Partout, tout le temps. Que ce soit avec le XV de France ou le Stade Rochelais, Grégory Alldritt est sollicité sur tous les fronts en cette saison pré-Coupe du monde. Si sa capacité à tenir la distance sur l’intégralité d’une rencontre était questionnée lors de son éclosion au niveau international, le troisième ligne centre empile désormais les feuilles de match à 80 minutes. Une performance au regard de la générosité de son engagement. Avant de rejoindre les Bleus à Capbreton, il a témoigné des efforts que cela demande.
Comment se matérialise la gestion de votre temps de jeu…
Comment se matérialise la gestion de votre temps de jeu ? Est-elle discutée en amont avec le staff du Stade Rochelais ?
J’échange beaucoup avec Ronan (O’Gara) et « Phil » Gardent, notre préparateur physique. On regarde les possibilités de gestion sur les matchs à venir. Contre Bordeaux par exemple (NDLR, 13e journée), j’avais été ménagé : je n’ai joué que 20 minutes et j’avais eu quasiment toute ma semaine « off ». Contre Perpignan (14e journée), je n’avais pas joué non plus. Ça permet de couper, de se régénérer. Ils savent écouter. De toute façon, c’est pour mon bien-être, mais aussi dans l’intérêt du club.
Avant et après la tournée de novembre, le Top 14 n’a pas connu de répit. Avez-vous ressenti le besoin de souffler ?
Bien sûr. Mais pour moi, c’est plus un besoin psychologique que physique. Ça m’arrive souvent après les passages en sélection. On passe par des sommets d’adrénaline et d’émotion, on vit des choses tellement extraordinaires. Du coup, quand ça se coupe, on ressent un contrecoup. Un creux pendant lequel on est vidé. Après le Grand Chelem, ou même la Coupe d’Europe, je me sentais sans rien. Dans ces moments-là, il faut savoir couper. Et de toute façon, on ne servirait à rien, je serais à l’ouest.
Comment est-ce que ça se matérialise ?
C’est au niveau de l’attention et la motivation. On est tellement monté en + + + sur quelques semaines, que le coup de sifflet final déclenche une décompression.
Quelles sont vos soupapes dans ces cas-là ?
C’est juste un besoin de ne pas avoir de planning : pas d’horaires, pas de réunions. Pas de cadre strict en fait ! Parfois, j’ai besoin de partir pour me changer les idées. Mais des fois, j’ai juste besoin de ne rien prévoir. Ça fait du bien.
Avant d’aborder une compétition aussi énergivore que le Tournoi, avez-vous besoin de vous préparer mentalement ?
Non (rire). Je suis très excité à l’idée d’y aller. Ce n’est pas la colonie de vacances, mais partir jouer au rugby, dans des villes incroyables, avec mes meilleurs potes… C’est juste magnifique.
Vous dites ne pas ressentir de lassitude physique. Votre jeu vous expose pourtant ?
Il y a toujours des stigmates après les matchs. Mais plus tu t’écoutes, moins t’en fais, plus tu as mal et moins tu as envie d’en faire. Bien sûr, ça n’empêche pas la fatigue. C’est pour cela que c’est important de se remettre en route et de se remettre au travail dès le début de semaine. Ça permet de tenir dans la durée et d’entretenir la machine.
Philippe Gardent dit que vous avez un corps intelligent. Qu’est-ce que ça veut dire ?
Je ne sais pas. Déjà, je ne « monte » pas en vitesse. Donc pour me blesser musculairement, c’est difficile (rires). Plus sérieusement, je commence à me connaître : je sais quand je dois travailler plus ou quand je dois lever le pied. Quand j’ai eu un gros match avec beaucoup de coups, que je suis mâché, je sais que je dois favoriser les bains chauds ou froids plutôt que la musculation.
À quel niveau haussez-vous l’attention que vous accordez à votre préparation ?
Je ne suis pas très fan des routines. Parce qu’à partir du moment où on oublie quelque chose ou qu’il y a un couac, on est totalement perdu. Il faut suivre un process au niveau de la récupération. J’en ai notamment un pour mon genou. Ce sont des petits trucs idiots comme suivre une séance d’ischios après l’entraînement ou faire du renforcement quadri parce que j’ai genou abîmé suite à une opération que j’ai subie à 16 ans. Si je ne le fais pas chaque semaine, je le ressens tout de suite.
Le désir de durer, ça vous habite ?
Bien sûr que je veux jouer le plus longtemps possible. Mais je ne veux pas jouer 20 ans à 50 %. Je ne serais pas fier et je serais frustré. Je donnerai 100 % tout le temps. Mais je vais faire en sorte de tout optimiser pour durer le plus longtemps possible. Peut-être qu’à un moment donné, il faudra partir à l’étranger ou calmer le rythme.
Une expérience à l’étranger vous attire ?
Pas tout de suite. Je ne l’ai jamais caché. Mais tant qu’il y aura des échéances avec l’équipe de France, ce ne sera pas d’actualité.

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