Le 19 janvier, Christophe Urios, le nouvel entraîneur en chef de l’ASM Rugby, a été présenté à la presse par le président Jean-Michel Guillon. Installation, ambitions, supporters, José Mourinho, recrutement, personnalité… l’ancien coach de Castres, d’Oyonnax et de Bordeaux se confie.

Comment s’est passée votre arrivée à Clermont ?
Tout d’abord, je voulais dire que j’avais une sensibilité pour Jono (Gibbes), je prenais plaisir à discuter avec lui sur les bords du terrain avant et parfois après les matches. J’avais un grand respect pour le mec, le technicien, pour ce qu’il avait fait. je sais que ce n’est pas facile… Il y a deux mois c’était moi. Avec Xavier (Sadourny) aussi j’avais de très bonnes relations. C’était important de le dire car je le pense sincèrement.

Et vous voilà à la tête de l’ASM, en pleine saison…
Cette situation, c’est celle que j’ai connue il y a deux mois, je la connais, ce n’est pas facile à vivre, je sais qu’elle est source de questionnements mais il y a une énorme envie de relever ce défi. Je suis très fier car Clermont, l’ASM, Montferrand à mon époque de joueur, c’est une marque. Ça veut dire que c’est une histoire, des titres… mais une histoire c’est aussi un territoire. Le rugby pour moi c’est une émotion partagée avec les gens au stade, c’est ça le rugby pour moi. On peut jouer de différentes façons, peu importe. L’important c’est que ça colle avec les gens qui viennent au stade. Ça pour moi c’est le rugby. C’est sur le terrain que ça se passe. J’ai envie que les supporters viennent au stade parce qu’on a une belle équipe avec un état d’esprit fort et avec une identité de jeu claire. Le troisième point, c’est coller avec l’équipe en termes de jeu. Il me faudra un peu de temps pour ça. Il me faudra un peu de temps, pas beaucoup car je vais avoir une intégration express mais il va falloir que je sois capable de coller avec la qualité de ce groupe.

Vous aviez envie d’entraîner à nouveau ?
C’est drôle… J’ai été en contact avec d’autres clubs en novembre et décembre. Je ne me sentais pas capable de replonger à l’époque. Je n’avais pas envie. Je ne comprenais pas trop José Mourinho (entraîneur de l’équipe de football de l’AS Rome, NDLR) quand il disait qu’on ne devient un vrai entraîneur que lorsqu’on a été débarqué une première fois. Cela ne m’était jamais arrivé en vingt et un an de carrière. Maintenant, je suis un vrai entraîneur. Quand cela t’arrive, tu es déçu, vexé, tu perds de l’estime. Tu as la rage. Mais je savais que l’envie de repartir reviendrait après les fêtes. Là j’ai la rage, je suis prêt !

Personnellement c’est un grand changement ?
J’arrive seul à Clermont, mes enfants sont scolarisés à Bordeaux. Je suis incapable de vivre le rugby sans ma famille. Il va y avoir quelques mois où ce sera difficile pour moi, je me retrouve dans un appartement seul comme quand j’avais vingt ans… mais j’aurai du temps pour l’ASM ! Certains membres de ma famille étaient pour, d’autres contre, mais au final la décision a été prise en famille. J’ai besoin d’eux, c’est mon oxygène. Mon dernier enfant pensait qu’on repartait à Oyonnax parce qu’on s’éloigne de Carcassonne, là où on a beaucoup de famille. Mais je vais passer à la boutique, je vais leur acheter la tenue complète et zou c’est parti !

C’est particulier, vous êtes au club alors que le groupe est en Afrique du Sud ?
Oui, car c’est la première fois que je prends un groupe en cours de route. Et puis la semaine va être très courte et on attaque le championnat, le Top 14 avec ce déplacement au LOU qui est forcément un match avec un enjeu. On a déjà fait une visio avec les joueurs, on a fait une visio avec le staff, on en refera une vendredi avec le staff pour mettre les choses en place… Dès lundi on aura un rendez-vous plus “charnel”. J’ai besoin de sentir les gars.

Qu’est-ce qui vous a séduit à l’ASM ?
C’est une marque je l’ai déjà dit. Quand je suis parti de Castres en 2019, il y avait trois clubs que je souhaitais entraîner. Le premier, c’était Bordeaux. C’est fait. Le deuxième, c’était Clermont. Donc quand j’ai eu les premiers contacts avec l’ASM, ça m’a plu. Cela fait partie des entités du Top 14 qui sont fortes. J’ai demandé si Clermont avait de l’ambition mais on m’a vite rassuré.

C’est un gros défi de remonter l’équipe dans les six premiers ?
Pourquoi le Top 6 comme priorité ? Car Clermont doit jouer le haut du tableau même si dans ce Top 14 ça devient de plus en plus serré vous le savez, c’est la jungle. Il y a beaucoup d’équipes qui progressent. Aujourd’hui on a perdu du temps, on est à 31 points, je considère que la 6e place va se jouer comme tous les ans entre 68 et 72 points, ça veut dire qu’il ne faut pas traîner en route. Il y a 55 points possibles à prendre, il faut en prendre autour de 40. Si tu es bon en math, tu vas voir qu’il ne faut pas perdre de temps. C’est la finalité mais il faut surtout arriver à réenclencher une dynamique, une énergie forte, cela va être mon travail au quotidien. Il faut arriver à devenir une équipe conquérante.

