Un jour, il faudrait faire le compte des bonnes idées issues des confinements. « Choeurs de rugby » de Guilhem Herbert, magnifique album de 160 pages (1), « Voyage en pays d’ovalie » par le prisme des hymnes en fait assurément partie.
JOUR J 📖
"Rugby en choeurs", ouvrage consacré aux hymnes nationaux de 12 nations emblématiques du rugby, sort aujourd'hui 🏉
Un immense merci aux @edamphora chez qui ce livre est publié 😍
J'espère que vous aurez autant de plaisir…
JOUR J 📖
"Rugby en choeurs", ouvrage consacré aux hymnes nationaux de 12 nations emblématiques du rugby, sort aujourd'hui 🏉
Un immense merci aux @edamphora chez qui ce livre est publié 😍
J'espère que vous aurez autant de plaisir à le lire que j'en ai eu à l'écrire ✏ pic.twitter.com/CY6p8x6Lcr
C’est en mars-avril 2020, dans son village de Morcenx où il passe cette période si particulière de nos vies, que le Landais trouve le temps de coucher sur le papier une intuition née cinq ans plus tôt. Plus exactement lors du quart de finale de Coupe du monde 2015 entre l’Irlande et l’Argentine, couvert pour la Chaîne L’Équipe. « J’y ai vécu un moment grandiose pendant les hymnes. Le « Irland Calls » (couplé au « Amhran Na Bhfiann » en gaëlique, les deux Irlande étant réunies dans une même équipe nationale de rugby NDLR), particulièrement galvanisant et le « himno nacional » plus lyrique des Argentins qui chantaient comme si leur vie en dépendait. Sous le toit fermé, le stade était en ébullition. Je me suis demandé ce que les joueurs pouvaient ressentir et j’ai pensé qu’il serait intéressant de leur demander ».
Il en sort une présentation de quatre pages, laisse traîner l’idée pendant une bonne année occupée à travailler pour Canal+ et retrouve le document dans son ordinateur en avril 2021. « Je me suis dit : autant le proposer à un éditeur. J’envoie sept ou huit mails et le soir même, Renaud Dubois de chez Amphora me répond qu’il est intéressé ».
Une belle idée, effectivement. « Le match ne commence pas au coup d’envoi mais au moment des hymnes », résume Guilhem Herbert. Les joueurs agrippés les uns aux autres, le visage déformé par l’émotion, « tout rugbyman rêve de le vivre. C’est un rite initiatique, le moment de se galvaniser une dernière fois avant de partir au combat. Christian Califano raconte qu’il était dans un état second durant « la Marseillaise », comme hors de lui-même. Il dit même qu’il lui parlait, la remerciait ! ».
Dans « Choeur de rugby », chacun des douze hymnes est étudié selon les mêmes angles : les paroles en version originale sous-titrée, l’étude de l’air par Thomas Rieppi, docteur en éducation musicale, l’explication historique, l’hymne dans un moment particulier de l’histoire de la sélection.
Et surtout de nombreux témoignages. David Campese, Gareth Edwards, les Français Philippe Sella, Fabien Pelous, Christian Califano, Jessy Tremoulière ou Charles Ollivon (pour la préface), Will Carling – qui « ne trouve pas « God save the Queen » particulièrement beau ni émouvant » (sic) -, Conrad Smith, Sergio Parrisse,…, les plus grands de ce sport y sont.
Pour les réunir, tout un petit réseau s’est mis en marche : attachés de presse de clubs du Top 14, copains journalistes de rugby, consultants de Canal+… Et un brin de culot, aussi. « J’ai longuement rencontré Philippe Sella à Agen, il était trop content d’en parler. Je lui ai dit que j’avais du mal à joindre Will Carling. Une demi-heure plus tard, j’avais le numéro avec un message : « Il attend ton appel » . Pour David Campese (Australie), j’ai tenté un message sur sa page Facebook. Il lui restait trois jours de confinement, je l’ai joint en visio pendant une heure… »
À l’arrivée, c’est plus qu’un panorama du rugby international. Les hymnes sont une porte d’entrée vers la culture et la grande histoire des pays. Le « Nkosi Sikelel’Iafrika » qui combine cinq langues fut par exemple un outil de réconciliation durant la Coupe du monde 1995 pour Nelson Mandela, porté à la tête de l’Afrique du Sud à la sortie de l’Apartheid. « Nous n’avons pas seulement dû apprendre l’hymne mais aussi le comprendre. Afin de le chanter de la bonne manière, c’était primordial de se pencher sur la signification de chaque mot et de chaque phrase », raconte Joël Stransky, auteur des 15 points des Springboks en finale face aux All Blacks.
« Le sport peut amener autre chose que le sport lui-même », confirme Guilhem Herbert qui place le « Land of my fathers » en tête de son classement personnel : « Il y a le contexte du stade (fermé par un toit NDLR) mais c’est surtout pour la culture des chœurs d’hommes et du chant au pays de Galles. Ils ont une fierté à chanter fort et bien qui me touche ».
(1) Editions Amphora. 29,95 €.

source

Catégorisé:

Étiqueté dans :

,