Le président de la Fédération française de rugby (FFR) Bernard Laporte (Alain Jocard /AFP)
Bernard Laporte sera-t-il encore le président de la Fédération française de rugby (FFR) le 8 septembre prochain quand le XV de France lancera sa Coupe du Monde à domicile face à la Nouvelle-Zélande ? A l’écouter, la question ne se poserait même pas. Pourtant, la pression monte sur le patron du rugby français. Trois jours après sa condamnation à deux ans de prison avec sursis pour favoritisme, l’ancien entraîneur de Toulon est de plus en plus isolé. Ce vendredi matin, le comité d’éthique de la fédération lui a demandé de se «mettre en retrait provisoirement, à titre conservatoire jusqu’à décision pénale définitive» et de désigner «sans délai un président délégué».
Ce comité, selon le règlement de la FFR, est «doté d’un pouvoir d’appréciation indépendant» et «est habilité à saisir les organes disciplinaires compétents et chargé de veiller à l’application de la charte d’éthique et de déontologie du rugby et au respect des règles d’éthique, de déontologie, de prévention et de traitement des conflits d’intérêts».
Dans un courrier de trois pages envoyé au ministère des Sports, à Bernard Laporte et au secrétaire général de la FFR, le Comité fédéral d’éthique et de déontologie considère que l’ancien sélectionneur n’est «plus en mesure […] de justifier du crédit et de l’autorité suffisants à incarner sereinement le niveau d’exigence et d’éthique requis» ni de «défendre en toutes circonstances l’intérêt général du rugby français» ou de «susciter la confiance nécessaire à cet exercice dans des conditions qui ne soient pas de nature à jeter l’opprobre sur l’institution fédérale en mettant en doute son fonctionnement régulier, sincère et intègre».
Le Comité a donc demandé sa mise en retrait provisoire et non de nouvelles élections puisqu’il serait remplacé par un président délégué, Laporte restant de fait élu fédéral. Un bureau fédéral doit d’ailleurs se réunir d’ici les fêtes de fin d’année, selon les informations de l’AFP, pour examiner cette injonction. Et si elle n’était pas suivie, la commission de discipline de la Fédération pourrait être saisie.
En poste depuis fin 2016, le président de la FFR, réélu en 2020 pour un mandat de quatre ans, a été reconnu coupable de cinq des six infractions pour lesquelles il était poursuivi, dont corruption passive et trafic d’influence. Laporte et l’homme d’affaires Mohed Altrad, président du club de Montpellier, ont été condamnés mardi par le tribunal correctionnel de Paris pour un pacte de corruption lié notamment au parrainage du maillot du XV de France. Puisqu’il a fait appel de la décision, la peine de prison avec sursis, ainsi que l’interdiction d’exercer l’activité de président de la FFR pour une durée de deux ans, ne sont pas immédiatement exécutoires.
Mais l’ancien demi de mêlée, âgé de 58 ans, paraît de plus en plus isolé : jeudi, la Ligue nationale de rugby, malgré le soutien dont bénéficie «Bernie» auprès de plusieurs présidents de clubs, s’était déjà rangée derrière la ministre des Sports. Amélie Oudéa-Castéra avait appelé dès mardi, quelques heures après le jugement, à «un nouveau temps démocratique pour permettre aussi rapidement que possible au rugby français de repartir sur des bases suffisamment saines et solides».
«Ce nouveau contexte fait obstacle à ce que Bernard Laporte puisse, en l’état, poursuivre sa mission dans de bonnes conditions à la tête d’une Fédération délégataire d’une mission de service public, à un moment aussi décisif pour le rugby français que la dernière ligne droite avant une Coupe du monde de rugby où la France recevra les nations du monde entier», avait-elle estimé. Laporte, lui, s’était retiré mardi «temporairement et volontairement» de ses fonctions de vice-président de World Rugby, l’instance dirigeante du rugby mondial.

© Libé 2022
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