Lire le
journal
Lire le
journal
Se connecter
Leader indiscuté et véritable exemple au sein de l’effectif toulonnais, Brian Alainu’uese a honoré le tout premier capitanat de sa vie contre Pau. Un honneur, et plus encore…
Si on aime le décrire comme un taiseux avec son physique d’ours, on découvre, quand on discute avec Brian Alainu’uese, un personnage attachant. Et derrière son double mètre et ses 132kg, l’international samoan (28 ans, 2sélections) cache une personnalité et un caractère qui l’ont rendu indiscutable sur la rade. Dès lors, en l’absence des trois capitaines habituels (Ollivon, Serin, Parisse), c’est tout naturellement que le staff toulonnais a donné le brassard au “big man” de l’effectif face à Pau. Une décision qui a beaucoup touché ce véritable amoureux du RCT.
Cette équipe a du talent, mais on entend souvent qu’elle manque de leaders. Qu’en pensez-vous?
On ne peut pas forcer quelqu’un à prendre le leadership. En revanche, on doit s’assurer que chaque joueur, quelles que soient ses qualités, donne 100% de ce qu’il a à donner pour l’équipe, et qu’il soit investi dans ses responsabilités.
Il n’y a qu’ainsi qu’on progressera en équipe.
Qu’est-ce que votre définition d’un leader?
Un leader, selon moi, est quelqu’un qui rassure ses coéquipiers. Il faut que les mecs se sentent fiers et en sécurité à l’idée de jouer à ses côtés. En revanche, il n’y a pas qu’un seul profil de leaders: il y a ceux qui excellent dans les prises de parole et ceux qui montrent l’exemple. L’objectif d’un leader est de faire que chaque mec de l’équipe aille chercher au plus profond de sa personnalité ce qu’il peut apporter au reste du groupe.
Dès lors, et même s’il faut le mettre en relief avec les absences d’Ollivon, Parisse et Serin, vous avez été désigné capitaine face à Pau. Comment l’avez-vous appris?
Pierre [Mignoni] et Franck [Azéma] m’ont expliqué dès le début de semaine qu’ils pensaient à moi. J’ai alors accepté, et simplement répondu “ok, pas de problème. Je vais faire de mon mieux, tant que c’est pour aider l’équipe”. Puis ils l’ont annoncé au groupe. Toulon est un club immense, et je me sens privilégié… J’étais un peu surpris, car je ne suis pas forcément compétent pour faire de longs discours (rires).
Avez-vous compris leur décision?
Pour dire vrai, sachant que Benoît [Paillaugue], Antho [trillard], Swan [Rebbadj], ou encore Facu [Isa] étaient là, ça m’a surpris…
Après la rencontre, Pierre Mignoni a expliqué que c’était notamment parce que vous étiez dans l’esprit de ce que cherche le staff: gros travailleur, humble, discret, sincère… Est-ce que ça vous touche qu’on puisse percevoir ces qualités chez vous?
Je suis ému d’entendre que des coachs de cette envergure puissent penser cela de moi… C’est ce que j’essaye d’être en tout cas. J’ai toujours préféré montrer et me concentrer sur mes responsabilités plutôt que de parler.
Aviez-vous déjà été capitaine dans votre vie?
Dans le groupe de leaders oui, mais capitaine, c’était la première fois…
Quid de votre relation à l’arbitre, sachant que vous ne parlez pas encore couramment français?
Je comprends les expressions et le “langage rugby” en français, donc c’était ok. Et quand j’avais des questions, Swan était à mes côtés en première période. Ensuite, Benoît, Gabin [Villière] et Basta n’étaient jamais très loin. Puis finalement, je n’ai pas vraiment discuté, hormis pour demander les trois points ou la touche (rires).
Vous expliquez ne pas être un grand “causant”. Vous êtes-vous obligé à parler un peu plus dans la semaine?
Non, il fallait justement que je reste le même personnage dans le groupe. Je ne devais pas me forcer à prendre la parole. J’ai donc fait mon job, travaillé dur et je me suis appuyé sur les autres leaders.
Quid du discours d’avant match? Aviez-vous préparé quelques mots?
