Il a troqué le ballon pour les cahiers. Yoann Huget, ancien joueur de rugby du Stade Toulousain et de l'équipe de France (62 sélections), avait mis un terme à sa carrière à l'issue de la saison 2020-2021, conclue sur un formidable doublé championnat de France / coupe d'Europe.
Ces titres, l'Ariégeois n'avait pas pu les apprécier pleinement. Blessé gravement au tendon d'Achille lors d'un match de Top 14, puis opéré dans la foulée, il avait été contraint de regarder ses copains s'adjuger les deux trophées à distance. Sa participation à l'épopée rouge et noir lui avait tout de même permis de brandir le bouclier de Brennus avec les autres joueurs, même si la veste avait alors remplacé le maillot.
Depuis environ un an et demi, Yoann Huget a donc laissé les terrains et sa riche aventure toulousaine derrière lui. Âgé de 35 ans, le grand noiraud de Pamiers est de retour sur les bancs de l'école, reconversion professionnelle oblige. C'est au Centre de droit et d'économie du sport (CDES) de Limoges (Haute-Vienne), ayant vu passer des figures telles que Zinédine Zidane, qu'il est engagé. "En septembre 2021, c'était un peu bizarre de retourner à l'école. Je me demandais vraiment si j’avais fait le bon choix en arrêtant le rugby", avoue l'ex-professionnel, passé par le SU Agen et l'Aviron bayonnais.
Mais l'homme avait "besoin de prendre du recul" par rapport au rectangle vert. L'idée n'était pas de "se précipiter dans un projet rassurant", plutôt de se "mettre en danger".
Presque chaque jour, le triple champion de France se lève aux aurores, enfile ses baskets et effectue sa petite séance de course, histoire de garder "des habitudes de sportif". Une fois de retour dans sa maison située à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), qu'il avait acquise lors de son passage à Bayonne, le père de famille consacre son temps à ses enfants. La "journée tourne un peu autour d'eux".
Le fait de tâter la balle ovale quotidiennement, en revanche, ne lui manque pas forcément. "Ce qui me manque, c'est plus l'ambiance du vestiaire et brancher les mecs le matin", se marre l'ancien international.
Pourtant, exit les straps et bruits de crampons. Place aux stylos et à l'ordinateur. Au CDES, dans la 12e promotion du DU Manager Général, Yoann Huget côtoie d'autres anciens sportifs de haut niveau bien connus des suiveurs. "Je me suis retrouvé avec des joueurs d’exception comme Olivier Magne, Loïc Perrin, Yohan Cabaye… Des gars que je regardais à la télévision. Est-ce que c’était ma place ? Au début, je n’en étais pas sûr", lâche l'Appaméen d'origine.
En clair, c'est comme si une deuxième vie avait démarré. "C’était la fin de ma carrière. Je n’avais fait que du rugby… Et là, je suis un mec ayant du mal à courir qui reprend les études !" Et d'enchaîner : "Quand on est rugbyman pro, on est choyé. Au Stade Toulousain, tout est pris en compte, de la chaussette à la casquette. Presque du jour au lendemain, je me suis retrouvé confronté à plusieurs petits problèmes de la vie."
Cette "vie normale", l'ancien sprinteur du XV de France a fini par s'y habituer. Chaque mois, il passe une semaine avec sa quinzaine de camarades du CDES, sillonnant les clubs de l'Hexagone en quête de nouvelles connaissances. Récemment, Yoann Huget a ainsi pu observer le fonctionnement du Racing club de Strasbourg, club de Ligue 1 (football).
Et en ce début janvier 2023, c'est un peu le retour au bercail. Actuellement, l'Ariégeois s'aguerrit en effet dans les entrailles du Stade Toulousain. Comme un symbole, pour celui qui se voit réintégrer le club à l'avenir, une fois sa formation terminée. "Mon projet professionnel est lié au Stade Toulousain, à l'image de ma vie. On monte quelque chose en parallèle", révèle ainsi Huget.
Directeur général, directeur sportif… L'objectif est d'occuper un poste à mi-chemin entre le président et l'entraîneur. Mais avant cela, le gamin de Pamiers doit valider son diplôme. "J'ai un mémoire à rendre chaque année. Et mon cycle de formation se finit en juin prochain." Nul doute, donc, que l'Ariégeois repointera bientôt le bout de son nez au bord des terrains. Comme il aime à le dire : "Quand on est passionné, on le reste à vie."
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