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ENTRETIEN – Le président d’Ovale Ensemble est à la tête de l’opposition au clan Laporte. Il explique avec force au Figaro pourquoi il a démissionné. Et en appelle à la responsabilité des élus de l’ex-président de la Fédération pour obtenir des élections générales.
LE FIGARO. Pourquoi cette démission collective du Comité directeur des neuf élus de l’opposition?
Florian GRILL : Pour deux raisons très claires. La première, c’est qu’on ne pouvait pas accepter, pas cautionner que le référendum soit jeté là la poubelle. On donne la parole aux clubs, les résultats ne conviennent pas, alors on leur retire la parole. C’est un déni de démocratie. La seconde, c’est pour ne pas tomber dans le piège tendu, avec un président par intérim jusqu’à fin juin puis une élection du seul président. Avec la possibilité de se retrouver en cohabitation au moment de la Coupe du monde avec un président chargé d’inaugurer les chrysanthèmes et un comité directeur contre lui. C’est le schéma absurde dans lequel ils voulaient nous enfermer pour garder leur place. Je n’ai pas envie de cela pour le rugby français. Ça ne lui rendrait pas service.
Mais vous leur laissez les mains complètement libres en quittant le Comité directeur.
Non, pas du tout. Je suis président de la Ligue Ile-de-France. À ce titre, je suis invité au Comité directeur de la FFR. Je pourrai donc continuer à faire mes comptes rendus. De toute façon, avec 9 élus sur 40, nos voix ne comptaient pas. Ce qui importe, c’est de pouvoir continuer à entendre ce qu’il s’y passe. On ne disparaît pas du Comité directeur.
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Mais vous disparaissez du processus électoral puisque le président doit forcément être issu du Comité directeur…
Oui. Mais je ne vise pas la présidence. Je n’ai pas besoin de cela pour exister. Ils me disent très opportuniste et très ambitieux. Si je l’étais, je serais resté pour être président. Mais ce n’est pas cela qui m’intéresse. Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir les leviers pour mettre en place un programme, des idées. De changer des choses dans le rugby amateur qui souffre dans les villages et qui a besoin d’être soutenu. Ce qui n’est pas possible avec un Comité directeur opposé.
Pour vous, Laporte a démissionné, mais Laporte est toujours là via son équipe ?
Il était déjà en retrait. Il est définitivement plus là. Mais, au rugby, on gagne et on perd en équipe. En toute logique, il faut donc un nouveau président mais aussi une nouvelle équipe qui va avec. Et puis, il faut reconnaître que, sans Bernard Laporte, dont le charisme est évident, la plupart des membres du Comité directeur n’auraient pas été élus. Ça aurait donc été tout à leur honneur de ne pas le lâcher et de démissionner en même temps que lui. Mais ils sont dans leur tour d’ivoire. Ils n’ont pas compris qu’en défendant leurs intérêts particuliers, ils ne défendent pas l’intérêt général.
De quels leviers disposez-vous pour obtenir ces élections générales ?
Que le Comité directeur se réveille de ce cauchemar qu’ils nous font vivre en organisant des élections rapides, qui auraient lieu juste après le Tournoi des six nations. Il n’y a pas d’autres leviers… Je ne fais aucun deal, aucun accord de gouvernance, avec les élus de l’équipe Laporte.
Une pétition, voire une rébellion, des clubs amateurs pourrait être une autre voie ?
Rébellion non, ce n’est pas trop l’esprit du rugby. Une pétition pourquoi pas. Il y a de nombreux clubs qui sont en colère. Ce qui est très gênant, c’est de changer les règles du jeu en cours de match. Si, d’entrée, ils avaient opté pour cette solution de nommer un président par intérim, il n’y aurait rien eu à dire. Mais là, ils prennent l’option d’un référendum et, comme le résultat ne leur convient pas, ils décident de faire autrement. C’est choquant. Les clubs, qui se sont réunis pour prendre une décision, sont amers. Ils ont l’impression de s’être fait voler le résultat de ce référendum. 90% des clubs ont participé et 51%, en dépit de l’appareil FFR mis à contribution – y compris les coups de fil d’un président soi-disant en retrait -, ont voté contre. En 2020, quand j’ai été battu 51-49 par Laporte, avec un écart infime de treize clubs, j’ai reconnu l’élection, j’ai respecté la démocratie.
Mais si une majorité des clubs amateurs demandent la démission du comité directeur…
(Il interrompt) Non. Parce que les statuts sont très protecteurs pour la gouvernance en place. Pour obtenir une radiation du Comité directeur, il faut réunir trois critères. Le premier, qu’un tiers des clubs représentant un tiers des voix demande la convocation d’une Assemblée générale. C’est techniquement faisable. Deuxième critère, il faut que 51% des clubs y demandent la radiation du Comité directeur. C’est faisable aussi, on se sent capable de l’atteindre. Le troisième et dernier critère, il faut qu’il y ait 66% des clubs présents ou représentés physiquement. Mais les clubs ont autre chose à faire. Le Comité directeur sait très bien que c’est quasiment impossible. Ces clauses sont très protectrices pour éviter les risques d’instabilité.
