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TOP 14 – L'éviction de Jono Gibbes en cours de saison par l'ASM Clermont est un séisme en Auvergne. Le club jaune et bleu n'avait plus licencié un entraîneur en cours de saison depuis dix-huit ans. À l'été 2004, Alain Hyardet quittait ses fonctions dans un contexte aussi brûlant que celui de janvier 2023, avant qu'Olivier Saïsset ne redressse finalement la barre du bateau clermontois.
Les volcans se sont réveillés en Auvergne. L'ASM a officialisé ce lundi 16 janvier le licenciement de Jono Gibbes, de son poste de manager de Clermont. Le départ du technicien néo-zélandais était fortement pressenti après la lourde défaite de Clermont face à Leicester (29-44), mais son annonce officielle a clos une ère glorieuse de l'histoire de l'ASM. Le club des Jaunards n'avait en effet plus écarté un entraîneur en cours de saison depuis… août 2004. Une faste période de dix-huit ans et cinq mois, où Clermont a notamment connu ses deux premiers boucliers de Brennus (2010, 2017) et trois finales de coupe d'Europe (2013, 2015, 2017), sous les ordres de Vern Cotter (2006-2014) et Franck Azéma (2014-2021).
Mais avant l'apogée de l'ASM, Alain Hyardet avait connu le même sort que Jono Gibbes. À l'époque, le championnat de France s'appelait Top 16 et le club jaune et bleu, Montferrand. Après une saison 2003-2004 moyenne, Alain Hyardet et ses hommes débutaient le prochain exercice en eaux troubles.Trois défaites inaugurales ont eu raison de l'entraîneur alors l'ASM se retrouvait dans les bas-fond du classement avant même le début du mois de septembre. Une coupe déjà pleine pour René Fontès, président de l'ASM qui venait d'entrer en fonction.
Une rupture similaire à celle du Néo-Zélandais mais dans un contexte bien différent assume Alexandre Audebert, troisième ligne de Clermont entre 1999 et 2012. Le champion de France 2010 explique notamment de grandes différences concernant l'effectif et un professionnalisme naissant.
"À l'époque, on avait une équipe de casse co*illes, il faut le dire (rires). Plus sérieusement, le club était malade mais on avait un groupe étoffé avec plusieurs joueurs internationaux comme Olivier Magne, Gérald Merceron, David Bory… Mais la mayonnaise n'a pas pris d'un point de vue rugbystique avec Alain Hyardet. Quand on compare avec 2023, Jono Gibbes a hérité d'un groupe totalement déséquilibré et en pleine reconstruction. Et il ne faut pas oublier que nous étions au tout début du professionnalisme en 2004, les joueurs se préoccupaient peut-être moins de leurs carrières personnelles qu'aujourd'hui, ce qui est parfaitement logique. Je crois également qu'Alain avait toutes les clés du camion, du staff aux joueurs, et d'une certaine manière il a été le premier fusible car cela ne marchait pas".
Dès lors, Jean-Marc Lhermet et Jean-Pierre Laparra ont dû prendre les rênes d'une équipe malade. Alexandre Audebert se souvient d'une période plus qu'incofortable. "C'était m*rdique parce qu'on attendait qu'Olivier Saïsset se libère de Perpignan, mais il n'y a pas eu plus de flottements que ça parce que nous étions en pleine préparation physique encore".
Après seulement trois matchs, Alain Hyardet a donc été poussé vers la sortie, ouvrant la porte à l'inimitable Olivier Saïsset, en octobre 2004. Après quatre ans passées sur le banc de Perpignan, et une finale perdue face au Stade français l'été dernier, le Biterrois de coeur posait ses valises avec ses épaisses lunettes, cigarette à la bouche et une "gouaille inimitable".
Le pompier venu de Catalogne devait éteindre un incendie naissant avec une recette efficace : le retour aux bases et une remise à zéro complète. Une méthode seulement effective trois jours par semaine, puisque Saïsset devait faire des aller-retours entre Clermont et Béziers chaque semaine pour des "raisons personnelles".
"Quand Olivier arrive, c'est une nouvelle saison qui démarre. Son premier discours est simple : "ce qui est derrière est derrière, maintenant il faut avancer sans regarder dans le rétroviseur". Il impose une réinitialisation complète des rôles, des cadres aux jeunes en passant par ceux qui étaient en manque de temps de jeu. Avec lui, c'était marche ou crève. Olivier a été très efficace et il a remis un cadre très basique sur les fondamentaux avec sa gouaille et sa manière de faire passer les messages. Et c’est souvent ce qui marche. L’engagement le combat la conquête la défense, en ensuite on voit comment on joue. En fait, il n'était au club que lorsque toute l'équipe était au complet, donc cela ne posait pas de problèmes majeurs" se rappelle Alexandre Audebert.
Les têtes remises dans l'axe, la bande montferrandaise signait alors un impressionnant retour en force en Top 16. Les Jaunards bouclaient l'exercice 2004-2005 avec quatorze victoires, sept défaites et un match nul depuis la prise en main d'Olivier Saïsset et arrachaient une septième place synonyme de qualification en Coupe d'Europe.
Un résultat inespéré à l'automne 2004, et une réussite totale pour le pompier Saïsset, qui avait ensuite quitté l'Auvergne pour revenir dans sa ville chérie de Béziers. Dix-huit ans plus tard, l'ancien troisième ligne casqué espère un scénario identique pour Christophe Urios, le successeur de Jono Gibbes. " C'est tout le mal que je souhaite au club ! Aujourd'hui, il faut sauver les meubles. Avant de voir loin, il est urgent que les joueurs se mettent vite dans le nouveau moule, même s'ils avaient beaucoup d'affect pour Jono" conclut Aubebert.
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