La Fédération française de rugby a annoncé la semaine dernière qu'elle s'est offerte les services de l'entreprise américaine SAS pour analyser de façon plus poussée les données sportives auxquelles elle a accès. Cette dernière a créé pour son staff une plateforme basée sur les données de 1450 matchs, en plus de ses entraînements, qui sert d’aide à la décision stratégique et à la préparation.


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La Fédération Française de Rugby (FFR) mettait déjà ses données à profit par le biais de capteurs ou boitiers GPS installés dans le dos des joueurs à chaque match, qui enregistrent des informations telles que l’intensité des chocs, la vitesse ou la distance parcourue… Mais depuis l’année dernière, le XV de France et son sélectionneur Fabien Galthié ont passé un nouveau cap en signant un contrat avec SAS, entreprise américaine spécialisée dans l’analyse de données à grande échelle.

L'éditeur a créé pour eux une plateforme qui analyse les données des rencontres internationales des trois ou quatre dernières années, mais aussi celles du Top 14. Elle s’appuie pour l’heure sur environ 1450 matchs, mais est automatiquement actualisée à chaque nouvelle rencontre.

“C'est ce qu’on appelle des données 'event', elles nous permettent de connaître la timeline des matchs, de savoir quelles actions de jeu ont été produites à quels instants, quelles stratégies ont été mises en place, et comment cela a joué ou non sur les résultats”, explique Charlotte Douette, data scientist chez SAS et chef de projet sur le contrat entre le fournisseur et la FFR.

Ces données “évènement”, dont la captation est assurée par un prestataire extérieur, s’ajoutent, dans la base de données, à celles apportées par les boîtiers GPS, ainsi qu’à celles fournies par les entraînements et les matchs du XV de France, directement codées par les équipes data de la FFR. SAS se charge du traitement (nettoyage et consolidation), de l'intégration à la base de données, de l’analyse, et envoie des rapports détaillés au staff de la FFR.
La plateforme s’articule en actions de jeu : la touche, le jeu au pied, les rucks, etc. Elle fonctionne comme un moteur de recherche dans lequel on peut entrer des requêtes et des filtres. Tous les entraîneurs de la FFR ont un accès à la plateforme et y ont été formés par les équipes techniques de SAS. Ils peuvent ainsi analyser leurs propres performances pour comprendre leurs forces et faiblesses, ou s’intéresser aux données des prochains adversaires. Quelles stratégies ont adopté les équipes qui l’ont battu, et comment jouaient celles qui ont perdu contre eux ? C’est une aide à la décision stratégique qui permet d’orienter les entraînements.

Par exemple, lors de la préparation du match France – Afrique du sud, qui a eu lieu mi-novembre (et a été remporté par les Bleus 30-26), la plateforme avait mis en évidence un gros avantage de l’équipe sud-africaine en matière d’expérience collective de jeu, ce qui se répercute sur la cohésion de l'équipe.

“SAS compare les chiffres des trois ou quatre dernières années, d’une quinzaine de nations, pour identifier le vécu des équipes, a détaillé Fabien Galthié lors de la conférence de presse. Il s’est avéré que l’équipe sud-africaine avait quatre fois plus d’expérience collective que la française. Ceci a permis aux entraîneurs français de savoir que leur équipe devrait travailler davantage sur l’aspect collectif du jeu pour remporter le match.” La plateforme avait aussi permis d’identifier où, comment et sur quel tempo les équipes victorieuses avaient fait jouer les Sud-africains.
“La plateforme ne construit pas non plus la feuille de match de la prochaine rencontre, ce sont les coachs qui ont la main et le feeling pour ça. Mais elle permet d’avoir des feedback chiffrés, aide à calibrer la stratégie collective et à savoir sur quoi il faut travailler lors des entraînements”, indique Charlotte Douette.

Fabien Galthié tient lui aussi à cette précision, sur laquelle il a terminé sa prise de parole lors de la conférence de presse : “Pendant le match, je ne suis connecté à rien. Il n’y a pas un chiffre qui m’impacte quand je fais mes changements. Je regarde, j’écoute, je suis au cœur de l’environnement. On prend nos décisions à l’intuition, au savoir-faire. Notre intelligence prend toujours le pas, aidée par des outils fantastiques.”

Après une mise en jambe réussie, le prestataire développe à présent une fonctionnalité permettant de suivre les performances individuelles de chaque joueur en fonction des objectifs associés à son poste, qui devrait être testée lors du Tournoi des Six nations en février prochain.
Est-ce que cet investissement sur les données donne un avantage à l’équipe française dans la compétition internationale ? “Je pense clairement que le XV de France a une avance, oui. D’autres nations analysent certainement les données, mais je doute qu’ils aient une plateforme aussi poussée. Nous avons travaillé dessus pendant un an pour arriver à quelque chose d’aussi solide”, affirme Charlotte Douette.

Et quand on lui demande si SAS accepterait de fournir le même type de logiciel à une autre équipe de rugby, la réponse est “non, on ne travaillerait pas avec des adversaires de la FFR car nous avons une sorte de clause d’exclusivité avec elle. Sur d’autres sports, en revanche, ce n'est pas un problème !” Notons que l'entreprise travaille déjà depuis plusieurs années avec la Fédération britannique d’aviron (British Rowing) et les Orlando Magic, une équipe de NBA.
Autre technologie de pointe intégrant petit à petit le monde du rugby : le ballon connecté, qui donne accès à des informations telles que la vitesse de lancer du ballon, la rotation de celui-ci ou encore la distance de frappe. Les premiers tests ont été réalisés pendant la Tournée d’Automne. Ces données devraient également être exploitées en les centralisant sur la plateforme. Même chose pour les données recueillies par les protège-dents connectés, qui fourniront quant à eux des données sur les impacts et les contacts, la dimension “combat”, très présente dans le rugby.
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