Depuis mardi et l’annonce de la liste des 42 joueurs retenus pour préparer le début du Tournoi des VI Nations en Italie le 5 février (16h), le cas d’Emmanuel Meafou fait beaucoup causer. Non retenu par le staff des Bleus, le deuxième-ligne d’origine australienne est pourtant dans le viseur du sélectionneur Fabien Galthié. Mais pour des raisons d’éligibilité, il n’est pas encore sélectionnable et ne le sera qu’à partir de novembre 2023. Il ne pourra donc pas participer à la Coupe du monde 2023 avec le quinze de France. La raison est double.
D’abord, lorsque Bernard Laporte a été élu président de la Fédération française de rugby en 2016, il a imposé d’être en possession d’un passeport français pour être « sélectionnable » avec l’équipe de France. Souvenez-vous, le fidjien Alivereti Raka avait alors entamé des démarches, longues, pour finalement obtenir le précieux sésame en janvier 2019. L’ailier de Clermont avait ainsi pu participer à la Coupe du monde avec les Bleus au Japon en 2019. Emmanuel Meafou a lui aussi entamé des démarches administratives dans ce sens. Il devrait très prochainement recevoir son passeport français. Malheureusement, cela ne suffira pas.
En effet, les règles d’éligibilité dictées par l’article 8 du règlement de World Rugby ont changé depuis le 1er janvier 2022. Alors qu’il était nécessaire de résider 36 mois consécutifs dans un pays pour être sélectionnable pour ce pays, il faut désormais y avoir résidé 60 mois. Meafou est arrivé en France en décembre 2018. Il ne sera donc « sélectionnable » pour l’équipe de France qu’en novembre 2023. Interrogé par nos soins, un des membres du staff du XV de France a répondu : « On le sait depuis un moment qu’on ne pourra pas le sélectionner pour la Coupe du monde. »
Le Toulousain subit une double peine. En décembre 2021, Meafou était sélectionnable, mais il n’avait pas le passeport français. Alors qu’il va recevoir le précieux sésame, il n’est toujours pas sélectionnable car la règle de World Rugby a changé. Le deuxième-ligne d’origine australienne est alors contraint de patienter.
La question est de savoir si Emmanuel Meafou est susceptible d’être sélectionné par un autre pays, même si selon nos informations, son désir est clairement de prendre son mal en patience et d’attendre d’être éligible pour les Bleus. La réponse est oui, mais les possibilités sont très limitées. Le deuxième-ligne est né en Nouvelle-Zélande. Il pourrait ainsi jouer pour les All Blacks. En théorie oui, selon la règle 8 de World Rugby. Mais la Fédération néo-zélandaise a instauré une règle : il faut jouer en Nouvelle-Zélande pour être sélectionnable. Donc impossible pour lui de revêtir le maillot à la fougère argentée. Emmanuel Meafou a ensuite grandi en Australie. Il détient la citoyenneté australienne et le passeport qui va avec.
Eddie Jones, qui vient d’être nommé à la tête des Wallabies à la place de Dave Rennie, pourra-t-il rafler la mise et sélectionner le Toulousain ? La réponse est oui, toujours selon l’article 8 de World Rugby. Mais là encore, la Fédération australienne a imposé une règle d’éligibilité pour les joueurs évoluant à l’étranger, qu’elle a récemment modifiée, en février 2022. Trois joueurs évoluant à l’étranger peuvent intégrer les Wallabies, à condition de cumuler plus de 30 sélections. Même si quelques exceptions sont possibles, puisque Will Skelton, 24 sélections, a par exemple été sélectionné cet automne. Mais règlementairement parlant, Meafou n’est pas « officiellement » sélectionnable avec l’Australie.
Il reste enfin les Samoa, le pays de naissance de ses parents, dont il détient un passeport. Le Toulousain pourrait participer à la Coupe du monde avec la formation samoane qui l’accueillerait à bras ouverts. Mais la possibilité de le voir porter le maillot des Samoa est plus qu’improbable. Son désir étant de jouer pour la France.
Emmanuel Meafou devra patienter jusqu’à l’après Coupe du monde 2023 pour faire ses débuts en Bleu. En revanche, rien n’empêche Fabien Galthié de le convoquer pour un stage avec les Bleus et lui faire découvrir le groupe France. Mais au regard du nombre déjà élevé de joueurs toulousains sélectionnés (11 pour le prochain rassemblement), ça paraît difficile de priver le Stade Toulousain d’un énième élément. Pour porter le maillot frappé du coq et fêter sa première sélection, Meafou devra donc attendre le Tournoi 2024.

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