Non, j’ai seulement tenté de dire ce que j’avais sur le cœur. Je savais que j’allais devoir prendre la parole lors de l’entraînement de la veille, puis avant la rencontre, mais je ne me suis pas mis de pression. J’ai laissé le moment venir et mon instinct faire, afin de ne pas me polluer l’esprit.
Capitaine, donc, pour votre 102e match avec Toulon. Quelle relation entretenez-vous avec le RCT?
Vous ne pouvez même pas imaginer. En Nouvelle-Zélande, les fans de rugby ne parlent que de Toulon. On sait qui y a joué, quels titres ont été remportés. Et venir au RCT était presque impensable pour le passionné de rugby que j’étais. Alors forcément, je n’ai jamais pris le fait de jouer pour le RCT comme acquis. Je sais que l’institution est supérieure à tout. J’aime ce club, qui sera probablement celui dans lequel j’aurais le plus joué à la fin de ma carrière. Et croyez-moi, ne pas voir le RCT à la place qui devrait être la sienne me touche beaucoup.
Vous semblez l’un des joueurs les plus sous côtés du Top 14. Est-ce frustrant?
Je n’ai jamais cherché la lumière, ni ne me suis intéressé à ce qui pouvait se dire en dehors du terrain. Je m’en moque même. Ce qui compte, c’est ma famille, et le rugby. Le reste…
Cet état d’esprit vous a permis de découvrir le rugby international cet automne. Était-ce un objectif pour vous?
J’ai toujours rêvé de porter ce maillot samoan. Plus jeune, je regardais les frères Tuilagi renverser tout le monde avec mon papa. Je sais que c’était spécial pour lui, donc ça l’était pour moi… Il nous a quittés depuis, alors le jour où le sélectionneur m’a appelé, j’étais tellement fier… Avoir la chance de représenter cette petite île…
Le petit Brian qui est né à Invercargill (sud de la Nouvelle-Zélande), puis a grandi à Auckland imaginait-il mener cette vie ovale?
Quand j’étais enfant, j’étais dans une école privée, au sein de laquelle on pratiquait le “kilikiti”, le cricket samoan, et le volley. C’étaient les deux sports de ma vie d’enfant. En tout cas jusqu’au jour où j’ai rejoint le Wesley College d’Auckland, l’école où a notamment étudié Jonah Lomu. Et là, vers 12 ans, le rugby est entré dans ma vie. Ça a été un déclic. J’aimais le sentiment de solidarité qui se dégageait de ce sport.
Étiez-vous prédestiné?
Oh non! À cette époque, j’étais l’un des mecs les plus chétifs de l’école. Alors j’ai démarré à l’arrière (rires). Et le rugby est finalement devenu sérieux quand j’ai rejoint l’équipe première de l’école. J’ai compris qu’avec beaucoup de travail, je pourrais peut-être en vivre. Ensuite, j’ai rejoint Waikato, puis les Chiefs. Et enfin, Glasgow [en 2016].
Pourquoi rejoindre l’Ecosse, alors que vous étiez en train de vous imposer dans le pays du rugby?
C’est à cette époque que mon papa est décédé. J’ai beaucoup souffert, et j’avais besoin d’aller de l’avant… En ce sens, Glasgow était une belle opportunité pour moi, qui voulais aider ma famille.
Êtes-vous proches de vos frères et sœurs?
J’ai six grands frères, sept grandes sœurs et une petite sœur. Nous sommes très proches. D’ailleurs, j’avais des frangins vraiment talentueux au rugby. En tout cas bien plus que moi. Malheureusement, ils ont choisi “l’autre voie”. Comprenez qu’ils sont devenus des délinquants. Ils manquaient de discipline, et n’ont pas réussi dans le rugby. Vous savez, on vient d’un endroit où les choses ne sont pas toujours simples… Moi, plus jeune, je rêvais de devenir agent de police. Car ça m’aurait permis d’aider les enfants de mon quartier. Beaucoup font des conneries, comme l’ont fait mes frères, et j’aurais aimé apporter un cadre à ces personnes… Mais maintenant, je pense que ma famille est fière de moi.
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! 🙂
Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.
Et nous, on s’engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

source

Catégorisé:

Étiqueté dans :

, ,