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Le Springbok Trevor Nyakane est un personnage surprenant. Nous l’avons rencontré, mardi dernier…
Le Racing, battu deux fois en autant de matchs, reçoit les Harlequins dimanche après-midi. Croyez-vous encore à la qualification en Champions Cup ?
On va en tout cas jouer notre dernière chance à fond. Il faut y croire !

Vous êtes arrivé en France il y a environ un an. Comment vous êtes-vous adapté au rugby local ?
Ici, tout est complètement différent par rapport à l’hémisphère Sud : la façon dont on approche le jeu, la façon dont on se prépare… Il m’a fallu du temps pour prendre mes marques et au début, je ne vous cache pas que ce fut très dur, pour moi. Je dois évidemment être encore meilleur mais j’ai de plus en plus de temps de jeu avec l’équipe et de semaine en semaine, je me sens mieux.

Le combat en mêlée est-il différent par rapport au Super Rugby ?
Oui. J’ai l’impression qu’avec les terrains lourds, la mêlée a une tout autre importance en France. En Top 14, je me frotte à un challenge différent toutes les semaines, face à de redoutables spécialistes de la mêlée. Ça me plaît.

Vous êtes très proche de Siya Kolisi, la recrue phare du Racing la saison prochaine. Que vous lui avez-vous dit quand il vous a appelé pour recueillir des informations sur le club ?
J’étais au courant que quelque chose se tramait depuis pas mal de temps… Siya est un incroyable leader, un homme dont les autres apprécient la compagnie. C’est une immense recrue pour le club.

Est-il encore possible pour vous de disputer le Mondial ?
Oui ! Au départ, je me disais que jouer une Coupe du monde serait génial. Et j’en ai déjà joué deux (2015 et 2019). Pourquoi pas une troisième ?

Donnez-vous raison à votre sélectionneur Rassie Erasmus, lorsqu’il poste sur les réseaux sociaux d’innombrables vidéos critiquant l’arbitrage ?
Rassie est un mec compliqué mais aussi quelqu’un de très intelligent. Quand il a pris les Springboks en 2017, nous étions dans les ténèbres et il a fait de nous des champions du monde. Quoi qu’il fasse, nous lui faisons confiance.

Parlez-nous un peu de vous. Pourquoi êtes-vous surnommé Pumbaa ?
C’est une longue histoire ! À l’époque où je jouais pour les Cheetahs, Raymond Rhule (Stade rochelais) m’avait surnommé ainsi parce qu’il trouvait que je ressemblais au sanglier du Roi Lion, quand je dansais ! Depuis, ce surnom me poursuit…

L’aimez-vous ?
Ça va… Vous savez, quand les gens vous donnent un surnom, plus vous tentez de lutter contre et plus ils insistent… Alors, je l’ai accepté. Et puis, Pumbaa est un personnage plutôt rigolo, non ?

D’où êtes-vous originaire, exactement ?
J’ai grandi dans le Nord du pays, au sein d’une famille de cinq enfants et dans une ville appelée Gravelotte. Mon père travaillait dans une mine, là-bas. Il récoltait des échantillons de roches et les analysait, pour savoir si c’était de l’or ou pas. C’était un job plutôt dangereux, à vrai dire : il bossait avec divers produits, sans masque et a même perdu quelques dents, à cause des fumées toxiques. […] La mine, elle, jouxtait le Kruker Park (l’une des plus grandes réserves naturelles au monde, N.D.L.R.) et parfois, on voyait des éléphants, des rhinocéros, des girafes qui étaient parvenus à franchir les grillages. C’était magnifique…

Et le rugby, alors ?
Au départ, c’était juste un hobby pour moi. J’étais plus branché foot, comme l’était d’ailleurs toute ma famille. Mon idole s’appelait Docteur Khumalo, l’un des plus grands footballeurs sud-africains de tous les temps. […] Puis j’ai mangé trop de cookies et mon corps m’a dit : « Non, joue plutôt au rugby ! » (rires)

À quel poste avez-vous débuté ?
Trois-quarts centre ! Puis vers 10 ans, j’ai commencé à alterner entre les postes de pilier et numéro 12. Quand on défendait, on me faisait pousser en mêlée pour tenter de récupérer la balle. Et quand on attaquait, on me plaçait au centre pour faire avancer l’équipe. C’est ça, la polyvalence ! (rires)

Savez-vous ce que vous ferez à la fin de votre carrière ?
J’ai quelques pistes, oui. J’ai surtout lancé ma propre marque de gin (Nyakane Gin) et j’espère bien la faire prospérer, un jour. […] Et puis, j’essaie aussi d’aider au maximum les gamins des townships. J’aimerais créer une fondation pour aider ces enfants qui connaissent les problèmes que j’ai connus moi, plus jeune. […] La vie est dure, en Afrique du Sud : certains enfants vont en classe dans de simples containers métalliques…
 
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