«La Coupe d’Europe est morte : bienvenue à l’Afrique du Sud et vive la Champions Cup ». Après 27 années de confrontations entre membres des Six Nations, treize lauréats différents et des titres partagés entre Français (10), Anglais (10) et Irlandais (7), la vieille compétition continentale accueille cette année les provinces sud africaines. Que va-t-elle y gagner ? La question mérite d’être posée avant même de faire l’examen des candidats à la succession du Stade Rochelais le 20 mai prochain à Dublin.
Dans la hiérarchie des priorités qui ont dicté ce énième reformatage de l’épreuve,…
Dans la hiérarchie des priorités qui ont dicté ce énième reformatage de l’épreuve, on peut d’ores et déjà affirmer que ni la cohérence sportive, ni le souci de la santé des joueurs et encore moins le bilan carbone, n’a été placée en tête de liste. Sous l’influence du fonds d’investissement CVC, le rugby international s’est juste lancé dans une expérience qui doit lui permettre d’attirer plus d’audience, de conquérir de nouveaux marchés et d’équilibrer ses comptes.
Encore un miroir aux alouettes ? Peut-être. Ce qui est sûr, c’est que depuis qu’elle est passée sous la direction de l’EPCR en 2014, la compétition qui se rêvait en petite sœur de la Ligue des Champions de football, est loin d’avoir rempli ses objectifs commerciaux. Et ses droits de retransmission, qui en France s’élevaient à près de 30 millions d’euros par an, ont, selon “L’Équipe”, diminué de moitié pour la période 2022-2026.
À quel point, l’arrivée des Stormers, des Bulls et autres Sharks pourra-t-elle booster l’économie de la Champions Cup ? Plombée par la pandémie, elle ne s’est pas aidée en optant l’an passé pour une formule de qualification très alambiquée avec deux poules de 12 équipes. Au-delà de la disparité des affiches, il est impossible d’avoir une lecture immédiate des enjeux d’une journée. Si l’EPCR voulait égarer le grand public, elle n’aurait pas pu trouver mieux.
Mais si cette phase préliminaire a beaucoup perdu en clarté, elle a en revanche gagné en nervosité. Dès la fin de la deuxième journée, on devrait pouvoir identifier les prétendants au tableau des huitièmes de finale. Et l’on ne serait pas étonné de compter les trois représentants de l’Afrique du Sud parmi ceux-là. Leur impact au sein de l’ex Ligue celtique a été immédiat avec dès le printemps dernier la victoire des Stormers sur les Bulls en finale du United Rugby Championship (URC). Cette saison, après neuf journées, trois des franchises sud africaines sont installées aux cinq premières places. « Sportivement, elles ont amené une vraie valeur ajoutée. Elles ont rendu l’URC beaucoup plus compétitive », juge Gerry Thornley, le spécialiste de l’Irish Times. « Elles ont bousculé la suprématie du Leinster. »
À l’heure d’évaluer les chances de chacun, c’est pourtant le Leinster que les sites de paris ont placé en tête de leurs pronostics. Le fait que l’Aviva Stadium accueille la finale de cette édition n’est pas étranger à ce choix. Mais il faut reconnaître aussi que le quadruple vainqueur de l’épreuve (2009, 2011, 2012, 2018) est sans doute la formation la plus régulière des dix dernières années. Et l’on pourra mesurer dès samedi au Havre, le degré de motivation des joueurs de Leo Cullen qui mettront leur invincibilité de début de saison à l’épreuve du Racing 92.
Qui pourrait les faire chuter dans leur quête d’une cinquième étoile ? On a évoqué la menace que constitueront dès cette saison les gros bras sud africains. Mais ce sont évidemment les deux derniers lauréats de la compétition, le Stade Rochelais et le Stade Toulousain qui semblent être les rivaux les plus dangereux pour les Dublinois.
Expérience collective, qualité de l’effectif : les Rochelais qui débuteront en douceur samedi face à Northampton, ont de bonnes raisons d’espérer garder leur trophée. Tout comme les Toulousains peuvent rêver d’un sixième titre.
Mais il est probable que les deux clubs seront confrontés aux mêmes difficultés au sortir de l’hiver : parvenir à être compétitif dans la dernière ligne droite avec des joueurs internationaux qui se seront battus sur tous les fronts. Même avec l’intégration des Sud Africains, l’URC est beaucoup moins homogène et exigeant que le Top 14 et permet à ses équipes de cibler leurs objectifs.
Qui peuvent être les outsiders ? Côté français, le Racing 92, trois fois finaliste, peut avoir son mot à dire s’il survit à une phase de poule délicate (Leinster, Harlequins). Et Montpellier a été gâté par le tirage au sort.
Et chez les Anglais ? Avec des squads amincis en raison de la crise qui frappe leur économie, on ne voit guère que les Saracens, invaincus cette saison, pour porter haut les couleurs de la Gallagher Premiership.

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