Il y a aussi l’hypothèse de sept démissions dans le camp Laporte pour passer sous les vingt membres et provoquer des élections…
C’est la seule voie faisable en fait. Qu’il n’y ait plus que 19 membres au Comité directeur. Mais, pour cela, la condition est que les élus ouvrent les yeux, qu’ils comprennent qu’ils ne sont pas à la hauteur par leur attitude de blocage. Qu’ils ne rendent pas service au rugby français. Et qu’ils ne se rendent pas service à eux non plus. Car ça va leur être difficile de gérer la Fédération sans légitimité, dans cet entre-soi… Alors qu’ils remettent leurs mandats en jeu et que le meilleur gagne ! S’ils sont si fiers de leur bilan, qu’ils aillent le défendre devant les clubs. Peut-être qu’ils gagneront. On ne dit pas ”c’est sûr, Ovale Ensemble va l’emporter”. On veut simplement des élections générales pour que les gens puissent choisir un nouveau président et l’équipe qui va avec.
Quelle est la gravité de la situation selon vous ?
Les élus de l’équipe Laporte se sont mis à dos la Ligue Nationale de Rugby. Or les clubs professionnels sont quand même les employeurs de nos internationaux. Ils se sont également mis à dos l’État. Quand on prépare une Coupe du monde qui n’existerait pas sans l’État, qui a donné sa caution financière, qui va organiser toute la sécurité de l’événement. L’État qui paye une trentaine de cadres d’État à la FFR, qui a été là financièrement pendant la crise de la Covid. L’État qui est donc plus qu’un partenaire, qu’un élu fédéral se permette de dire que l’avis d’un ministre, on s’en moque… Politiquement, ce n’est pas malin, c’est une vraie faute. La FFR a besoin de travailler main dans la main avec l’État. Là, c’est un affront aux recommandations de la ministre. Ils plongent le rugby dans l’instabilité alors qu’il faut protéger la Coupe du monde.
La ministre partage votre position. Mais, concrètement, comment peut-elle peser ?
Elle ne peut pas. La ministre a été très claire. En tant que sparring-partner, elle a formulé vendredi au Comité directeur ce qui lui semblait raisonnable et respectueux du vote des clubs. Mais elle ne peut rien imposer. Ce sont les élus du Comité directeur, au regard d’un enjeu fondamental pour le rugby français, d’être conscients de leur responsabilité. Les hommes ne sont que de passage. Ils ne peuvent pas donner la priorité à leurs intérêts personnels sur l’intérêt supérieur du rugby. Du pays même. Car tous les feux médiatiques seront braqués sur notre pays pendant la Coupe du monde. On se doit d’être à la hauteur. Si ces élus demeurent totalement inflexibles, c’est d’une grande tristesse pour le rugby…
Les élus affichent une position dure. En appeler à leur sens des responsabilités, n’est-ce pas un vœu pieux ?
Peut-être, mais qu’est-ce que je peux faire d’autre ? On ne va pas prendre la Bastille. Donc, j’en appelle à la responsabilité rationnelle de chaque individu. Après… Est-ce que Patrick Buisson ou Alexandre Martinez, que j’estime rationnels, vont assumer derrière ? Et quelle est la véritable cohésion de cette équipe ? Car, en réalité, ce sont Serge Simon et Christian Dullin qui tirent les ficelles, aidés par Laurent Gabbanini. Ce qui me gêne encore plus, car le directeur général de la FFR, rémunéré à 100% par les clubs, devrait faire preuve, lui, d’une neutralité exemplaire. Il est choquant qu’il s’investisse autant…
Mais le risque est réel de devoir attendre 2024 pour que les clubs puissent enfin voter…
C’est un risque bien sûr. Mais ce qui me préoccupe à court terme, c’est comment sécurise-t-on la Coupe du monde avec des relations aussi heurtées avec l’État ? Comment sort-on de cette zone de turbulences dans laquelle l’équipe Laporte nous a tous projetés ? Il y a pourtant une solution simple : des élections dans les six semaines. Il suffit pour cela que le Comité directeur ouvre enfin les yeux et laisse les clubs trancher.
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Le président de la FFR a présenté sa démission au comité directeur ce vendredi matin.
Les neuf membres de l’opposition Ovale Ensemble réclamaient la démission du Comité directeur dans son ensemble pour procéder à de nouvelles élections rapidement. Leur chef de fil, Florian Grill dénonce un «diktat».
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Florian Grill : «Que le Comité directeur de la FFR se réveille du cauchemar qu’ils font vivre au rugby français…»
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