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Touché à la cuisse en novembre, Cheslin Kolbe a retrouvé la compétition à Bayonne, lors de la 14e journée de Top 14, le 31 décembre. L’international sud-africain (29 ans, 23 sélections) espère désormais être épargné par les pépins.
Arrivé à l’été 2021, et alors que plusieurs médias l’envoient au Japon, Cheslin Kolbe a tenu confirmer qu’il serait bien Toulonnais jusqu’au terme de son contrat, en juin 2024. Une mise au point qu’il estimait nécessaire. Mais, au-delà de son avenir, le champion du monde 2019 est longuement revenu sur ses blessures, la façon dont il a géré la frustration, la santé mentale des sportifs ainsi que sa profonde détermination à réussir à Toulon.
Cheslin Kolbe affirme qu’il ne quittera pas le RCT avant la fin de son contrat, en juin 2024
Nous sommes contents de vous savoir de retour…
Et moi donc… Ces derniers mois, j’ai connu des pépins, ce qui ne m’a pas permis d’enchaîner comme j’aurais aimé le faire. Est-ce le lot de tous les rugbymen? Probablement, mais je reconnais que les choses ont parfois été plus simples pour moi… Le plus important est d’être enfin libéré des blessures, d’être en forme et prêt à aider l’équipe. J’aimerais enfin avoir de la continuité.
Comment expliquez-vous cet enchaînement de blessures (1)?
Parfois, tu n’as pas le moindre pépin de la saison, tu enchaînes, tu sens que tout va pour le mieux. Et parfois, sans raison, tu te blesses, tu repars de zéro… Enfin si, il y a toujours une raison, et la clé est justement de la trouver. Il faut parfois une pause pour reposer le corps. Ou la tête. Me concernant, c’est particulier, car je n’ai pas été habitué à enchaîner les blessures. Donc je dois m’adapter, comprendre ce que je dois mieux faire à l’entraînement, me concentrer sur les réathlétisations, bien bosser avec les médecins, mieux me conditionner…
On vous sent peiné par votre début de saison…
Ce que j’ai donné est loin de ce que j’aurais aimé donner. Je sais qu’il y a beaucoup d’attentes depuis mon arrivée à Toulon et je le comprends sans problème. Mais, depuis le début de saison, j’ai eu le malheur de me blesser à deux reprises lors de rencontres internationales et j’ai ainsi eu du mal à trouver l’enchaînement après lequel je cours. J’aimerais ne plus être blessé, jouer chaque week-end et être la meilleure version de moi-même, comme j’ai su le faire à Toulouse.
Quelle peut en être la raison?
Pour l’instant, je n’arrive pas à la trouver. Est-ce lié au fait que j’ai longtemps été épargné par les pépins? Avais-je besoin d’un break mental et physique? Je ne sais pas, mais je suis frustré de ne pas réussir à enchaîner depuis mon arrivée à Toulon… Je joue, je repars à l’infirmerie, je reviens quelques rencontres, je me reblesse… C’est compliqué de reconnaître que l’on est dans ce cercle un peu vicieux. Et je suis vraiment reconnaissant envers le club qui me supporte, sur et en dehors du terrain. On aurait facilement pu me dire que je ne répondais pas aux attentes, mais au contraire, on m’a accompagné, redonné confiance et on a tout mis en place pour que je revienne au meilleur niveau. J’apprécie, et j’ai envie de le rendre sur le terrain, car on ne m’a jamais abandonné.
Comment fait-on pour rester concentré sur l’équipe quand on ne peut pas enchaîner?
Certains ont besoin de prendre du recul, mais moi je préfère rester connecté avec le groupe, me sentir proche. J’essaye de faire mes séances de réathlétisation en même temps que l’équipe, pour rester à proximité, que les infos primordiales me remontent. Je ne veux pas me mettre à l’écart, car ce serait prendre le risque de m’isoler, de me sentir seul.
Vous évoquez la solitude du blessé. La santé mentale chez les sportifs de haut niveau est au cœur de l’actualité ces derniers mois. Dès lors, comment faites-vous pour garder le moral durant vos périodes de blessure?
