Le dauphin qui reçoit le leader, sur le papier l’affiche a déjà un parfum de phases finales. En attendant de possibles retrouvailles en mai pour se disputer l’accession à l’étage supérieur, cet Agen-Oyonnax en prime time sur Canal+ Sport sent déjà la poudre et promet un choc de titans ce vendredi à Armandie. Le manager Bernard Goutta a accepté de décrypter les clés de ce duel de prétendants.
Agen 2e(30 pts…
Agen 2e (30 pts, 6 victoires, 4 défaites) qui reçoit Oyonnax 1er (36 pts, 7 victoires, 1 nul, 2 défaites), l’affiche est bien un choc au sommet entre deux ex-pensionnaires du Top 14. Logique de retrouver ces deux équipes dans cette situation après un tiers de la saison ? « C’est normal pour Oyonnax de se retrouver leader, insiste Bernard Goutta. Même si Manny (Edmonds) nous a rejoints, c’est un club qui a gardé de la stabilité au niveau de son staff et une grosse ossature de son effectif. Chaque saison, ils sont dans les six et disputent les phases finales. Ils ont beaucoup d’expérience dans cette Pro D2 avec des joueurs expérimentés. Nous, on a été récompensés de notre très bon second bloc qui nous permet d’être seconds aujourd’hui. La victoire contre Aurillac a été le déclencheur de beaucoup de choses. Elle nous a fait rentrer dans le top 6 et nous a mis sur une très bonne dynamique. »
Avec 320 points inscrits, dont 40 essais, Oyonnax affiche la meilleure attaque de Pro D2 quand Agen (215 points, 20 essais) pointe seulement au 8e rang. « Chaque fois que les équipes vont jouer à Oyonnax, elles font tourner, elles envoient les cadets, ironise le manager agenais. C’est dans ces conditions que cette attaque se met en évidence [NDLR : à l’image du dernier 61-13 contre Rouen]. C’est une équipe très pragmatique, très bien organisée, très chirurgicale. Dès que ça rentre en zone de marque, ça repart avec des points, notamment grâce à leurs ballons portés à partir de pénaltouches avec de bons joueurs très expérimentés. Nous, on a beaucoup de choses à corriger en attaque. Il y a eu des progrès par rapport à notre premier bloc, mais on a encore une grosse marge de progression. On a des opportunités, mais on n’est pas assez pragmatique en zone de marque. »
« Notre défense, c’est notre ADN, notre état d’esprit, c’est ce qui nous a permis de nous retrouver seconds. » Les hommes de Bernard Goutta le sont aussi au classement des défenses avec 159 points encaissés. Mais là encore, Oyonnax les devance (132 points). « Ils nous ressemblent un peu au niveau de la défense et de la philosophie qu’on veut mettre en place. Ils s’appuient sur les standards du très haut niveau. Ça ne m’étonne pas qu’ils soient premiers. » Avec un jeu de dépossession à l’extérieur, la défense du SUA a largement contribué aux exploits à Biarritz et Mont-de-Marsan. Mais à Armandie, où les Agenais sont obligés de faire un peu plus le jeu, ils ne peuvent pas se reposer que sur leur solidité défensive.
Même si Bernard Goutta trouve là aussi des similitudes entre les deux équipes, le jeu au pied des Agenais laisse parfois à désirer. « Il faudrait qu’il soit un peu plus précis, notamment en sortie de camp, reconnaît le manager agenais. On a rencontré des difficultés à ce niveau sur les deux derniers matchs. Ce sont des détails à corriger. » Il compte sur l’expérience de l’ouvreur Lagarde et de l’arrière Buttin pour rectifier le tir à ce niveau. D’autant plus qu’en face l’ex-Agenais Jules Soulan fait des merveilles. « Oyonnax travaille beaucoup ses sorties de camp, ses skills sur le jeu court et long de pression. Ils ont de très bons joueurs capables d’être précis. Malgré tout, on n’a rien à envier à cette équipe à ce niveau. »
Avec 4 essais en cinq matchs, l’ailier Etcheverry s’est rangé dans la case des facteurs X du SUA aux côtés du meilleur marqueur de la saison dernière, le centre Ramoka, et du puissant troisième ligne centre Lokotui. Mais Bernard Goutta l’assure : « Le facteur X de notre équipe, c’est le collectif. À travers lui, il y a des individualités qui arrivent à émerger et débloquent des situations. Mais le talent de notre équipe, c’est notre collectif. Et c’est pareil pour Oyonnax où il y a plus des joueurs expérimentés que des facteurs X. Ils ont Lovobalavu au centre qui a 37 ans et fait encore ses matchs. Ils ont une épine dorsale 2, 8, 9, 10 très au point et de très haut niveau. Mais leur facteur X aussi, c’est leur collectif. »
Bernard Goutta le promet : « Il va y avoir une grosse confrontation devant. » Le manager agenais connaît bien l’entraîneur des avants d’Oyonnax, Vincent Debaty, avec qui il a joué à Perpignan : « C’est un jeune entraîneur qui fait un très bon boulot et sa mêlée a de bonnes stats. Son message, son discours et son humain passent bien, ça se concrétise par des résultats. Oyonnax marque beaucoup sur les ballons portés après pénaltouches [NDLR : le pilier droit Thomas Laclayat est meilleur marqueur de Pro D2 avec 7 essais]. La stabilité de l’effectif leur permet d’être performants avec une excellente connaissance des hommes. Nous, on est un pack en construction. On a vu à Angoulême que quand on n’est pas bien devant, on est en difficulté. Par moments, on manque de maîtrise, on n’est pas assez pointilleux sur des détails pour être tueurs dans les zones de marque. On perd le fil parfois par précipitation. C’est ce que corrige Dave (Ryan) en ce moment. On a encore besoin d’apprendre à se connaître. »
Avec cinq victoires et un nul sur les six dernières journées, les Oyomen arrivent lancés à Armandie. « Bien évidemment que c’est une force, prévient Bernard Goutta. Ça montre la solidité et l’expérience de cette équipe. » Avec autant de bonus (6) que le leader, le SUA a aussi surfé sur une série record de cinq victoires consécutives avant de passer à côté à Angoulême. « Ce n’est pas un coup d’arrêt, c’est une alerte, insiste le manager agenais. Quand tu sors de l’affrontement, quand tu commences à avoir ta défense qui est un peu déstabilisée, quand ta conquête n’est pas là, c’est une grosse alerte pour nous. Ce sont des secteurs qui fonctionnaient très bien jusque-là. À Angoulême, on a perdu la guerre du sol, on s’est fait secouer défensivement et on n’a pas été chirurgical en zone de marque. Mais la dynamique reste positive. » Avec 19 points engrangés sur 25 possibles, le SUA a réussi son second bloc et capitalisé de la confiance. Il a aussi identifié ses failles pour que la désillusion en Charente reste un « accident » de parcours.