De toute évidence, soumis à de multiples pressions et attentes, Guillaume Canet tente de concilier dans son "Astérix et Obélix : l'Empire du milieu", la comédie populaire à gros budget à la Claude Zidi et le second degré stylisé à complices multiples d'Alain Chabat. Mais il n'est jamais meilleur que quand il se délivre de cet empire du milieu, du moyen et du en-même-temps, et revient à lui-même, et son obsession de l'amitié. 
Si tous les chemins mènent à Rome, c’est une autre paire de braies pour ce qui est du village peuplé d’irréductibles Gaulois qui, en cette année 50 avant Jésus-Christ, lui résiste encore et toujours ! Mieux qu’aucun autre, Alain Chabat était parvenu à le trouver en passant par une via détournée.
"Mission Cléopâtre" adaptait en effet fidèlement l’album "Astérix et Cléopâtre", un des chefs-d’œuvre de Gosciny et Uderzo, mais osait en déboîter les pôles d’attraction : Astérix (Clavier) et Obélix (Depardieu) s’y voyaient éclipsés par Numérobis (Jamel) et Amonbofis (Darmon), ainsi qu’une centurie de suppôts de Canalplus, divinité gallo-romaine et galopine alors au top de son power pop…
Vingt-et-un ans et deux films (ratés) plus tard, Pathé a missionné le populaire Guillaume Canet pour gagner le village le plus fameux de l’imaginaire français et, ce faisant, des millions d’entrées. Mais pour viser la même destination avec dans sa charrette un budget record de 65 millions de sesterces, pardon euros, il ne prend pas le même chemin, enfin pas tout à fait.
Or donc, cette fois, nos moustachus à tresses sont-ils appelés à la rescousse par Fu-Yi, une princesse chinoise (Julie Chen, au jeu très, très problématique) et sa suivante martiale Tat Han (Leanna Chea, sobre), pour aller sauver leur impératrice (Linh Dan-Pham, élégante) emprisonnée à la suite d’un coup d’état du prince félon Deng Tsin Qin (Bun-Hay Mean, assez poilant).
Tandis qu’ils prennent la route (comme il se doit, semée d’embûches, de paysages et de pirates) vers l’extrême-orient, Jules César (Vincent Cassel, une des très bonnes surprises du film) fait de même dans l’espoir de conquérir une nouvelle contrée mais surtout, au fond, de reconquérir Cléopâtre (Marion Cotillard, très bien) qui lui bat froid, voire glacé !
Comme Alexandre Astier avant lui, Guillaume Canet profite de l’attrait supplémentaire que confère d’emblée un scénario original, même si, à l’inverse de celui dudit Secret de la potion magique animé, ce dernier paraît à la fois trop écrit et pas assez travaillé. Qu'on se rassure, le cahier des charges altero-uderzien est respecté : "L'Empire du Milieu" est un banquet de clins d'oeil, références, parodies, anochronismes et jeux de mots plus ou moins volontairement navrants et/ou désopilants !
La Chine qu’il met en scène est antique et en toc mais, pour le coup, cet exotisme de pacotille sert le pastiche bien tassé, à défaut d’être bien frais. Par contre, on regrette qu’il ne tienne pas la promesse, pourtant follement excitante, de la rencontre du bourre-pif à la gauloise et du coup de latte à la hongkongaise : aller du côté de la kung-fu comedy à la Jackie Chan (Le marin des mers de Chine) ou Stephen Chow (Crazy Kung-fu) semblait tellement logique, et rigolo !
Surtout, le calcul économique semble trop souvent œuvrer contre le souffle artistique, la narration devant régulièrement se mettre sur pause pour que prenne la sienne, une guest star plus ou moins brillante, mais la plupart du temps terne, voire éteinte. Enfin, dernier signe d’une obsession à copier une certaine potion magique (même si on veut bien concéder que les 14,5 millions d'entrées de Mission Cléopâtre fassent envie), on a cru judicieux de mettre entre nos héros pourtant probants et suffisants, un comique en vogue.
Sauf que Jonathan Cohen n’a pas ici la grâce, ni la palette, de Jamel et danns le cas présent, il empire du milieu. Par Bélénos, qu’on l’échange contre Assurancetourix (incarné par Philippe Katerine, et drôle, lui) !
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Heureusement L’Empire du milieu  possède un atout qui lui évite de trébucher sous l’empire du très moyen : Astérix et Obélix en sont bel et bien les héros ! Guillaume Canet s’en tire franchement bien dans la défroque du blond nerveux, rabat-joie, doutant de sa nature de héros (l’est-il vraiment s’il le doit à la potion magique, produit indubitablement dopant ?) et de son régime gaulois (et si on mangeait autre chose que de la viande, disons… des légumes ?). Mais Gilles Lellouche épate, lui, carrément en candide livreur de menhirs, costaud comme un dolmen et tendre comme un marcassin ! Quand le duo, complice à la scène, à la ville, traite de son amitié, il touche à quelque chose de simple, vrai, et son film n’est jamais plus chouette que dans ces moments-là. Par Toutatis, ouf, de peu !
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Quand Uderzo et Goscinny ont créé ces personnages emblématiques devenus quasi historiques, le succès est vite venu et s'il ont gagné des sommes coquettes , c'était totalement mérité. Maintenant, ceux qui ont récupéré cette mine d'or sont loin d'avoir l'humour et le talent inégalables des pères d'Astérix et Obélix et à défaut , font surtout preuve d'un sens des affaires hors pair . Hergé, en interdisant que le personnage de Tintin soit repris après sa mort , a sauvegarde un monument qui ne peut être dénaturé , même s'il enrichit néanmoins largement quelques profiteurs .
Tintin , a été repris en dessin animé , Asterix aussi !Par contre les Tintin en films ont été décevants ! Pour les Astérix en film , vous pouvez mettre les plus grandes vedettes actuelles , çà ne vaut pas un clou , aussi !

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