Avec leur aura d’invincibilité due à un taux de pourcentage de victoires hors norme (supérieur à 75 % depuis plus d’un siècle), les All Blacks intriguent et fascinent autant le public féminin que masculin.
Si les mots “mythiques” et “légendaires” ont un sens, ils s’incarnent à la perfection dans la réussite de l’équipe nationale de rugby de la Nouvelle-Zélande, où ce sport collectif cimente et unit la population comme une véritable religion.
Haka, tenue noire, fierté, jeu millimétré, abnégation et sens du collectif : depuis plus d’un siècle, match après match, génération après génération, culture et tradition ancestrales tissent la légende des All Blacks.
Symbole historique et culturel de la Nouvelle-Zélande, le haka est le terme générique qui désigne les danses chantées par les Maoris, l’une des populations autochtones des îles du Pacifique-Sud (notamment Tonga, Samoa et Fidji) et de la Nouvelle-Zélande, où les Maoris ont commencé à s’installer au VIIe siècle. Cette coutume ancestrale revêt une grande importance dans la culture maorie, où l’on danse le haka notamment lors les cérémonies de bienvenue mais aussi, le cas échéant, avant de partir à la guerre, pour effrayer l’ennemi.
Comme le rugby, depuis l’émancipation du pays de la tutelle britannique, le haka est devenu un marqueur de l’identité néo-zélandaise. Repris sur la pelouse des stades, pour impressionner l’adversaire, le haka des rugbymen néo-zélandais ne date pas d’hier : ils le pratiquent depuis leur première tournée à l’étranger, en Angleterre, en 1888 … On s’en doute, l e haka des All Blacks a beaucoup évolué depuis ses débuts.
Plus hospitalier qu’agressif dans les années 20, voire ridicule si l’on se réfère aux premières images filmées, la danse chantée des All Blacks, est progressivement devenue le haka guerrier que nous connaissons. Les joueurs qui le pratiquaient à l’origine dans un coin du terrain, l’exécutent aujourd’hui au centre de la pelouse, pour mieux impressionner l’adversaire. Enfin, il est devenu systématique : depuis la première Coupe du monde de rugby en 1987, où la Nouvelle-Zélande a battu la France en finale (29-9), pas de match des Blacks sans haka, y compris sur le sol néo-zélandais.
En Nouvelle-Zélande, il existe des dizaines de hakas. Jusqu’au 27 août 2005, les Blacks n’avaient utilisé que le “ Ka Mate ! Ka Mate ! ” (“Je meurs ! Je meurs !”), suivi de “Ka ora” (Je vis !), le haka composé en 1820 par le chef maori Te Rauparaha, de la tribu Ngati Toa, qui avait réussi à échapper à ses ennemis grâce à la protection d’une autre tribu. Le “Ka Mate” était destiné à remercier ceux qui l’avaient aidé.
En 2005, face aux Springboks sud-africains , leurs ennemis intimes, les Blacks ont exécuté pour la première fois une version de haka guerrier encore plus explicite, le Kapa o Pango “, où les joueurs terminent agenouillés, leur pouce tranchant leur gorge… Tout un programme.
Faut-il ignorer le haka ? Rester immobiles et défier du regard les Blacks ? Avancer vers eux jusqu’à la ligne médiane ? Le 23 octobre 2011, lors de la finale de la Coupe du monde de rugby qui les opposaient à la Nouvelle-Zélande à l’Eden Park, à Auckand, les Bleus ont formé le V de la victoire , avant d’avancer main dans la main , jusqu’à la limite protocolaire pour faire face à leurs adversaires qui avaient choisi d’exécuter le “Kapa o Pango”.
Certains joueurs français étaient même allés au-delà de la ligne médiane… Mauvaise idée : l’IRB a jugé que la France avait contrevenu à un ” protocole rituel et culturel” , alors que les équipes avaient été prévenues des sanctions en cas d’infraction avant le début du tournoi. Au-delà d’une condamnation à une amende symbolique de 2 880 euros , pour avoir franchi la ligne médiane du terrain pendant le haka des Blacks, leur réponse n’a pas porté chance aux Bleus : la France a finalement été battue d’un cheveu par la Nouvelle-Zélande (8-7).
Si les Néo-Zélandais jouent en noir, alors que le drapeau de leur pays est bleu-blanc-rouge, c’est en hommage à la culture maorie – tout comme le fameux haka- pour laquelle le noir, qui symbolise aussi dans la tradition armoriale “la prudence, la sagesse et la constance”, représente la vie et la fécondité.
A l’origine, quand Charles John Monro importe le rugby d’Angleterre en Nouvelle-Zélande, en 1870, les rugbymen néo-zélandais portent un maillot bleu marine et un short blanc. C’est en 1893, lors de la première assemblée générale de la fédération kiwi (NZRU) que leur capitaine d’alors, le Maori Thomas Rangiwahia Ellison, propose aux joueurs la tenue noire, du maillot au short en passant par les chaussettes.
Le maillot de légende de l’équipe qui allait devenir les “All Blacks” était né. Il existe une autre explication, plus guerrière : pour certains, les “ Blacks” portent le noir en signe de deuil pour leurs adversaires… Quoi qu’il en soit, sur la planète rugby, le maillot noir incarne aujourd’hui la réussite et les valeurs morales véhiculée par le ballon ovale.
Les “All Blacks” (“Tout noirs”) , ne se sont pas toujours appelés ainsi. Leur surnom actuel, centenaire, ne viendrait pas directement de la couleur de leur maillot, mais d’unecoquille” , une erreur de typographie d’un journal anglais. En 1905, l’équipe de Nouvelle-Zélande effectue sa première tournée en Europe. ” The Originals” , c’est leur surnom d’alors, alignent 32 matchs victorieux , dont un contre la France, le 1er janvier 1906, pour une seule défaite.
Devant leur jeu époustouflant, un journaliste du “Daily Mail” les surnomme les ” All Backs” , ” tous arrières” en français, c’est-à-dire “tous attaquants” en rugby. Croyant à une faute de frappe, au vu de la tenue intégralement noire des Néo-Zélandais, un correcteur aurait transformé la formule en “All Blacks”. Pour d’autres, ce serait une sténo qui en prenant en note l’article du journaliste aurait compris “All Blacks” et non “All Backs”. Deux versions qui n’ont jamais été vérifiées et qui entretiennent la légende des Blacks.

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