Jusqu‘à 2019 et la réforme nationale des académies, Rennes hébergeait l’un des trois seuls centres de formation pour le rugby féminin sur tout le territoire avec Toulouse et Lille. Aujourd’hui, si ces institutions se sont démocratisées partout en France, le travail effectué par le passé à Rennes porte ses fruits puisque son académie fédérale présente l’un des plus gros contingents de jeunes.
« Les académies sont mixtes désormais, mais dans certaines il y a trop peu de filles pour pouvoir s’entraîner correctement », confie Caroline Suné la coach de l’équipe U20. « À Rennes, elles sont beaucoup de joueuses, ça leur permet de bien travailler et ça crée une bonne émulation. Ça les tirent vers le haut ».
Pour encadrer ses talents, le Stade Rennais Rugby peut également compter sur un encadrement et un staff de très grande qualité. La présidente Anne-Sophie Demoulin est une ancienne joueuse qui connaît parfaitement le club pour y avoir passé plus de 20 ans. « Il faut reconnaître que le boulot est très bien fait au Stade Rennais », abonde Caroline Suné, la manager de l’équipe de France -20 ans. « Là-bas, tout est bien mis en place pour emmener les joueuses au meilleur niveau ».

Aujourd’hui, le rugby féminin est à un tournant de son développement. Les compétitions sont de plus en plus médiatisées et l’impact sur la pratique est très flagrant. Avec 26 465 licenciées en 2022, la discipline a connu une augmentation de 22,12 % par rapport à l’année précédente. Et la relève est assurée puisque ce sont dans les catégories les plus jeunes que les inscriptions se font les plus fréquentes. « Sur les licenciés, de manière générale, on commence à dépasser tout le monde », explique Caroline Suné. « Il y a eu un gros boom cette année, mais il ne faut pas que ça s’arrête là. Il faut qu’on continue à travailler dans ce sens. La France est en train de devenir une grande puissance mondiale du rugby féminin ». Et si Rennes en devenait la capitale ?

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