Quelle équipe d’Écosse verra-t-on samedi à Murrayfield ? Celle qui a fait plier l’Angleterre (20-17) ou celle qui a laissé échapper une possible victoire à Cardiff (20-17) ?
Je sais laquelle j’ai envie de voir jouer. J’espère que celle qui se présentera à Murrayfield sera celle qui a battu les Anglais. Si ce n’est pas le cas, nous n’avons aucune chance de gagner.
L’Écosse a battu la France lors des deux derniers tournois des Six Nations. Pensez-vous qu’elle abordera ce match avec une certaine confiance ?
L’année dernière a été particulière. Il y a eu plus de victoires à l’extérieur (NDLR : huit) que les saisons précédentes en raison de l’absence de public dans les stades. On ne peut pas minimiser l’impact de la foule. Jouer…
Je sais laquelle j’ai envie de voir jouer. J’espère que celle qui se présentera à Murrayfield sera celle qui a battu les Anglais. Si ce n’est pas le cas, nous n’avons aucune chance de gagner.
L’Écosse a battu la France lors des deux derniers tournois des Six Nations. Pensez-vous qu’elle abordera ce match avec une certaine confiance ?
L’année dernière a été particulière. Il y a eu plus de victoires à l’extérieur (NDLR : huit) que les saisons précédentes en raison de l’absence de public dans les stades. On ne peut pas minimiser l’impact de la foule. Jouer à la maison devant vos supporters vous donne un avantage important. Vous avez pu le voir il y a deux semaines où le public du Stade de France a porté votre équipe contre l’Irlande dans ce match absolument fantastique. Samedi, le public se rendra à Murrayfield en pensant que l’Écosse peut gagner alors que pendant des années les gens sont venus avec au fond d’eux un espoir de succès. La nuance est importante. Les attentes ont changé. Et je pense que cela a un impact positif sur les joueurs. C’est une source de motivation.
L’Écosse ne préfère-t-elle pas le statut d’outsider ?
Peut-être. Avant le match contre le pays de Galles, nous étions favoris. Et nous ne nous sommes pas présentés au match. Nous n’avons pas joué. Plusieurs de nos joueurs parmi les plus importants ont été médiocres. Contrairement à d’autres équipes, l’Écosse ne peut pas gagner de match si elle n’est pas performante. C’est aussi simple que cela. Je pense que l’équipe doit être très déçue de la façon dont elle a joué à Cardiff. Là, il faut qu’elle sorte une performance de très haut niveau, sinon elle ne pourra pas gagner.
Quels sont les atouts de cette équipe d’Écosse ?
L’Écosse est performante quand elle joue bien en tant qu’équipe. Dans ces moments-là, la qualité qui s’en dégage est supérieure à la somme des talents individuels. Cela a été un fil rouge dans notre histoire. Il nous est arrivé d’avoir de bons joueurs mais nous avons toujours eu besoin d’un élan collectif. Samedi ne sera pas différent. Il faudra que nos avants et nos arrières travaillent vraiment ensemble, limitent leur nombre de fautes et mettent une pression constante sur les Français, prennent toutes les opportunités de marquer et soient absolument impitoyables dans tout ce qu’ils entreprendront.
Est-ce que vous vous souvenez de votre état d’esprit lorsque vous avez affronté la France à Murrayfield pour votre première sélection en 1986 ?
(Rires) Oui. J’étais certainement excité. Vous savez, j’ai souvent bien joué contre les Français parce que j’avais peur. J’avais la trouille de ce qui pourrait arriver si je n’étais pas bon. Les Français avaient tellement de joueurs talentueux. Philippe Sella, Serge Blanco, Franck Mesnel… Ma femme me souffle Abdel Benazzi. Elle était une fan de Benazzi. Ce sont des matches que j’abordais avec plus de peur que de confiance.
Vous aviez donné le coup d’envoi du match en 1986 et vous aviez envoyé le ballon directement en touche et Pierre Berbizier en a profité pour inscrire l’un des essais les plus rapides de l’histoire (1). C’est un souvenir qui vous a marqué ?
Oui. Je m’étais dit : j’espère que la suite de ta carrière internationale sera un peu meilleure que cela. J’étais sans doute un peu nerveux et le ballon était sorti en touche de trois mètres. Je pensais qu’il y aurait une mêlée au centre mais les Français et Berbizier connaissaient mieux la règle et nous avaient surpris en jouant vite une touche.
Mais vous aviez inscrit six pénalités ce jour-là…
Mais j’en avais aussi raté cinq. J’ai regardé une vidéo de ce match pendant le confinement. Si je les avais marquées toutes, j’aurais battu un record qui aurait tenu pendant des siècles. Personne n’a inscrit 11 pénalités dans un match international. Mais j’ai très mal buté durant ce match. Heureusement, l’équipe de France avait été très indisciplinée.
L’année suivante, la France avait gagné après un match spectaculaire. Jusqu’en 1996, les deux équipes étaient très proches l’une de l’autre.
Oui, vraiment. C’était vrai dans le tournoi comme en Coupe du monde. Nous avions fait match nul en 1987 (20-20) et en 1995, Ntamack avait inscrit l’essai de la victoire dans les arrêts de jeu à Pretoria. Du coup nous avions dû affronter, les All Blacks en quarts de finale. Cette défaite-là, je ne l’ai toujours pas digérée. Mais il y a une histoire marrante, c’est qu’en 1994, mon frère Scott et moi, avons fêté notre 50e sélection ensemble à Murrayfield, huit ans après notre premier match contre les Français. C’était assez remarquable. Mais les Français nous avaient battus. J’avais dit à Philippe Saint-André, l’année prochaine, nous viendrons gagner à Paris. Il m’avait répondu, « tu es fou, vous ne gagnez jamais à Paris. Mais c’est pourtant ce qui s’est passé.
Cette victoire à Paris en 1995 reste-t-elle comme l’un de vos meilleurs souvenirs ?
Ah oui, c’était un grand moment. C’était mon dernier match au Parc des Princes et je voulais vraiment réussir un truc. Nous étions menés et puis Greg Townsend (3) m’a fait cette passe et j’ai marqué. C’était notre première victoire à Paris depuis 1969. Je me souviens que la soirée avait été vraiment belle.
Aviez-vous de bonnes relations avec les joueurs français ?
Oui. Malheureusement, il y avait la barrière de la langue. Je le regrette vraiment car je suis sûr que j’aurais pu avoir de très bons amis parmi les joueurs français de cette génération si j’avais eu une meilleure professeur de français à l’école.
Samedi, 70 000 spectateurs vont chanter « Flowers of Scotland ». C’est avec votre équipe en 1990 que cette chanson est devenue un hymne. Vous l’aviez vite adoptée ?
Oui, et c’est difficile d’imaginer qu’avant il y ait eu des matches sans (4). C’est devenu un moment tellement important. Pas seulement pour les Écossais mais pour les supporters adverses. On va aussi au stade pour ces instants de passion et de fierté. Entendre les chants gallois à Cardiff, La Marseillaise au Stade de France, « God save the Queen » à Twickenham. C’est la magie unique du tournoi.
(1) Neuf secondes.
(2) Le record est de neuf pénalités détenu par Andrew Mehrtens (N-Z), Neil Jenkins (Gal), Keiji Hirose (Jap) et Thierry Teixeira (Por).
(3) Une petite chistera à trois minutes de la fin.
(4) « Flowers of Scotland » a été joué pour la première fois contre les Fidji en novembre 1989.