Ils ne s’y sont pas trompés. Ils l’ont tous félicité. Pascal Cotet venait de récupérer la dernière pénalité, sur mêlée, avec ses copains du pack. Elle était synonyme de fin de match, et surtout de victoire (20-15). La deuxième de l’Aviron Bayonnais cette saison.
Personne ne l’a oublié. Thomas Ceyte lui a déposé un bisou sur son crâne dégarni, façon Blanc/Barthez. Yan Lestrade l’a saisi par l’épaule. Uzair Cassiem lui a adressé une tape sur le ventre. Pieter Scholtz a collé son front contre le sien, en guise de merci. En difficulté sur les précédentes mêlées, le pilier droit sud-africain venait pourtant d’être…
Personne ne l’a oublié. Thomas Ceyte lui a déposé un bisou sur son crâne dégarni, façon Blanc/Barthez. Yan Lestrade l’a saisi par l’épaule. Uzair Cassiem lui a adressé une tape sur le ventre. Pieter Scholtz a collé son front contre le sien, en guise de merci. En difficulté sur les précédentes mêlées, le pilier droit sud-africain venait pourtant d’être sorti au profit de son concurrent direct. Sans rancune. Pascal Cotet a terminé le travail collectif et mérité les applaudissements des 13 507 spectateurs compactés dans Jean-Dauger. Le timide pilier de 28 ans n’a pu retenir son sourire. Il a déployé ses dents du bonheur devant Facundo Bosch, prosterné devant lui. Il a toutefois repoussé l’Argentin et Denis Marchois, qui tentaient de porter ses 125 kilos en triomphe. « Je ne suis pas trop comme ça, s’est-il excusé. Là, tout va bien mais s’il faut, tout ira mal le week-end prochain. Il faut rester humble. »
Ce n’est pas la moins bête des attitudes devant la fragilité des choses. Lui et ses équipiers l’ont encore vu ce samedi. Propres sur leurs sorties de camp et dans les zones de marque, ils ont réussi à déboussoler en fin de première période des Bordelais encore à des années-lumière du niveau d’un candidat au Bouclier. « Tactiquement, on fait n’importe quoi, pestait Christophe Urios après la rencontre. Il fallait arrêter de faire des conneries. Quand il tombe des hallebardes, jouer de chez soi et faire des pick and go à deux à l’heure, c’est stupide. »
Réduits à 14, ses joueurs ont encaissé deux essais, en toute fin de mi-temps sur ballon porté et au retour des vestiaires, sur un amour de passe au pied de Camille Lopez, acclamé par le public, pour son capitaine Denis Marchois. La facture ? 14 points à rien durant cette période d’infériorité numérique (20-7, 44e). De quoi rendre anecdotique l’essai inaugural de Romain Buros (3-7, 15e).
Mais la deuxième mi-temps a ramené son lot de frissons le long de l’échine des Basques, revenus de Paris la semaine d’avant sans le moindre point, malgré une prestation « encourageante ». « C’est peut-être la victoire des avants, oui, a reconnu Grégory Patat, interrogé sur l’écot de son pack sur cette victoire. Avec les conditions et la densité qu’a voulu mettre Bordeaux, on savait que ça allait se passer devant. » Maxime Machenaud monte un peu plus le curseur des compliments. « Cette victoire leur revient beaucoup. Ils ont fait un très très gros boulot. » Notamment lors des dernières minutes passées à souffrir. « On peut leur tirer un coup de chapeau. » Avec mention spéciale au pilier droit.
Pascal Cotet est revenu sur le terrain pour la dernière mêlée. « On subissait les impacts et Pieter était dans le viseur du corps arbitral, explique Grégory Patat. On va me dire ‘quel coaching !’ mais ce sont les joueurs qui font le jeu. Pascal a assuré, il faut le féliciter. »
Il ne s’y attendait pas. « Je ne pensais pas re-rentrer. J’étais en train de gueuler comme un putois sur le côté pour encourager mes partenaires et j’entends : « Pascal, Pascal, Pascal, tu rentres, tu rentres, tu rentres ! » Ma foi, OK. Ça fout un peu la pression mais on a réussi à gérer ça. »
Comme tant d’autres, il fait partie du bataillon de revanchards qui évoluaient en Pro D2 la saison passée. Lui à Narbonne, relégué en fin de saison avec seulement cinq victoires au compteur. « Quand on a connu des années galères et qu’on vit des moments comme ça, on se dit que ça valait le coup de manger son pain noir. C’est un peu une récompense de ces moments compliqués. »
Machenaud, 38 sélections en équipe de France, adoube définitivement son nouvel équipier. « Pascal fait une partie remarquable en mêlée. C’est un mec discret. L’année dernière, il était l’une des révélations de Pro D2, et ce n’est pas rien quand on connaît la dureté de ce championnat. » Son manager n’est pas surpris. « L’an dernier, le mec jouait à Narbonne dans un stade de 1 000 personnes, et je dis ça sans dénigrer le public narbonnais. Lui, Thomas (Ceyte), Pierre (Huguet), Manu (Leindekar)… Ces mecs-là, ils ont la dalle ! Ils ont envie de prouver. Ils ont été en échec pendant leur carrière, on leur a tendu la main, ils ont envie de nous rendre cette confiance, tout simplement. Peut-être que Pascal joue au-dessus de son niveau, j’en sais rien, mais il donne beaucoup de satisfaction. » Et aussi un peu d’inquiétude au médecin bayonnais. « Après la pénalité, j’ai continué de gueuler, rigole le pilier. Je suis bon pour prendre un Strepsil demain. »