En quatre petits matchs de Top 14, c’est peu dire que Gaël Dréan a mis tout le monde d’accord. Trois titularisations, deux essais, des actions de grande classe et surtout beaucoup de promesses. Au milieu de l’effectif ultra-concurrentiel du RC Toulon à son poste (Waniqolo, Villière, Kolbe, Cordin…), l’ailier s’est fait une place très rapidement, à sa propre surprise. “Je ne m’attendais pas forcément à jouer aussi rapidement, avoue-t-il. Après c’est vrai qu’il y a beaucoup de blessés, mais en tout cas j’en suis très heureux”. Face à Clermont, il score une première fois pour son premier match professionnel avec le RCT. Un essai de pur finisseur, comme celui qu’il inscrira la semaine d’après contre Perpignan en bout de ligne. Le jeune ailier de 21 ans va vite, très vite.
“La vitesse, c’est son facteur X. C’est un garçon qui met beaucoup d’intensité dans tout ce qu’il fait”, souligne Vincent Bréhonnet, ancien entraîneur du joueur lorsqu’il évoluait à Rennes, en Fédérale 1 la saison passée. Et quand il ne marque pas, Gaël Dréan s’illustre par sa générosité. Comme face à Brive, lorsque le stade Mayol est spectateur de l’une de ses percées monumentales sur 30 mètres, assortie d’une passe décisive spectaculaire pour son coéquipier Duncan Paiau’a. 
Cette générosité, Gaël Dréan la traîne depuis l’enfance, lorsqu’il découvre le rugby au Rugby Ovalie Lorient, en 2009. “Je lui disais de faire marquer tout le monde et il le faisait. Alors attention, il en avait déjà marqué 3 ou 4 avant! Mais ça, c’est Gaël”, glisse avec malice Michel Véronneau, ancien éducateur de Dréan au ROL. Dans cette école de rugby d’une centaine de licenciés, le Breton s’éclate avec sa bande de potes. “Il était déjà plus rapide que les autres, plus vif. Il était increvable, ajoute Michel Véronneau. En plus, il ne voyait qu’une seule chose, le coin de la ligne”.
Lorsque l’ancien responsable de l’école de rugby du club morbihannais emmène Gaël et ses copains visiter le CNR de Marcoussis, l’antre du XV de France, le gamin en ressort des étoiles plein les yeux. Après onze ans à Lorient, direction la Fédérale 3 et le club de Plouzané, où il évolue en parallèle de ses études en licence STAPS, à Brest. Pour sa première année en senior, il inscrit la bagatelle de 19 essais en 17 matchs.
Un serial marqueur aux qualités physiques hors normes est né. Ses performances ne tardent pas à attirer l’œil de toute la Bretagne. A commencer par Jean Lesacher, responsable de la communication du Rennes Etudiant Club Rugby (REC). Celui-ci avertit l’entraîneur des espoirs du club de Fédérale 1, qui l’intègre au groupe à l’été 2020. Après quatre petits matchs, la pandémie de COVID provoque l’arrêt du championnat Espoirs. La suite, c’est une année blanche faite de confinement et de musculation. Puis ses premières rencontres avec l’équipe première du REC.
“On avait la consigne de prendre le temps avec Gaël, raconte Vincent Brehonnet. Il a commencé à s’entraîner avec nous puis il a été très vite performant. Pour son premier match amical contre une équipe de Fédérale 3, il marque quatre essais”. Le début d’une saison exceptionnelle pour le gamin de 21 ans, cadre d’une équipe de Rennes “assez jeune, un groupe génial”, qui obtiendra la montée en Nationale 1. En 23 feuilles de match, le jeune ailier est titularisé 22 fois, et inscrit 14 essais. Cette fois-ci, ce n’est plus seulement les grosses écuries bretonnes qui viennent superviser la fusée, mais des recruteurs venus de tout l’Hexagone.
Travailleur, partageur et porté sur le collectif, la personnalité de Gaël Dréan impressionne partout où il passe. “Ce qui est sûr, c’est que son intégration dans n’importe quel groupe se fera très facilement, confirme son ancien entraîneur au REC. Il apprend des autres. Et surtout, il apprend vite”. Tellement vite, que dès son premier match en Fédérale 1, les premiers contacts se font avec d’autres clubs: “Un agent est venu discuter avec lui alors qu’il débutait tout juste avec nous. À ce moment-là, on n’était pas certains de ce qui allait se produire avec Gaël. On voulait qu’il reste avec nous en misant sur la montée en Nationale 2, et en lui proposant de faire du Sevens à côté”.
Insuffisant, malheureusement pour le REC qui s’apprête à perdre son prodige, qui brille aussi sur le circuit à VII français avec les Barbarians notamment. Carcassonne se positionne en premier, juste avant Grenoble. Le RC Vannes, club-phare de la région, lui propose aussi de le maintenir en Bretagne. Mais ce sont des appels passés par Pierre Mignoni et Franck Azéma, qui ont convaincu et rassuré Gaël Dréan avant qu’il ne choisisse le RCT à l’été 2022.
Une ascension fulgurante jusqu’en Top 14? Pas de centre de formation? Des débuts remarqués avec le RCT? De quoi rappeler le parcours d’un certain Gabin Villière, ailier international français et passé lui aussi par les divisions inférieures et le rugby à VII. Mais pour les similitudes, on s’arrêtera ici. “C’est logique dans la tête des gens de faire la comparaison. Mais à part le poste et le parcours, on n’a pas grand chose en commun dans le jeu. On est des ailiers différents!”, rigole le jeune Breton. Si la trajectoire de l’ancien Rouennais l’a amené à découvrir l’équipe de France en 2020, Gaël Dréan avoue ne s’être jamais posé la question des Bleus. “Jamais je ne me serais dit que je jouerai en Top 14 un jour. J’ai encore beaucoup de choses à faire ici avant de penser à ce genre de choses”. Une réponse pleine de modestie, à l’image du joueur, et surtout de l’homme loué par tous.  
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