Tandis que la position du directeur général de France 2023, Claude Atcher, est fragilisée par des révélations de faits graves dans le management de ses équipes, la situation financière de la future compétition est florissante. Le budget prévisionnel, quasiment bouclé, prévoit même de dégager au terme de la Coupe du monde un bénéfice net de 68 millions d'euros dévolus au développement du rugby.
Par Antoine Boudet
Indéniablement fragilisé par les révélations dans la presse de pratiques managériales qui pourraient être condamnables au terme des enquêtes en cours, le directeur général de France 2023, Claude Atcher, peut néanmoins se prévaloir jusqu'à présent d'avoir bien géré le budget du Groupement d'intérêt public (GIP) constitué pour la circonstance.
« Le business model de notre Coupe du monde de rugby est unique, explique-t-il. Car nous en avons acheté tous les droits auprès de Rugby World Cup, la filiale commerciale de World Rugby, à l'exception des droits audiovisuels qui sont restés sa propriété et ont été cédés pour la France à TF1. Cela nous donne des obligations mais aussi une forme de liberté qui nous permet de gérer ces droits de façon plus autonome. »
Pour financer l'activité du GIP, une société commerciale a été créée en empruntant 42 millions d'euros auprès de la Société Générale. « Une somme intégralement remboursée aujourd'hui », précise Claude Atcher. Et ce dernier de souligner qu' « il n'y a pas d'argent public investi dans l'organisation et de l'événement. Mieux même, on a fait une revue budgétaire qui fait état d'un bénéfice net de 68 millions d'euros. »
Or dans la convention constitutive du GIP, il est explicitement prévu que l'ensemble des bénéfices sera dévolu au financement d'actions de développement du rugby en France. Des actions qui seront portées par le comité d'héritage après avoir été approuvées par le comité d'éthique du GIP et le dernier conseil d'administration de celui-ci qui entérinera sa dissolution en mars ou avril 2024. Des appels à projet devront se manifester avant la fin de l'année 2023.
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Un nouveau coup d'accélérateur attendu alors que le rugby des clubs se porte à merveille, avec un record de licenciés à la FFR et un retour à une affluence moyenne en Top 14 « pré-covid », à 13.349 spectateurs dans chaque stade, soit un taux de remplissage de 71 %, selon les derniers chiffres de la Ligue Nationale de Rugby (LNR), avec un record pour le RCT/Stade Toulousain qui avait attiré 63.789 spectateurs au Stade Vélodrome à Marseille. Côté audience, Canal+ a communiqué sur les demi-finales à Nice qui lui ont permis de battre leur record de saison, avec 1,061 million de téléspectateurs avec un pic à 1,225 pendant le match. Tandis que pour la finale Castres – Montpellier au Stade de France, France 2 a réuni 3,22 millions de téléspectateurs et Canal+ 690.000 téléspectateurs.
Côté préparation de la Coupe du monde, tous les voyants sont au vert sur le plan budgétaire. Sur les 760 millions d'euros de recettes attendus, 335 millions viendront de la billetterie. « A ce jour, nous avons encaissé 258 millions, et sur les 70 millions qui restent nous avons des garanties sur 50 % qui sont des contingents de billets pour nos partenaires », précise Claude Atcher.
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« Nous sommes sereins sur le fait que nous vendrons 100 % des billets, soit 2,6 millions », ajoute-t-il. Sur la partie voyage, donc vente aux étrangers, l'objectif de 220.000 billets a été pulvérisé avec 287.000 billets vendus. « Nous allons accueillir entre 600.000 et 800.000 étrangers en France pendant la Coupe de monde », se félicite le patron du GIP.
Quant aux recettes de sponsoring, avec trois niveaux de partenariats « partenaire officiel, fournisseur officiel et supporter officiel », « il y avait 28 places, nous les avons toutes vendues pour environ 85 millions d'euros de recettes », souligne Claude Atcher. Dernière officialisation en date, celle du géant japonais Canon qui annonce ce lundi rejoindre « la Coupe du monde de Rugby 2023 en France en tant que fournisseur officiel d'imagerie. »
Sur la dernière grande source de revenus, les hospitalités (loges, restauration, etc.), le patron du GIP indique que 67 % des produits disponibles sont vendus. « Nous avons encore 70 millions d'euros de recettes à aller chercher pour atteindre nos objectifs de résultat », conclut Claude Atcher.
Antoine Boudet
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