Votre suspension pour 10 semaines après votre accrochage avec l’arbitre face aux Cheetahs vous a éloigné des terrains lors du nul face à Bayonne (22-22) puis lors de la déroute au Stade Français (37-3). Comment le vivez-vous ?
Je le vis comme quelqu’un de puni. C’est très frustrant pour moi de ne pas vivre les émotions véhiculées par les joueurs sur le bord du terrain. Après, ce sont eux qui gagnent les matchs, donc sur la durée de la rencontre, que je sois là ou pas ne change pas grand-chose. Ce qui est sûr, c’est que je suis puni et déçu de ne pas partager ces émotions avec eux.
Quel bilan tirez-vous de cette première partie de championnat ?
Le premier bilan, c’est que le Top 14 se densifie…
Je le vis comme quelqu’un de puni. C’est très frustrant pour moi de ne pas vivre les émotions véhiculées par les joueurs sur le bord du terrain. Après, ce sont eux qui gagnent les matchs, donc sur la durée de la rencontre, que je sois là ou pas ne change pas grand-chose. Ce qui est sûr, c’est que je suis puni et déçu de ne pas partager ces émotions avec eux.
Quel bilan tirez-vous de cette première partie de championnat ?
Le premier bilan, c’est que le Top 14 se densifie de saison en saison. On savait que ce serait plus dur tous les ans, et là, ça l’est de manière exponentielle. C’est resserré, on existe dans cet environnement homogène, mais on n’est pas dominants. Il faut accélérer, sinon l’avancée des autres fera qu’on sera vite en difficulté.
Que disent les proportions de cette défaite à Jean-Bouin. Est-ce une affaire de détails, ou plus vraisemblablement de niveau ?
En tout cas, ça illustre deux dynamiques. Celle d’une équipe à la rentabilité exceptionnelle qui optimise tout, face à une autre dont les lancements grésillent, qui n’est pas très claire sur ses intentions, qui laisse traîner pas mal de munitions… Ce qui fait qu’on a pris énormément de « cageots » (sic). Cela nous confirme que la dynamique de confiance, de maîtrise, de détermination est fondamentale pour enchaîner des performances. Pour la retrouver, il n’y a rien de plus évident que de se recentrer sur les choses simples de notre jeu, et sur nos points forts qui doivent devenir très forts.
On a l’impression que la saison de la Section est faite de dynamiques. Considérant vos deux derniers résultats, vous êtes retombés dans le négatif…
Pour l’enrayer, il faut être bien lucide par rapport au constat de ces deux matchs. Pour ce qui est du Stade Français, c’est une sévère branlée, il faut qu’on soit clair, net, objectif. On a pris une fessée, une déculottée. Même si paradoxalement, les joueurs se sont beaucoup engagés, ont fait preuve de détermination. Malheureusement, il nous manque trop de précision et trop de justesse dans la façon de tenir le ballon. Il y a une énorme faille dans nos lancements, notre utilisation du ballon.
À quoi attribuez-vous cette inconstance ?
Je veux être clair, lucide, abrupt là-dessus : aujourd’hui, ce n’est que de notre faute si on n’a pas totalement consolidé les bases de notre jeu, aussi simple soient-elles.
L’inconstance de votre conquête incarne la difficulté d’une équipe moins forte sur ses bases. Validez-vous ce constat ?
Oui, mais je ne pense jamais m’en être caché. Même si l’analyse du Stade Français nous a montré que l’arbitrage sur la mêlée n’est pas forcément très avantageux pour nous. En revoyant les images, on n’a pas été si dominés que ça sur ce plan. Mais c’est à nous d’agir sur ce sur quoi on peut influer. Et en ça, je vous rejoins totalement.
Vos errements en conquête atténuent le rendement d’une ligne d’attaque au potentiel séduisant. Frustrant ?
Complètement. C’est très décevant. On a pris une claque en pleine gueule et comptez sur nous pour remettre le bleu de chauffe et bosser sur des choses simples qu’on veut maîtriser.
Quand la Section est moins précise dans son jeu de pression ou d’occupation, on la sent dans une impasse de par son manque de puissance et son inconstance en conquête. Comment remédier à ça ? Y a-t-il un plan B, quand le jeu de dépossession que vous prônez est inefficient ?
Non. Le plan A, c’est de garder le cap… et nos convictions. Le paradoxe du match face au Stade Français, c’est qu’on n’a presque jamais eu autant de ballons à lancer. Ça veut dire que les choses avancent. Maintenant, il faut attaquer avec précision. Donc il ne s’agit surtout pas de virevolter ou de changer de cap, mais plutôt de nous recentrer sur la simplicité, cette maîtrise dont on doit faire preuve sous pression.
Tout cela est intimement lié à la qualité du jeu au pied de votre charnière. Dans un jour sans, tout l’édifice est en péril…
Oui, on sort de deux matchs où la réalisation technique est moyenne. Sur les deux ans qui viennent de se passer, c’est un épiphénomène, je ne sais pas si on peut en tirer des conclusions. Ça fait partie d’un environnement qui, momentanément, ne plaide pas en notre faveur. Je ne remets pas en cause la qualité de mes joueurs, mais il est évident que notre jeu doit être fait d’intentions claires et précises et de réalisations techniques élémentaires sous forte pression. Je pense avoir les joueurs pour le faire. Ils l’ont déjà prouvé.
Votre 5 de devant a montré certaines limites. Cela guide-t-il votre prochain recrutement ?
Oui, cela m’a déjà guidé. Cela ne remet rien en question, bien au contraire. Cela approfondit mes convictions et mes certitudes sur le potentiel de certains garçons, qui seront meilleurs en cette fin de saison et l’année prochaine. Cela renforce aussi notre obsession d’être encore meilleurs et lucides vis-à-vis des lignes qu’il faut renforcer.
Dans vos recrutements, vous ne vous êtes pas beaucoup trompé derrière. En revanche, devant, il y a plus de déception. Doit-on s’attendre à beaucoup de changement cet été ?
Beaucoup, je ne pense pas. En nombre, il y en aura peu. Il faudra qu’on soit très bons, et on sera très bons pour trouver les éléments qui accéléreront la transformation. On compte être tout aussi bons pour booster la confiance et le degré d’exigence vis-à-vis des garçons en devenir. Maintenant, l’urgence, ce n’est absolument pas la semaine prochaine. C’est samedi, puis le samedi d’après. 99 % de mon emploi du temps est consacré au court terme.
En début de saison, vous ambitionniez de faire mieux que l’an passé, où la Section avait terminé 10e. À mi-championnat, cet objectif est-il toujours tenable ?
Le Top 14 n’aura jamais été disputé que cette année, comme ça avait déjà été le cas l’an passé. Ce classement, il faudra le pondérer avec la dureté et l’exigence d’un championnat où exister et rayonner est déjà une performance en soi. Pour autant, je reste fidèle à mes indicateurs de début d’année. On verra au soir de la 26e journée à quel étage on se situe.

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