On l’avait quitté dans les tribunes du Stade de France, hors groupe de la finale de Top 14 entre le Castres Olympique et Montpellier. C’est encore assis sur un siège, de la tribune Pierre-Fabre cette fois ci, que Rory Kockott observera cette même affiche samedi, à l’issue de laquelle une célébration en son honneur est prévue. Mais c’est bel et bien dans le rôle d’entraîneur de la défense, en successeur de l’Anglais Joe Worsley que l’ancien demi de mêlée et néo-retraité des terrains prendra place, comme il le fait depuis le début de la saison. Parfois bruyamment d’ailleurs…
“Je l’entends, dit l’arrière Julien Dumora. Il crie: “Duuums”! Quand il veut faire passer des messages je reconnais vite sa voix”. Tout comme les supporters adverses, comme au stade Chaban Delmas le 17 septembre dernier, lors de la défaite du CO à l’UBB, où chaque pénalité récoltée par les Castrais sur les rucks défensifs était ponctuée de cris de joie stridents. Une partie du public bordelais se tournant de défiance dans un premier temps, puis semblant se résoudre à subir ces démonstrations de joie en reconnaissant le trublion. “Ah oui, c’est Kockott”, devinait-on dans les conversations juste devant lui. Non, à 36 ans, Rory Kockott n’a pas changé.
Du moins pas fondamentalement, selon le capitaine Mathieu Babillot, qui glisse dans un sourire: “Au fond de soi, on ne change pas comment on est. Et il a toujours cette niaque, cette envie de gagner. Qui est différente, mais il a envie de nous la transmettre”. Casquette vissée sur la tête, sifflet dans la bouche et trois ballons sous le bras, Kockott anime les ateliers défensifs à l’entraînement, l’œil acéré. “Resserre! Resserre! Sur le ballon! Bien là! Bravo! Bon travail!”. A croire que ça fonctionne. La défense du CO est la 4e du Top 14 (moins de 20 points encaissés en moyenne par match) et la 3e en terme d’essais (1,6).
“C’est marrant de voir que le joueur le plus indiscipliné du Castres Olympique est devenu l’entraîneur le plus exigeant du Castres Olympique sur la discipline, savoure le manager Pierre-Henry Broncan. Ça lui fait du bien par rapport à l’arbitrage, il comprend que c’est important”. Mais le Gersois acquiesce également quand on lui avance la rapide adaptation du Sud-Africain à son nouveau rôle. “C’est un demi de mêlée. Donc quand tu es demi de mêlée, tu passes plus facilement de joueur à entraîneur. Normalement, tu as réfléchi au jeu dans son globalité. C’est un avantage. Aujourd’hui, il est entraîneur. Il a beaucoup d’énergie, comme un jeune entraîneur. En tous cas, on est satisfaits de sa présence.”
Ex-international (11 sélections entre 2014 et 2015), Rory Kockott est aujourd’hui comme un poisson dans l’eau. Entouré des siens… “Quand tu connais les gens, les relations sont plus faciles dit-il. Si j’étais arrivé dans un nouveau club, ça n’aurait été pareil. Si les gens t’apprécient, ils t’écoutent. Ce n’est pas juste un mec en plus qui vient t’expliquer les choses. C’est positif”. Même s’il doit garder un fragile équilibre dans sa relation avec les joueurs depuis qu’il est passé de l’autre côté de la barrière. Il est maintenant leur entraîneur. “On ne peut pas garder la même relation, mais il faut garder certaines choses que l’on avait. Il faut s’adapter. Mais on doit rester connectés.”
“C’est presque une révélation, ajoute Babillot. Mais j’ai lu qu’il disait qu’il savait depuis un petit moment qu’il finirait à ce poste-là. Que ça viendrait”. L’arrière Julien Dumora a passé huit saisons à batailler sur les terrains en compagnie de Rory Kockott. Il voit son évolution comme une suite logique. “Franchement, quand j’ai su qu’il allait entraîner, je n’ai pas été surpris. Il a le leadership en lui, c’est un meneur d’homme, il aime être comme ça et c’est naturel. Il aime donner de l’envie aux mecs, être derrière eux et toujours pointilleux. C’est ça façon d’être.”
Bon, ce tableau idyllique a son revers. Si les arbitres de Top 14 ont perdu leur “rongeur officiel de cerveau”, les joueurs et le staff castrais subissent parfois les agissements de la teigne Rory. “Ça, par contre, il ne l’a pas perdu, explique Dumora en souriant. L’autre jour, à l’entraînement, alors que les avants faisaient des touches, il est allé se mettre en position de demi de mêlée adverse. Et il s’est mis à crier plusieurs fois: monsieur l’arbitre, monsieur l’arbitre! Le lancer n’est pas droit! Pas droit! Et du coup, là où les mecs faisaient huit ou neuf sur dix, ils sont descendus à six ou sept. C’est Rory quoi…”
Jeune retraité, il continue également de s’entretenir physiquement. “J’adore l’idée de se mettre au bord du précipice physiquement, d’avoir envie d’abandonner et de ne pas le faire. Je le fais de temps en temps avec les préparateurs physiques. Car le rugby à toucher et le foot avec eux et les kinés, c’est moins intéressant. Parce que certains sont très bons, mais d’autres sont très mauvais! Comme Julien Rebeyrol, qui a deux pieds gauches et deux mains droites (sic). Et ils s’énervent très vite…” Leur rongerait-il le cerveau? “Non, pas du tout, je les laisse tranquille (sourire)”. Vous n’êtes pas obligés de le croire…  
Plan de sobriété énergétique: éclairage des stades, chauffage des piscines… les mesures qui concernent le sport

© Copyright 2006-2020 BFMTV.com. Tous droits réservés. Site édité par NextInteractive

source

Catégorisé:

Étiqueté dans :

,