Comme (trop) souvent, le Stade Rochelais est reparti de Paris la tête pleine de questions et de frustration, battu ce samedi. Comme la saison dernière, il avait parfaitement lancé son match (5-14, 30e) avant de s’effriter en six minutes (15-14, 36e) et de disparaître en seconde période (27-17, 79e). Le Stade Français en a profité pour gagner avec le bonus offensif et le devancer au classement avec le même nombre de points (31).
Si conforter un concurrent direct dans le doute est problématique, cela l’est moins que l’impression laissée par les Maritimes depuis plusieurs mois. « On n’a pas reparlé du match de la saison dernière. Je pense qu’on a appris de nos erreurs, qu’on a progressé », disait ainsi Romain Carmignani, l’entraîneur des avants, jeudi. Or, dans les faits, La Rochelle ne semble pas apprendre et progresser quant à sa gestion de déplacements largement à sa portée, qui plus est dans la foulée d’une grosse performance.
« Je suis désolé pour tous les supporteurs rochelais, je pense qu’on est arrivés en stars après notre match de la semaine dernière (53-7 contre Castres, NDLR), il faut qu’on gagne en régularité. En plus, aujourd’hui, on se trompe sur nos basiques, la défense, les portés, les choses comme ça », regrettait Grégory Alldritt au micro de Canal+. En conférence de presse, son propos était moins véhément mais le capitaine n’en pensait pas moins, regrettant d’avoir « un peu toujours le même discours à l’extérieur » : « On fait une bonne entame, puis on se relâche… Il faut qu’on soit plus forts dans ces moments-là, pour ne jamais lâcher, toujours rester constants. Tout paraissait rouler puisque tout le monde était dans le système, discipliné, on a tous fait un peu sa petite faute. Et 15 voire 23 fautes, ça fait beaucoup trop. »
Pourtant, les Jaune et Noir en ont commis deux fois moins que leurs adversaires (8, contre 16). Cela ne les a pas empêchés de perdre. « Peut-être qu’on ne se remet pas assez en question toutes les semaines, je ne sais pas. Mais ce soir (samedi), on n’avait aucune excuse, reprenait le Gersois. Il faut savoir rester réguliers et ne pas se prendre pour d’autres quand on gagne avec le bonus à la maison. Il faut rester dans le match quatre-vingts minutes, ne pas croire qu’il est plié à la 30e… »
« Ce trou d’air est difficile à expliquer, soufflait Sébastien Boboul. On rate pas mal de plaquages, avec des petites erreurs individuelles sur des un contre un alors qu’il n’y avait pas d’espace et qui, additionnées entre pas mal de joueurs font beaucoup trop de fautes… » Une explication pourrait résider dans l’absence de nombreux cadres. Elle serait biaisée. Samedi, les plus grosses défaillances sont venues de joueurs expérimentés (Levani Botia et Ulupano Seuteni en défense au centre, Brice Dulin et Tawera Kerr-Barlow en seconde période, Thomas Lavault et Pierre Bourgarit en touche, etc.). Et si Aleksandre Kuntelia est sorti avant la pause, chahuté par le gaucher référencé Clément Castets, c’était plus pour protéger ce prometteur pilier de 20 ans que pour le sanctionner.
« Il ne faut pas qu’on se cache derrière ça, abondait l’entraîneur des trois-quarts. Ceux qui avaient peu de temps de jeu ont été plutôt performants, je pense à Martin (Alonso Muñoz, NDLR). Non, on s’entraîne au quotidien pendant onze mois ensemble, ce n’est pas parce qu’on modifie des joueurs que ça doit changer. Collectivement, ce n’était pas trop mal, mais on a manqué d’agressivité. » Comme à Bayonne où Uini Atonio, Will Skelton, Yoan Tanga et autres Teddy Thomas ou Dillyn Leyds étaient présents, par exemple. Comme contre Pau, alors que certains de ces joueurs étaient là aussi…
Et comme après ces matchs, on ne doute pas que La Rochelle saura réagir. Qui plus est à domicile, en ouverture de Coupe d’Europe avec la défense d’un titre qui commencera en direct sur France 2. Mais c’est bien ce statut d’équipe à réaction qui dérange Sébastien Boboul : « Ce qui est dommageable, c’est que ça se répète un peu chaque année. On aimerait grandir là-dessus et réussir à être performants de week-end en week-end, notamment à l’extérieur. » Reste qu’il va bien falloir passer à autre chose, et notamment à une Champions Cup au format sprint qui, au regard de cette faiblesse, convient visiblement plus aux Jaune et Noir.
« On a sept heures de car à passer ensemble, si chacun tire la tronche, ce sera long… glissait Alldritt. On l’accepte et on « switche ». La Coupe d’Europe va nous faire le plus grand bien. L’année dernière, ça avait été un gros bol d’air. On adore cette compétition, on a la chance de commencer à domicile dans un stade qui sera bouillant, j’en suis sûr. On sait, par contre, qu’une défaite à domicile est quasiment éliminatoire… » Un argument de plus pour ne pas prendre Northampton de trop haut.