Dans un communiqué qu’il nous a transmis, Jean-Claude Skrela, ancien sélectionneur des Bleus et membre de la liste d’opposition Ovale Ensemble, explique son désaccord au sujet de la récente démission des siens. En ces termes.
Vendredi dernier, lorsque le comité directeur de la FFR décida de rester en place après la démission de Bernard Laporte et malgré le souhait de la Ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, de procéder à de nouvelles élections, la liste d’opposition Ovale Ensemble menée par Florian Grill avait quant à elle choisi de démissionner de l’instance gouvernante, au motif de ne vouloir "cautionner un tel diktat sur le rugby français".
Au total, c’étaient donc neuf élus (Serge Blanco, Florian Grill, Fabien Pelous…) qui avaient ainsi quitté leurs fonctions au sein de l’instance gouvernante du rugby français, laissant la politique fédérale sans opposition jusqu’à décembre 2024. Ce matin, Jean-Claude Skrela, ancien sélectionneur national et membre de la liste d’opposition, nous a fait passer un communiqué au sein duquel il s’élève contre cette décision : "Ma position était que nous devions rester au Comité directeur de la FFR, par respect pour les clubs qui ont voté pour nous, en nous accordant successivement 49 et 51%. Notre démission empêche ceux qui ont voté pour nous d’être représentés au Comité directeur de la FFR. Nous ne pouvons pas abandonner les clubs qui nous ont accordé leur confiance. C’est notre démission qui permet à la liste au pouvoir de gouverner seule et sans opposition, dans un entre-soi dangereux", assure Skrela.
"Les deux dernières années, dans tous les comités directeurs, nous avons pleinement joué notre rôle. Je suis fier du travail accompli, au nom de l’intérêt général, des valeurs qui m’animent depuis toujours au service du rugby et des clubs. Pourquoi se retirer maintenant ? Je ne connais pas la raison. Ce n’est pas une décision qui a été prise collectivement au sein du groupe des élus d’Ovale Ensemble. Et, comme avait répondu Jean-Pierre Rives ensanglanté à l’arbitre, lors du grand chelem 77 : "Sortir ? Mais pour aller où ?". Comment voulez-vous que les clubs nous fassent confiance si nous désertons le terrain ? Sur le pré, je n’ai jamais jeté l’éponge, en qualité de joueur de 4ème série à l’Isle Jourdain, de joueur international, d’entraîneur de club, de sélectionneur du XV finaliste de 1999 ou encore comme DTN à la FFR. J’ai combattu jusqu’au bout, quelle que soit la virilité du match. Et ça pendant des années et des années. Aujourd’hui je continue à défendre ce que je pense être juste et utile au rugby. Par respect pour la vie démocratique de la Fédération, je n’ai jamais changé de camp. Je ne le ferai jamais. J’ai été à l’initiative du groupe qui deviendra par la suite Ovale Ensemble. Je reste fidèle à mes engagements, mes idées et mes convictions. La démocratie, c’est un échange constructif … ou pas… mais toujours vivant, entre une opposition et une majorité. Imagine-t-on un groupe politique à l’Assemblée nationale, ou au Sénat, démissionner en plein milieu d’une séance ? Il faut savoir garder ses nerfs. Malgré le résultat de la consultation, la gouvernance majoritaire en place à la FFR, a utilisé, comme c’est son droit, les règles statutaires qui lui permettent de conserver le pouvoir, au moins jusqu’à la prochaine AG. C’était un devoir de rester à l’intérieur pour porter nos valeurs et défendre tous les clubs qui nous ont fait confiance.", explique l'ancien sélectionneur.
"Par respect pour le XV de France et toutes les équipes de France Aujourd’hui, les problèmes de gouvernance prennent le pas sur le sportif. Au moment du premier match du Tournoi, je suis inquiet C’est notre devoir collectif d’entourer, de protéger et de soutenir le XV de France. Au-delà du XV, qui parle des performances des filles (2èmes) et des garçons (4èmes) dans le tournoi du 7 à Sydney ? Toutes ces équipes savent gagner. Nous, nous avons transformé notre victoire en défaite. Comme me l’a dit un dirigeant de club "Vous êtes partis. Nous ne sommes plus rien." Je ne peux pas m’y résoudre. Oui, je suis triste. L’ensemble des clubs souhaitent maintenant que l’on passe à autre chose, que l’on parle de rugby, des grandes échéances internationales qui arrivent et surtout de leurs préoccupations au quotidien."
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