« Il faut tenir combien ? », demande fébrilement Jean-Luc. « Il y a cinq minutes d’arrêts de jeu », réplique sa femme Sylvie. Les plus de 300 supporters du Pau FC qui ont fait le déplacement au Matmut Atlantique ont tremblé jusqu’au coup de sifflet final. Samedi soir, en Ligue 2, l’improbable derby de la Gascogne n’aura pas eu de vainqueur. Les Girondins de Bordeaux et le Pau FC se sont quittés avec un pion chacun. Et pour les Palois, ce match nul a la saveur d’une victoire.
Tout avait démarré à 14 h 30, sur le parking du stade du Hameau. Le Pau FC avait affrété deux cars pour se rendre en Gironde.
« C’est notre premier déplacement », confie alors Élodie. Cette bénévole de la buvette du Pau FC est venue avec son fils Quentin…
Tout avait démarré à 14 h 30, sur le parking du stade du Hameau. Le Pau FC avait affrété deux cars pour se rendre en Gironde.
« C’est notre premier déplacement », confie alors Élodie. Cette bénévole de la buvette du Pau FC est venue avec son fils Quentin, qui évolue en U11 chez les jaune et bleu. Elle a aussi invité son frère Frédéric, pour son anniversaire.
« Mon club de cœur, c’est les Girondins », confesse le fan de 49 ans, avant de soulever son t-shirt sous lequel apparaît… un maillot au scapulaire ! « Le Pau FC, je suis plus suiveur que supporter, admet Frédéric. Le plus dur sera de ne pas célébrer quand Bordeaux va marquer. » Sa sœur lui a quand même demandé de porter l’écharpe du Pau FC.
Un match de championnat contre Bordeaux ? « On ne sait pas si on aura l’occasion de revoir ça un jour », glisse Olivier, pote de Frédéric « depuis 1986 ». Également soutien des Girondins, il pronostique « 1-1 ». Frédéric penche pour « 3-1 ».
L’embarquement ne va pas tarder. Francis et Pedro sont abonnés depuis la montée en Ligue 2. « Mais avant, on venait voir tous les matchs », précise Francis. Il ouvre sa veste pour en sortir un paquet. Fumigènes ? Non ! Un sachet de pipas, ces graines de tournesol grillées dont les Espagnols raffolent. « Les pipas me calment les nerfs, déroule Francis. Car quand je vois comment l’équipe recule, recule… Cela me rend fou. »
Dans le car, Jean-Luc use d’une image : « Ils plient comme le roseau ». Le supporter aussi est venu en famille de Lescar, avec sa femme Sylvie et son fils Julien, 23 ans. « Je suis l’équipe depuis la montée en National, explique Sylvie, dans son accent chantant du Sud-Ouest. Les matchs étaient le vendredi soir, sauf que mon mari travaillait. Alors je m’y suis collée pour amener Julien. »
La mère de famille loue l’état d’esprit bon enfant du club palois. Il s’est notamment exprimé l’an passé, à l’occasion d’un sujet de la chaîne beIN Sports sur les jeunes en situation de handicap.
« Ils sont entrés en contact avec nous via l’association Trisomie 21, témoigne Sylvie. Puis le tournage s’est fait à la maison avec Julien. La journaliste lui a conseillé de regarder le reportage jusqu’à la fin. Les joueurs et l’entraîneur Didier Tholot ont parlé pour Julien, puis Koffi lui a remis son maillot. Ils sont au top. »
Le convoi palois arrive en Gironde. Il fait une halte sur l’autoroute, pour rejoindre les policiers qui doivent l’escorter jusqu’au stade. Les bondissants supporters ultras de la Stup ont leur propre car. Ils en descendent à coups de chants, craquant quelques fumigènes au passage. Le tout sous le regard médusé de routiers faisant sécher leur linge sur la carlingue de leur camion.
Pas encore arrivés au stade mais déjà bien ambiancés les supporters du @PauFootballClub #fcgbpaufc #Ligue2 pic.twitter.com/XvFmwPRSr1
C’est un des rares avantages des arrêtés préfectoraux qui encadrent (parfois jusqu’à l’absurde) les déplacements des supporters visiteurs : l’escorte policière fend bibliquement les bouchons de la rocade bordelaise. Et cela fait beaucoup rire les Béarnais. « On va être à l’heure pour l’échauffement », se marre l’un d’eux.
Installés dans le parcage du Matmut Atlantique, ils ne vont pas rater le coup d’envoi. Ni même les magnifiques tifos déployés par les Ultramarines pour célébrer leurs 35 printemps.
En vidéo, c'est pas mal aussi #FCGBPFC pic.twitter.com/wwI0PipTy3
« Je suis super fier d’être là, avec mes deux clubs de cœur, confie Frédéric en embrassant l’enceinte du regard. Quand Bordeaux est descendu, j’ai pleuré. Dans la voiture, j’ai toujours eu un petit nounours et le fanion des Girondins. C’est aussi une fierté d’avoir Didier Tholot comme entraîneur à Pau. Il a joué aux Girondins. C’est quand même lui qui marque le but contre le Milan AC en 1996. »
Quand Frédéric commente la partie qui se joue, il use du « on ». Mais il s’applique alternativement aux Palois comme aux Bordelais.
Grosse ambiance dans le parquage des supporters palois au Matmut Atlantique #FCGBPAU pic.twitter.com/BiqRdKG8Xc
23e minute. Les filets tremblent à l’opposé du parcage. Bassouamina vient de marquer, déclenchant la liesse béarnaise. « Une action, un but. Ça, c’est du réalisme », sourit Jean-Luc à la mi-temps. En seconde période, le roseau palois va être mis à rude épreuve. Mais les vendanges bordelaises sont tardives cette année. Quand les frappes ne touchent pas les montants, elles trouvent le portier palois. « Un très grand Olliero », tranche Frédéric en fin de rencontre.
Ils servent des pintes de bière de 40 cl à la buvette des visiteurs. Dans le même état d’esprit, on se dit qu’ils peuvent arrêter le match à la 80e minute. Les Palois repartiraient alors avec une victoire dans le carnier. Mais le jeune Pirringuel en décide autrement. Il égalise. « Maintenant, il faut tenir », assène Jean-Luc.
« Match nul, c’est bien », conclut Frédéric au coup de sifflet. Le résultat satisfait toutes les parties de son cœur. Il est temps de remonter dans le bus pour les supporters palois, après avoir semé derrière eux quelques coquilles de pipas.
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