Le cerveau de chaque mec n’a pas besoin d’activer les mêmes stimuli. En ce qui me concerne, mon équilibre, ma paix intérieure et ma joie passent par ma femme, mes deux filles et ma famille en Afrique du Sud. Ce sont les personnes qui seront toujours là sans considérer mes performances. Celles qui me supportent dans les bons comme dans les mauvais moments. C’est là où je me sens serein. Ma famille a sacrifié énormément de choses pour que je poursuive mon rêve et je ne les remercierai jamais assez. Enfin, j’aime également prendre l’énergie positive que je reçois de la part des supporters, via des messages qui me donnent beaucoup de force. Je suis extrêmement reconnaissant. Bon, j’en reçois également des négatifs, mais je préfère ne pas m’y attarder.
Quand tout ne se passe pas comme espéré sur le terrain, arrivez-vous à être la meilleure version de vous-mêmes à la maison?
Je pense arriver à faire la part des choses entre le campus, où je ne suis concentré que sur la performance et la maison. C’est important de trouver l’équilibre. Ce n’est pas toujours simple car, parfois, tu rentres à la maison avec beaucoup de frustration, mais je fais en sorte, autant que je peux, de ne pas le faire ressentir dès lors que je pousse la porte de la maison.
Un mot, sur les messages “négatifs” que vous recevez?
Ce sont probablement des supporters qui attendent énormément de moi et que je ne parviens pas à convaincre. Je comprends leur déception, mais pas forcément la démarche… Parfois, je lis les messages, forcément, mais globalement j’essaye de me protéger des réseaux sociaux. En revanche, je ne réagis pas, car ça peut entraîner des pensées négatives, qui ne servent pas tes performances. En tout cas, ça ne t’aide pas à être meilleur sur le terrain. Donc j’essaye de m’en servir pour me donner de la motivation et leur prouver qu’ils se trompent.
Repensez-vous parfois au gamin du Cape de 5-6 ans qui jouait au rugby seulement pour le plaisir? Imaginait-il un jour recevoir ces messages?
Tu n’imagines jamais que le “toi du futur” pourra vivre du rugby, alors comment imaginer qu’il doive composer avec les attentes et des messages de supporters (sourire)? Cependant, les attentes font partie du jeu, il faut composer avec. Puis tu ne peux pas te réjouir du soutien quand tout va bien et te plaindre des critiques quand c’est plus compliqué. Dès lors, tout ce que je maîtrise, c’est de tout donner dès lors que je joue au rugby…
Malgré toutes ces contrariétés, on sent dans votre discours votre détermination à réussir avec Toulon…
Je veux aider cette équipe et gagner des trophées. Je ne pense qu’à ça. Je ne suis pas venu à Toulon seulement pour jouer au rugby, mais pour devenir une meilleure personne, un joueur plus accompli et gagner des titres. C’est mon état d’esprit, et je n’accepte pas de ne pas aller de l’avant. Même si je ne réussis pas aussi vite que j’aurais aimé le faire, je ne baisserai jamais les bras, je bosserai plus dur chaque jour.
Êtes-vous heureux aujourd’hui?
Je le suis. En tant qu’homme, mais également en tant que joueur. Je suis reconnaissant envers tant de personnes de me permettre d’être encore joueur de rugby, de prendre du plaisir. Et le jour où je ne m’amuserai plus, je n’aurai pas peur de raccrocher. Aujourd’hui, j’aime mon sport et je veux simplement retrouver mon meilleur niveau, car je sens que je peux aider l’équipe, le club.
Enfin, plusieurs médias vous ont envoyé en Afrique du Sud l’été dernier et d’autres au Japon l’été prochain. Qu’en est-il?
C’est fou comme les gens peuvent créer une information… C’est frustrant, énervant. Et je suis content de pouvoir clarifier: je n’ai la tête qu’à Toulon. Je suis ici et ce au moins jusqu’en 2024. J’aime ma vie ici, ce club, ce groupe et je n’ai aucune intention de rejoindre le Japon ou un autre club. Je ne sais pas d’où viennent ces rumeurs, mais elles servent seulement à vendre des journaux et faire parler les gens… C’est pénible. Il ne faut pas croire tout ce qu’on lit. Ce n’est pas d’actualité, je suis heureux à Toulon et je ne veux pas perdre de temps avec ces rumeurs.
1. Arrivé blessé au genou gauche en 2021, Cheslin Kolbe a depuis connu: une fracture du pouce (avec opération) en avril 2022, une fracture de la mâchoire avec les Springboks à l’été 2022 et une blessure à la cuisse en novembre, encore avec la sélection.
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