Comment s’est passée votre acclimatation en Nouvelle-Zélande ?
Le fait d’arriver quinze jours avant la compétition nous a permis de nous acclimater tranquillement. Parce qu’entre le décalage horaire et les heures d’avion (une trentaine, NDLR), c’est une sacrée aventure (sourire)… Mais en gros, je me lève encore à cinq heures du matin (1), j’aimerais dormir un peu plus (rires). Petit à petit, ça va de mieux en mieux.
Le fait d’arriver quinze jours avant la compétition nous a permis de nous acclimater tranquillement. Parce qu’entre le décalage horaire et les heures d’avion (une trentaine, NDLR), c’est une sacrée aventure (sourire)… Mais en gros, je me lève encore à cinq heures du matin (1), j’aimerais dormir un peu plus (rires). Petit à petit, ça va de mieux en mieux.
Où êtes-vous basée ?
En plein centre-ville d’Auckland (dans la partie nord de l’île du Nord, NDLR). On y restera pendant la compétition car les matchs ont lieu ici et à Whangarei, qui est à deux heures de route. Sinon, on ne bougera pas, on sera dans le même appart hôtel pendant sept semaines.
Avez-vous pu profiter de la Nouvelle-Zélande avant que les choses sérieuses ne commencent ?
On ne profite pas vraiment, parce que tous les jours, nous avons des activités, que ce soient des entraînements ou des réunions. On ne peut pas se lancer sur des grandes excursions, nous faisons donc du tourisme local.
Au-delà de la Coupe du monde, est-ce un plaisir, en tant que passionnée de rugby, d’être en Nouvelle-Zélande ?
Quand on aime le rugby, on veut aller au pays du rugby (sourire). Depuis petite, je me disais « un jour, j’irai en Nouvelle-Zélande ». Je ne savais pas pour quelle occasion ce serait mais là, je ne peux pas rêver mieux que de dire « j’y suis pour arbitrer une Coupe du monde » (rires). Ça atténue clairement la frustration de ne pas pouvoir visiter le pays… Je sais que je suis là pour l’aspect sportif et, malgré tout, on a une journée « off » par semaine donc on va quand même s’organiser quelques sorties.
Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’orée de ce Mondial ?
J’ai hâte que ça commence, maintenant. Car c’est une longue préparation, d’autant que ça a été repoussé d’un an. On n’attend que ça, enfin on touche au but. Il y a beaucoup d’impatience. Ça a été beaucoup de travail et de sacrifices dans mon quotidien, j’ai laissé une grande place à cette préparation physiquement, mentalement et techniquement. On n’y pense pas forcément, mais un arbitre se prépare autant qu’un joueur, et ça a pris une place très importante dans mon quotidien.
Le plateau sera relevé pour cette édition…
L’Angleterre et la Nouvelle-Zélande seront attendues, mais toutes les cartes seront rebattues. On annonce par exemple 30 000 personnes à l’Eden Park le samedi en ouverture, cela aura automatiquement un impact différent, l’atmosphère sera différente, l’aspect psychologique sera fort. On n’est pas à l’abri de voir une équipe favorite passer à côté de son tournoi, on l’a vu lors de chaque compétition, masculine ou féminine, il y a toujours des surprises. Mais c’est sûr que la Nouvelle-Zélande et l’Angleterre sont favorites et que la France les suit de près.
Les équipes ont la pression pendant une Coupe du monde, est-ce aussi le cas pour les arbitres ?
Pour le moment, on est un petit peu protégées de ça car nous sommes dans notre petite bulle, avec des gens autour de nous qui gèrent cette pression pour nous. Mais j’ai pu échanger avec Joël Jutge, qui est le responsable des arbitres internationaux et qui est français, il me disait « là tout va bien, mais quand les premiers matchs vont passer, s’il y a des choses discutables, automatiquement, sur une Coupe du monde on va beaucoup plus discuter que sur une Tournée ». Tout va être beaucoup plus scruté, les attentes seront beaucoup plus importantes avec un droit à l’erreur quasiment inexistant.
Surtout avec une presse de l’hémisphère Sud qui a montré par le passé – et récemment avec Mathieu Raynal en Australie après un match contre les All Blacks – qu’elle pouvait être très dure.
Tout à fait. L’aspect médiatique est très important, qui plus est au pays du rugby. Automatiquement, ils joueront toutes les cartes à leur disposition à fond, et si on ne peut pas déstabiliser l’adversaire, autant déstabiliser l’arbitre (rires).
Avez-vous des ateliers pour vous y préparer ?
Oui. Pendant toute la compétition, un préparateur mental sera avec nous, il y aura des ateliers de groupe toutes les semaines pour gérer la pression et la vie de groupe. Parce que finalement, on est quasiment une trentaine de personnes qui ne se connaissent quasiment pas, donc vivre avec quelqu’un qu’on ne connaît pas pendant sept semaines… Il y aura peut-être des tensions qui se créeront, il faudra gérer cela pour que ça se passe de la meilleure des façons.
Vous aurez le privilège d’arbitrer la Nouvelle-Zélande chez elle, contre l’Écosse, est-ce un moment que vous attendez, également ?
Oui. Sincèrement. J’ai fait la Nouvelle-Zélande en novembre contre l’Angleterre, c’était mon premier haka et, déjà, une expérience forte. Là, je me dis que chez elles, si on se retrouve dans un stade plein, la ferveur sera très importante. Quoi qu’il arrive, ce sera un bon moment.
Votre objectif est-il, comme les équipes, d’aller au-delà de la phase de poules ?
Tout à fait. C’est un peu la compétition dans la compétition, même si on n’aime pas dire ça. Nous avons notre carte à jouer, nous ne venons pas juste pour arbitrer des matchs. L’objectif ultime de tout le monde est de pouvoir arbitrer la finale. Mais, comme les équipes, il y a des personnes qui ont des points d’avance, d’autres qui sont outsiders, il faut jouer sa carte à fond et on verra à la fin.
Comment va votre anglais, en Nouvelle-Zélande ?
(Sourire.) Mieux ! Après, les Néo-Zélandais ont un accent que les Anglais ont du mal à comprendre, donc je me dis que ce n’est pas que de ma faute (rires). Je me suis dit qu’au retour de cette compétition, l’anglais ne sera plus une difficulté au quotidien.
(1) L’entretien a été réalisé le 30 septembre.