Alors que la concession actuelle s'achève en 2025, l'Etat, propriétaire de l'enceinte de Saint-Denis, tergiverse sur la stratégie à adopter pour la suite. La Cour des comptes, les fédérations sportives et les collectivités locales attendent des réponses.
Par Les Echos
Quel avenir pour le Stade de France ? L'Etat, son propriétaire, se creuse la tête et planche sur le renouvellement de la concession qui s'achève en 2025 pour que cette fois-ci elle fasse couler moins d'encre, génère moins de frais d'avocats et nécessite moins de deniers publics.
Les services de Bercy sont en effet en train de rédiger le cahier des charges d'un appel d'offres d'une nouvelle concession pour le premier trimestre 2023 avec une sélection en 2024, ont rapporté plusieurs sources proches du dossier à l'AFP.
Signé à la va-vite entre les deux tours de l'élection présidentielle de 1995, le contrat de concession accordé à un consortium Vinci/Bouygues, constructeurs du stade, prend fin en juillet 2025. D'ici là, la plus grande enceinte de France aura déroulé sa pelouse à la Coupe du monde de rugby, offert une nouvelle piste aux athlètes des JO, et accueilli moult concerts comme bientôt Metallica.
Les récents propos du président du PSG Nasser Al-Khelaïfi, en bisbilles avec la Ville de Paris sur le Parc des Princes et se montrant intéressé par le « SDF » ont rappelé que l'avenir de l'enceinte était en suspens. Même si l'idée que le PSG joue à Saint-Denis peut sembler improbable.
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En réalité, l'Etat se creuse les méninges depuis déjà plusieurs années et empile les rapports pour savoir comment exploiter au mieux cette enceinte de 80.000 personnes qui va aussi avoir besoin d'un coup de neuf, vingt-cinq ans après la coupe du Monde 1998.
Surtout, le modèle choisi doit coûter moins cher à l'Etat. Entre les contentieux, l'indemnité pour absence de club résident versée pendant des années, les compensations diverses comme récemment pour les travaux du RER B, le Stade est devenu un poids financier : quelque 778 millions de dépenses publiques pour le stade et les infrastructures associées, avait calculé la Cour des comptes en 2018, sollicitée par le Premier ministre de l'époque, Edouard Philippe. Celui-ci n'avait alors pas exclu l'hypothèse d'une vente et la Cour préconisait à l'époque que l'avenir du Stade « soit arrêté au plus tard au cours de l'année 2019 ».
Dans un rapport consacré aux Jeux olympiques de 2024 publié la semaine dernière, la Cour des comptes s'est ainsi émue que l'affaire traîne. Et, devant l'hypothèse d'un appel d'offres au printemps 2023, jugé que « ce calendrier est le plus défavorable pour l'Etat qui, comme en 1995, va se retrouver sous la pression tant des candidats que des fédérations sportives ».
L'incertitude règne d'ailleurs sur ce que vont faire les Fédérations de football (FFF) et de rugby (FFR), qui se sont souvent plaintes de leur sort, jugeant un temps le coût trop élevé pour le foot ou projetant d'aller construire un stade ailleurs pour le rugby.
Les collectivités comptent aussi s'inviter à la table. « J'ai dit à l'Etat que nous souhaitions que les collectivités locales soient dans la nouvelle concession et aient une place dans la gouvernance », a expliqué le maire PS de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, interrogé par l'AFP, qui veut un stade « plus ouvert sur la ville ».
Il faudra aussi que le nouvel exploitant s'engage « sur un programme de travaux » pour que l'enceinte reste « attractive », explique une source gouvernementale. Pour l'instant, des travaux notamment d'éclairage (LED) ont été menés, pour un montant d'environ 40 millions sur la facture des JO.
Les relations entre le Stade de France et le Comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojo) sont d'ailleurs « tendues », a appris l'AFP de sources concordantes. Le consortium gérant le stade a finalement refusé de s'engager dans l'organisation des épreuves olympiques elles-mêmes, repassant la balle au Cojo.
Autre sujet de discorde : le prix à payer pour dédommager le consortium en raison de la période d'immobilisation du fait des JO, plus longue que prévu, notamment en raison de travaux. Des négociations sont en cours, tant sur le montant que sur sa prise en charge. Une partie pourrait l'être par l'Etat.
Source AFP
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