Si l’on fait le bilan du Tournoi depuis sa création, l’Angleterre et le pays de Galles sont devant mais la France, depuis les années 50, se rapproche à grand pas.
Le Tournoi des Six Nations, ne s’est pas toujours joué à six. Il s’est joué d’abord quatre, puis à cinq pendant 27 ans avant l’arrivée de la France, puis à cinq pendant 90 ans avant l’arrivée de l’Italie. Les nations ne sont donc pas tout à fait à égalité au moment de dresser le palmarès. Mais entre 1883 et 1900, les Anglais et les Gallois furent boycottés de-ci de-là par les autres nations.
Deux nations dominent le bilan de cette compétition : l’Angleterre et le pays de Galles, la nation fondatrice et son meilleur élève. Les Anglais comptent 29 victoires seules et les Gallois 28. Si l’on prend en compte les Grands Chelems, la hiérarchie est la même : treize pour le XV de la Rose et douze pour les Gallois. Mais si l’on observe les victoires partagées, Londres et Cardiff sont à égalité : 39 partout.
Mais si l’on regarde le bilan sous un angle plus ciblé on se rend compte que la France est en train de rattraper son retard. On peut faire démarrer cette accélération à partir d’une date clé : 1954, date de la première victoire des Bleus dans le tournoi (mais ce succès était partagé). Dans ce laps de temps, les Français ont donc gagné 26 Tournois dont 10 grands chelems, contre 21 pour les Gallois (cinq Grands Chelems) et seize pour les Anglais (sept Grands Chelems). Les Tricolores en sont à 18 victoires seules.
Les deux « géants » du rugby britannique ont connu des périodes de vaches maigres : les Anglais ont souffert dans les années 60, 70 et même 80 (avec un Grand Chelem en 1980, comme une oasis). Les Gallois ont crié famine dans les années 80 et 90 et même au début des années 2000. Ils ont empoché un Grand Chelem en 2005, après 27 ans d’abstinence, avec trois infamantes cuillers de bois au passage (1990, 1995 et 2003). Les Anglais ont fini à zéro en 1972 et 1976. Entre 1957 et 1991, ils n’ont connu qu’un Grand Chelem en 34 ans, une victoire seule et deux victoires partagées. Pour la nation qui abrite le plus de pratiquants.
La France s’est montrée globalement plus régulière depuis les années 50, même si les années 2010 furent laborieuses (mais sans cuiller de bois).
Les autres nations sont à la traîne, l’Irlande et l’Ecosse sont à 14 victoires seules et à trois grands chelems. Les Italiens n’ont jamais gagné le Tournoi, même à égalité. Leur bilan reste égal à zéro.
À noter que l’Irlande accélère elle aussi le rythme. Nous l’avons longtemps connue à un seul grand Chelem (celui de 1948 sous le commandement de Karl Mullen), mais elle a récidivé en 2009 et en 2018 avec des victoires seules en 2014 et 2015. On la sent en pleine remontée.
L’Écosse, elle patine elle n’a plus gagné le Tournoi depuis 1999. Elle a connu trois grands chelems en 1925 (GPS McPherson), 1984 (Jim Aitken), et 1990 (David Sole). On a du mal imaginer le quatrième dans un futur proche.
Mais au moment de faire le bilan du pays de Galles, on se rend compte que les Celtes revendiquent deux grands Chelems en 1908 et 1909 à un époque où le Tournoi comptait officiellement quatre nations, mais la France faisait le Tournoi en Pirate. Au moment de faire les comptes, les Gallois ont raflé ces deux victoires sans sourciller.