Refaire vivre le sol de la forêt de Capbreton. C’est le projet ambitieux de Julie Bernier, 27 ans, installée depuis peu dans les Landes. L’influenceuse écologiste, forte de près de 10 000 abonnés sur Instagram et autrice de plusieurs ouvrages de conseils pour un mode de vie plus durable, aménage depuis la rentrée de septembre un « jardin-forêt éducatif et associatif » au beau milieu des pins de Capbreton.
Baptisés Jardins Kowhai, les lieux sont prévus pour accueillir du public afin de les former à la permaculture.
Baptisés Jardins Kowhai, les lieux sont prévus pour accueillir du public afin de les former à la permaculture.
Derrière ce terme pas forcément clair pour tout le monde, se cache un concept d’agriculture durable élaboré dès les années 1970 par le biologiste Bill Mollison, lauréat du « Prix Nobel alternatif ». L’Australien théorise la permaculture comme un mode de production en harmonie avec l’environnement naturel, afin de profiter de ses apports de façon durable et réduire l’utilisation de systèmes industriels.
« Ici, on met des choses en place pour que la nature puisse faire son travail et aère à nouveau les sols, entre autres, explique Julie Bernier. Le sol de cette forêt est très sableux et a été cultivé en monoculture de pins pendant très longtemps, il est donc presque mort. On va donc recréer de l’humus pour faire revenir les oiseaux, araignées et autres vers de terre. On offre le gîte et le couvert et la nature peut recommencer à faire son travail. »
Une publication partagée par Permaculture – Julie Bernier (@sorteztoutvert)
C’est en partie de ce principe de régénération des sols que lui est venue l’idée du nom des Jardins Kowhai. En maori, cher aux amateurs de rugby, ce terme, que l’on prononce « kofaille », désigne un arbre « pionnier » capteur d’azote qui permet donc de nourrir un sol particulièrement mauvais.
La jeune femme pratique la permaculture depuis cinq ans en entretenant des jardins que des particuliers lui mettent à disposition. Elle a notamment pu s’illustrer au Hangar Project, à Saint-Michel-Escalus, où elle a donné des cours pendant six mois, les mains dans la terre.
« Je donnais surtout des conseils derrière mon écran jusqu’alors, sourit-elle. L’expérience était différente, on se voyait tous les matins… On a dû planter 200 arbres fruitiers, des haies, un potager de 400 mètres de long, des serres… »
Un jardin-forêt qu’elle voudrait voir pousser sur sa parcelle capbretonnaise de 3 700 mètres carrés, acquise en 2021 pour 15 000 euros. Une aubaine, tant les prix de l’hectare dans les Landes atteignent les cimes des pins. « Après un an et demi de recherche, j’avais même considéré une zone entourée de monoculture de maïs ! » C’est dire.
Reste que même sans monoculture autour, sa petite parcelle semble bien loin de la forêt verdoyante. Alors pour tenter de donner corps à son projet, Julie Bernier et ses deux acolytes – une chocolatière et une journaliste de formation – ont lancé une cagnotte en ligne.
Avec des ambitions un peu élevées : le premier palier, fixé à 16 000 euros, devait permettre d’acquérir tous les matériaux et outils nécessaires, de la terre végétale aux grillages. Puis 23 000 pour le creusage d’une mare ; et 27 000 pour des panneaux solaires permettant l’autosuffisance énergétique du terrain.
Une publication partagée par Permaculture – Julie Bernier (@sorteztoutvert)
« On pensait qu’à nous trois et avec notre réseau, ça suffirait. Mais la cagnotte n’est comptabilisée qu’à partir de 60 % de la somme du premier palier. Et nous n’en sommes qu’à 50 % », se désole l’influenceuse. La plateforme Miimosa, qui héberge la cagnotte, a laissé un délai supplémentaire au projet. Reste dix jours pour réunir 1 000 euros qui permettraient à Julie Bernier d’encaisser les fonds et de définitivement lancer le projet.
En attendant, c’est la débrouille et l’entraide. L’association Des Mots et des graines les aide à trouver des subventions, le centre équestre d’Angresse leur fournit du crottin destiné à faire du fumier. La Communauté de communes Maremne Adour Côte sud leur a distillé des conseils sur les réglementations urbanistiques et environnementales.
L’objectif pour Julie est d’ouvrir son jardin dès le printemps prochain et de commencer les formations en septembre. Avec en vue, également, un accueil de scolaires ou autres publics. Pour l’heure, la jeune femme se la joue Numerobis, imaginant les plantations du palais promis à Cléopatre : « Là, ce sera le potager. Ici, les serres. À cet endroit il faut encore débroussailler mais ça devrait être des arbres fruitiers ! » On a hâte d’être au printemps.

source

Catégorisé:

Étiqueté dans :

,