Mardi soir, plusieurs dizaines de milliers de spectateurs ont pu suivre la rencontre entre le Paris-Saint-Germain et la Juventus Turin en direct sur Twitter et Telegram, de manière illégal. Pourtant, la loi contre le piratage entrée en vigueur en début d’année s’avère efficace.
Il suffisait de taper quelques mots clefs dans la barre de recherche de Twitter pour tomber sur la rencontre de Ligue des champions de football entre le Paris-Saint-Germain et la Juventus, mardi soir. Le match était diffusé par les chaînes payantes RMC Sport et Canal +. Mais des milliers d’internautes ont choisi de suivre la rencontre gratuitement, en direct vidéo et dans une qualité correcte, sur les réseaux sociaux. Trouver le match était d’une facilité déconcertante : un live était même accessible via le hashtag #PSGJuve.
Car depuis le début de l’année, les sites web en streaming spécialisés dans la retransmission de match de football sont moins accessibles. Une loi entrée en vigueur au début de l’année permet de les bloquer. Mais de nombreux internautes se sont déportés vers les réseaux sociaux pour continuer à suivre les rencontres sportives.
A la mi-temps du match, nous avons constaté que 50.000 spectateurs étaient en train de suivre le premier match de Ligue des champions du PSG, via un compte Twitter. Un autre live affiche près de 6.000 visionnages, plus de double pour un autre. Ces chiffres ont probablement été dopés par le bug de MyCanal, diffuseur de la rencontre, empêchant les abonnés de suivre légalement la rencontre.
En théorie, Twitter peut bloquer ces retransmissions en direct, cela a été le cas mardi soir. Mais le live a été directement relancé dans un autre tweet quelques minutes après. Nous avons constaté que des comptes très suivis avaient été bannis ces dernières semaines par Twitter. Mais visiblement, il y a encore des trous dans la raquette.
Nous avons par exemple pu suivre la seconde mi-temps sans interruption, et en bonne qualité. “Twitter fournit aux détenteurs de droits d’auteur les outils nécessaires pour protéger leur contenu et applique les lois sur le droit d’auteur” nous écrit un porte-parole de Twitter. Il insiste sur la présence d’équipes chargées de surveiller des publications, tous les jours, pour retirer les contenus illicites après une réclamation. Twitter travaille également sur l’automatisation des retraits de contenus qui enfreignent les droits d’auteur. Mais le réseau social, contre son gré, fait également office d’intermédiaire pour ceux désirant regarder le match illégalement. Des liens vers la messagerie Telegram sont postés.
En suivant ces liens, nous sommes alors tombés sur un live, suivi par plus de 45.000 spectateurs. En quelques minutes, nous avons pu rejoindre près d’une dizaine de conversations différentes pour regarder le match. D’autres rencontres sont proposées. Le football n’est pas le seul sport concerné, il y a aussi du tennis, du rugby, de la Formule 1 etc.
À la différence de Telegram, Twitter serait plus prompt à supprimer les contenus illicites. L’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel, est l’un des principaux acteurs dans la lutte contre le piratage. Il mène la bataille contre les sites de streaming, bien aidé pour une nouvelle loi. Depuis le début de l’année, la législation permet aux chaînes de sports de bloquer les plateformes illicites.
Son efficacité se mesure avec quelques chiffres, transmis par l’Arcom. En tout, 723 sites ont été rendus inaccessibles depuis le début de l’année, comme Sportlemon.tv, Footlive.me, Channelstream.es, Live.tv. L’audience des sites illégaux a chuté ces derniers mois. En juin, 1,1 million d’internautes ont consulté des sites de live streaming, c’est deux fois moins par rapport à janvier. Selon l’Arcom, 64% des internautes confrontés à un blocage n’allaient pas vers un autre service.
Neuf mois après l’entrée en vigueur de la loi “relative à la régulation et à la protection de l’accès aux œuvres culturelles à l’ère numérique”, le système est rôdé. Les ayants droits du sport (les ligues de football, de tennis, rugby…) et les diffuseurs (Canal +, RMC Sport, BeIN) saisissent un juge pour leur demander le blocage d’un certain nombre de service qui diffuse la compétition. Les fournisseurs d’accès à internet, comme SFR, Free et Orange, prennent le relai et bloquent les sites qui diffusent du streaming illégalement.
Entre février 2021 et février 2022, l’audience illicite a diminué de 76% pour la Ligue 1 et 77% pour la Ligue des champions. Même les sites miroirs, ces répliques complètes d’une page web, y passent. Mais Twitter et Télégram restent un angle mort. Les supporters marseillais pourraient à l’heure tour en “profiter” mercredi, pour visionner le premier match de leur équipe en Ligue des champions.
Vous trouvez cet article intéressant ?
Faites-le savoir et partagez-le.
Références

source

Catégorisé:

Étiqueté dans :

,