S’entraîner pour ne pas jouer est sûrement l’une des pires choses à vivre dans une carrière. Qu’elle soit en huitième division ou en équipe de France. C’est une des règles du jeu que connaissent bien les ailiers du Biarritz Olympique Yohann Artru (30 ans) et Darly Domvo (30 ans). Ils ont respectivement à leur actif sept et un match disputés depuis le début de la saison, dont quatre et aucun avec une place de titulaire. Ils le seront tous les deux ce vendredi soir, à Colomiers (21 heures) pour le compte de la 17e journée.
Et on ne vous parle pas de l’ouvreur Brett Herron. Auteur…
Et on ne vous parle pas de l’ouvreur Brett Herron. Auteur d’une belle saison en rouge et blanc en Top 14, il est absent de la première journée contre Oyonnax (victoire 18-14). Alors que le public d’Aguilera réclame son retour, le staff l’aligne lors des trois rencontres suivantes mais il apparaît quelque peu en difficulté. Il est finalement écarté du groupe après le nul à Nevers (22-22). En décembre, il a signé pour rejoindre Colomiers la saison prochaine. « Avec Brett, c’est un dossier très complexe. Pas dans un sens négatif, mais il n’est pas sélectionnable depuis quelque temps. Pas pour des raisons sportives. Question suivante », a éludé le manager Matthew Clarkin en conférence de presse.
Une fois habitué à la chasuble, aux tribunes voire à regarder les matchs depuis son canapé, la motivation peut faire défaut. Surtout quand l’équipe marche très bien sans vous. « Il y a du monde et les mecs prennent la place, confirme Artru, au BO depuis 2017. On n’a pas beaucoup d’occasions de se montrer donc dès qu’on en a, il faut les prendre. Après le cas perso, ça passe après l’équipe, comme d’habitude ». Mais encore : « On ne va pas se le cacher, c’est quand même du bonheur, tempère l’ailier. On est en haut du classement et on n’a pas la trouille au ventre de jouer le maintien comme certaines équipes. C’est que du bonus de montrer ses points forts ».
Un peu contraint par l’accumulation de blessures (voir par ailleurs) le staff a resserré son groupe, notamment sur des jeunes joueurs (Erdocio, Hébert, Aurrekoetxea, Germain, Cadot, Fariscot, Jonas…). Semaine après semaine, ils démontrent qu’en plus de l’enthousiasme naturel de leur âge, ils ont les épaules pour accumuler les matchs sans défaite (11/17 dont 5 de rang) « Quand on parle de choix, il y a tellement d’éléments qui rentrent en compte, s’explique Matthew Clarkin. Chacun à son histoire, sa forme du moment, son ressenti, ses qualités… À côté de ça, nous avons la volonté de créer des repères pour le groupe. Mais il faut aussi récompenser les joueurs qui jouent moins mais qui bossent autant que ceux qui sont sur le terrain. Tout en respectant les bonnes performances de ceux qui disputent les matchs et qui peuvent enchaîner ».
Maintenant qu’elle s’est fait sa place, cette jeunesse est difficile à déloger mais n’est évidemment pas parfaite. « Cette équipe rajeunie nous apporte beaucoup de fougue, d’énergie. Après il y a des moments où on doit apprendre, concède Yohann Artru, formé à Montpellier. La semaine dernière on n’est pas passé loin de la catastrophe et on a encore appris (victoire sur le fil face à Montauban, 20-17 NDLR) ».
La faute à un relâchement dangereusement habituel d’un bon quart d’heure qui fait revenir l’adversaire dans la course. Il serait donc de bon goût de l’éviter ou de le raccourcir à Colomiers. C’est justement là, que les deux ailiers peuvent jouer leur carte. « Avec Darly sur une aile, on n’attend pas qu’il fasse les mêmes courses de folie que Baptiste Fariscot. Plutôt qu’il soit très solide sous les ballons hauts et qu’il utilise sa palette de jeu au pied. On attend des choses différentes de chaque joueur pour que tout le monde participe à sa façon chose positive », détaille Matthew Clarkin.
L’expérience qu’il manque parfois à la jeune garde biarrote dans la gestion n’a pas non plus coûté trop cher pour l’instant. Peut-être la défaite à Rouen (12-9) et celle à Béziers (17-12). Mais son audace et ses qualités techniques ont permis nombre de victoires dont la dernière. En ajoutant la confiance des cadres déjà installés (Sauveterre, Tyrell, O’Callaghan) et l’envie d’être de la partie de trentenaires en manque de temps de jeu, la sauce pourrait finir de prendre.
Cette carte de l’expérience pourrait d’autant plus payer face à des Columérins, fins connaisseurs des rouages de Pro D2. « Ça va être un gros défi contre une équipe qui joue le haut du tableau depuis de nombreuses années, sait Artru. Mais depuis que le staff est arrivé, on prépare vraiment tous les matchs pour les gagner. Il nous avait mis en alerte après Béziers parce qu’on avait l’habitude de rater les reprises, on a corrigé le tir. On est des compétiteurs, on a faim ». Certains visiblement encore plus que d’autres.

source

Catégorisé:

Étiqueté dans :

,