En jargon sportivo-sportif, on appelle ça mettre le tarif. Depuis le début de la saison, l’Aviron Bayonnais fait payer au même prix les visites du stade Jean-Dauger, quelle que soit la notoriété de l’équipe adverse. Après le Racing 92 (31-25), puis l’Union Bordeaux-Bègles (20-15), c’est le champion d’Europe rochelais qui s’est fait facturer son déplacement en bord de Nive (29-13).
Chaque fois, quelque 13 600 spectateurs ont apprécié le rendu. Soit la totalité de la capacité actuelle de l’enceinte bleu et blanc (elle passera à 14 100 quand 500 places de la tribune Nord seront déplacées). Trois…
Chaque fois, quelque 13 600 spectateurs ont apprécié le rendu. Soit la totalité de la capacité actuelle de l’enceinte bleu et blanc (elle passera à 14 100 quand 500 places de la tribune Nord seront déplacées). Trois guichets fermés : l’Aviron réussit aussi son retour en Top 14 dans les tribunes. Quitte à proposer une politique billetterie onéreuse. Le tarif ne s’applique pas que sur le terrain.
Si la maison basque reste (relativement) accueillante pour ses abonnées (environ 5 600 à ce jour), avec des montants annuels dans les standards de l’élite, agrémentés de prestations nombreuses, les chiffres gonflent lorsqu’il s’agit de la vente de places au match. Pour les trois premiers rendez-vous, le prix des sièges achetés en ligne démarrait à 29 euros, pour grimper jusqu’à 75. De bonne guerre économique, puisque l’intégralité s’est vendue.
Mais avec de telles sommes à débourser, l’Aviron peut-il toujours revendiquer le statut de « club populaire » ? Exemple : pour une famille de deux enfants, dans la nouvelle tribune Europcar, qui n’offre pas la meilleure visibilité du stade, la note pour l’un de ces trois matchs pouvait avoisiner les 100 euros.
Le président Philippe Tayeb sait le sujet sensible. Il s’inscrit en faux : « On est un club populaire, on le démontre tous les jours avec nos tarifs ! », assène-t-il. Avec quelques arguments recevables. Des classiques, comme dans d’autres clubs : 50 % de réduction pour les personnes à mobilité réduite, les étudiants et les moins de 18 ans. D’autres locaux : une place achetée en tribune Nord, une place offerte dans la même tribune pour les « Bayonnais non imposables » ; 30 % de remise pour les « bénévoles des associations bayonnaises », toujours en tribune Nord.
Le premier dirigeant défend par ailleurs la visibilité depuis Europcar, derrière les poteaux : « Si j’ai un match à regarder, je le regarde là. Tu vois la trajectoire des courses. Je préfère le voir en Europcar qu’en présidentielle. » Les en-avant ? « Il y a l’écran géant. »
Philippe Tayeb l’assure également : « Le premier prix des places est à 20 euros, en tribune Nord » (derrière les poteaux aussi). En théorie. Car le nombre de ces billets les moins chers est limité. Il n’a pas pu être proposé en ligne lors de l’ouverture de la billetterie pour les trois premières affiches : « On a eu des pré-réservations trop importantes », reconnaît le président. Au final, ce tarif le plus avantageux ne devrait concerner que les réceptions les moins cotées : Perpignan, Lyon, Brive, Castres, Paris et Montpellier.
20 ou 29 euros, ce « prix d’appel » plein tarif reste de toute façon supérieur à celui de la plupart des autres enceintes : à Brive, Perpignan, Pau ou La Rochelle, un quota de billets situés en pesage (debout en bord de terrain) permet d’offrir des tickets entre 13 et 15 euros. Jean-Dauger rénové n’a quasiment plus de pesage : « Structurellement, on ne pouvait plus. On en a quand même 100 à côté de l’estrade, à l’angle de la tribune Nord et de la tribune d’Honneur. Mais la dernière fois qu’on a fait du pesage (NDLR : sous entendu en plus gros volume), c’était contre la Section Paloise. Et ça m’avait traumatisé : il pleuvait des trombes d’eau, on a même remboursé les pesages aux gens. Le pesage aujourd’hui, il n’a plus lieu d’être si on peut ne pas l’avoir. »
Les prix encore plus bas pratiqués par l’UBB, avec des billets à 5 euros dans les virages de Chaban-Delmas, n’affectent pas non plus Philippe Tayeb : « C’est normal, ils ont un stade de 35 000 places à remplir, nous 13 500. » Et le présent lui donne raison. Rappelons toutefois que le réaménagement du stade a entraîné une diminution de la capacité d’environ 3 500 places.
Jusque dans la tarification des places les plus prisées, parmi les plus coûteuses du Top 14, avec du 75 euros en tribune Honneur (présidentielle). Assumé : « La tribune Honneur, ça veut tout dire. C’est des gens qui financièrement savent où ils se situent. Malgré le prix, c’est là où on a le plus de demandes. La rareté ne souffre pas de la crise. »
Ceux qui ne sont pas d’accord avec cette tarification globale ? « Qu’ils s’abonnent, ça leur évitera d’avoir des problèmes de places et de râler », tranche le président bayonnais. Dans le viseur, le modèle rochelais « et ses 13 000 abonnés » : « L’objectif à terme, c’est d’avoir 10 000 abonnés à l’Aviron. Si un jour on a la chance de jouer un top 6, j’espère qu’on sera à ce chiffre. »