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Confrontée à une perte de vitesse du nombre de ses licenciés et à une baisse des audiences pour ses grands événements, l’industrie du sport en France doit accélérer en matière de transformation digitale. Une condition sine qua non pour ne pas se retrouver dépassée par d’autres industries concurrentes.
Avec la pandémie de Covid-19, la pratique licenciée du sport a plongé. Entre 2019 et 2021, l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire recensait une baisse du nombre de licences de 18 à 14,4 millions, soit une diminution de 20 % ! Une baisse de régime au profit de la pratique autonome du sport (via des applications communautaires telles que Strava ou Runkeeper) ou de l’industrie du divertissement (jeux vidéo et audiovisuel), pour qui les dernières années ont été fastes (5,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021, + 13,6 % en deux ans, selon le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs). Trait d’union de ces deux activités : le digital, son caractère interactif et immédiat, qui séduit une nouvelle génération de pratiquants connectés.
Fédérations, clubs, diffuseurs, agences de communication, sponsors, organisateurs d’événements, équipementiers et distributeurs d’articles de sports voient leur modèle économique sous pression. Un paradoxe, alors que la France accueillera les championnats du monde de ski alpin et de rugby en 2023, puis les Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024. Plus que jamais, il est temps pour l’industrie du sport de se fédérer et de s’équiper en outils digitaux pour permettre aux pratiquants de mieux vivre et consommer le sport en France. Certains acteurs se sont néanmoins mis en ordre de marche pour implémenter des solutions digitales améliorant l’expérience des usagers.
Fluidifier la pratique en club
À l’instar de tous les autres secteurs concernés par la transformation digitale, les Français pratiquant un sport prônent l’immédiateté et la facilité. Toute lourdeur administrative représente un frein à leur inscription, à l’image du paiement par chèque par exemple. Les acteurs du sport amateur ont tout intérêt à développer un parcours usager simplifié, à fédérer leur communauté en ligne et à améliorer leur visibilité auprès du public. C’est aussi l’occasion pour les clubs et fédérations de simplifier leur propre gestion et de recruter de nouveaux pratiquants. Des start-up françaises se sont positionnées sur ces sujets, à l’instar de MyCoach, qui facilite la gestion sportive quotidienne des encadrants et fluidifie les inscriptions, grâce au rachat récent de Joinly.
Enfin, les clubs et fédérations peuvent surfer sur la tendance des cours en ligne, liée à la pratique autonome, afin de maintenir un lien avec les licenciés et les accompagner différemment au quotidien. Cette amélioration de l’expérience usager n’est pas la seule finalité poursuivie par le digital. Les données collectées par les fédérations leur permettent d’en apprendre plus sur les pratiquants. Monétisées auprès de marques d’équipementiers, elles pourraient générer de nouveaux revenus.
Réinventer la consommation
La pratique n’est pas le seul domaine qui pâtit. Les retransmissions en direct d’événements intéressent de moins en moins les Français. En cause, la fragmentation de l’offre de retransmission, le piratage, de nouvelles habitudes de consommation sur les réseaux sociaux et sur internet et une concurrence accrue des plateformes de streaming telles que Disney+ ou Netflix. De plus, le simple commentaire des résultats, des images de matchs ou des entraînements intéresse de moins en moins l’audience. Les clubs et les fédérations réinventent donc leur communication digitale pour mieux répondre aux nouvelles attentes des fans. Les plus grands clubs de football professionnel invitent des influenceurs à analyser et commenter les matchs sur Instagram. La plateforme de streaming britannique DAZN comprend un service de paris sportifs. La diffusion des contenus sur les réseaux sociaux est également devenue un sujet clé dans les négociations entre ayants-droits et chaînes TV. Certains acteurs ont bien compris l’importance de ce relais de diffusion, à l’instar de la National Basketball Association (NBA), qui autorise la diffusion libre de quelques actions de jeu pour faciliter l’accès à ses contenus et se rapprocher des fans.
Enrichir le spectacle
La rencontre sportive reste un moment privilégié dans l’agenda d’un fan. Toute mauvaise expérience ternit donc l’image d’un club sportif. Le digital s’impose désormais comme un levier pour améliorer cette dernière. Au Groupama Stadium de Lyon, le spectateur peut réserver et dématérialiser ses billets, commander des produits de restauration depuis sa place, accéder aux statistiques et informations du match en temps réel, ainsi qu’à des jeux interactifs et à des paris sportifs, depuis la même application.
Une certitude se dessine : la modernisation de l’industrie du sport sera une épreuve de fond. L’urgence de la situation invite ses acteurs à agir vite, sans oublier ce qui fait leur lien avec les pratiquants ou les fans. Agir à trop grande allure détruirait la relation de confiance des pratiquants : une transformation hybride apparaît comme la plus bénéfique. Les acteurs de l’industrie du sport ont tout intérêt à prendre exemple sur les mécanismes mis en place par d’autres industries, s’allier pour dépasser une organisation en silos, recruter des talents capables de mener à bien cette transition digitale et définir un plan clair et chiffré à horizon trois à cinq ans pour faciliter les discussions avec de potentiels investisseurs, qu’ils soient privés ou publics.
Le digital, sparring partner des sportifs pros
Le but de tout sportif professionnel est d’améliorer ses performances. Un challenge que s’applique à relever les acteurs du digital. Ainsi, la start-up française Nöliö propose aux coachs et athlètes une plateforme interactive de suivi, de planification et d’analyse des entraînements. Autre jeune pousse de l’Hexagone, PIQ recourt à l’analyse de données, aux objets connectés et à l’intelligence artificielle pour comprendre les mouvements des athlètes et les aider en temps réel à repousser leurs limites.
Ces grands acteurs qui ont réussi à prendre une longueur d’avance
Des grandes marques de sport, ainsi que des fédérations utilisent le digital pour tisser un lien émotionnel avec leurs clients ou leurs adhérents. À l’aide d’agences d’un nouveau genre, telles que The Nemo Point, elles se transforment en véritables médias pour parler à leur communauté. Sans intermédiaire, elles attirent de nouveaux membres grâce à des messages moins formels, plus authentiques et plus riches. Ainsi, avec Conseil Sport, Decathlon informe sur les bienfaits du sport, conseille sur les bonnes pratiques et rend le sport plus accessible. La Fédération Française de Handball va lancer son émission en live sur les réseaux sociaux, en reprenant les codes des médias sportifs : du rythme, des images, des duplex… L’écosystème Handball et les fans peuvent aussi interroger en direct les grandes figures de la fédération : le sélectionneur des Bleus, le Président. Un véritable « institainment ».
« Les acteurs de l’industrie du sport ont tout intérêt à définir des plans clairs et chiffrés à horizon trois ans pour sortir de la pression du résultat sportif à court terme et se fixer un cap pour pérenniser leur activité »
Benjamin Abitbol, Directeur EY-Parthenon :
« La NBA se démarque de certains ayants-droits français en autorisant la diffusion libre de certaines actions de jeu sur les réseaux sociaux pour faciliter l’accès à ses contenus et se rapprocher des fans »
Etienne Costes, Associé EY-Parthenon
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