De l’extérieur quels sont les défauts et les qualités de cette équipe ?
Ce n’est pas facile de répondre car j’ai coupé avec le rugby quelque temps et je n’ai pas regardé tous les matches. Même si l’UBB a rencontré Clermont il n’y a pas longtemps. Il y a trois choses à chercher à améliorer en priorité : la première c’est lié à l’état d’esprit en termes de confiance, ne pas lâcher, et être fort sur les un contre un. Pour moi, Clermont est une équipe très agressive, mais sur les derniers matchs, je ne retrouve pas trop ça. On va avoir besoin de monter le curseur. Mais aussi sur les bases du jeu : quand tu prends 45 points à la maison, ça, il faut trouver la confiance qui nous rend fort sur la conquête, la défense, le jeu au pied, la discipline, notamment les avants… Les avants doivent monter le curseur car le rugby commence devant. Le 3e point, c’est tout ce qui est lié à l’identité du jeu de Clermont. Je ne le connais pas bien, je ne me suis pas imprégné encore… mais c’est ce jeu rapide fait de phases dynamiques, fort sur la ligne d’avantage, avec cette capacité à jouer sur les largeurs mais aussi la capacité à jouer au pied. Tout cela, il faut qu’on arrive à le retrouver. Nous avons besoin de trouver cette confiance pour être bien ensemble et en équipe, être fort sur les bases, être plus efficace devant la ligne et coller à l’identité et au travail mis en place déjà ici. Je ne suis pas un magicien, il faut repartir au travail. Même si je sais que ce groupe travaille depuis longtemps, ce n’est pas le souci. Entre le travail de la semaine et le match il faut arriver à se transférer.

En quoi le Christophe Urios sera-t-il différent de celui de Castres ou de l’UBB ?
Je ne sais pas faire de copié-collé. Car le rugby appartient au territoire. Qu’est-ce que les gens viennent chercher ici ? Je veux qu’ils viennent chercher une émotion forte et qu’ils la partagent avec les joueurs. C’est ça qui me plaît, c’est ça le rugby. Notre jeu, notre raison d’être doit répondre à l’esprit de ces gens. Il faut être ouverts et disponibles pour nos supporters, c’est fondamental pour moi. Je suis plutôt authentique. J’aimais jouer à Clermont. Je trouve que c’est la classe. Ici, tu as des passionnés, des gens du terroir qui aiment voir les “gonzes” s’y filer. Il y a un truc qui me marque quand je viens à Clermont : les gens qui courent pour prendre leur place en pesage. C’est un plaisir à chaque fois pour moi de voir ça, de voir ces jeunes et souvent des femmes de courir prendre leur place.

L’ASM a plutôt une réputation de club discret. Vous moins… Comment voyez-vous ce mariage-là ?
Je suis plutôt cash mais je ne manque jamais de respect. Encore moins à l’institution et aux gens qui sont au-dessus de moi. Mais comme le disait Jean Cocteau : “ce que l’on te reproche, cultive-le parce que c’est toi.” Et je suis comme ça, je ne serai pas un mou demain. Mais ce n’est pas ce que l’on attend. Je ne vais pas faire évoluer ma façon d’être. C’est ce qui fait ma force. Si on fait de la merde, je dirai qu’on fait de la merde. Et inversement. Clermont a cette vocation à faire rêver. Combien de personne je croise dans la rue depuis longtemps aux couleurs du club et de son identité. Mais si on ne la fait pas perdurer, elle est sujette aux résultats. Quand les résultats sont bons, tout le monde est là. Quand ils sont moins bons, les gens ne courent plus pour prendre la place là-bas.

Vous êtes très attendu par le public clermontois…

Quand je suis arrivé à Bordeaux, c’était un peu pareil mais je ne le vois pas comme ça. Je suis un grand garçon, je n’ai pas peur mais je sais qu’il y a une grosse attente. Je ne suis pas seul. La priorité est de régénérer ce groupe dans l’énergie. S’il n’y avait pas d’attente je ne serai pas là !

Comment allez vous gérer les prochains matches des joueurs qui vont partir cet été comme Penaud ou Iturria ?
Je fais jouer les meilleurs, c’est tout. Si les meilleurs ce sont Damian Penaud et Arthur Iturria, et bien ils joueront. Ce n’est pas un problème. Ils n’ont pas un statut particulier. Ils font partie de l’ASM jusqu’à la fin de la saison, ils ont des devoirs à faire, un comportement à avoir. Je n’ai aucun doute sur leur état d’esprit. Il n’y aura aucun lien avec leur futur départ. Je n’ai jamais fonctionné comme ça.

Si on se projette sur la saison prochaine, est-ce que le recrutement actuel vous satisfait ?
C’est une des urgences à mener de front. On arrive en février et le recrutement doit avancer. Je suis plutôt en ligne avec les trois arrivées déjà annoncées : des joueurs de haut niveau et de caractère. Il reste des joueurs à confirmer chez-nous. J’ai besoin de les rencontrer et de voir leur positionnement sur le terrain. Mercredi matin, nous avons eu une réunion avec Didier Retière pour parler précisément du recrutement.

Le staff est anglo-saxon c’est un peu nouveau pour vous. Et est-ce que vous avez déjà une idée sur la composition de votre staff l’été prochain ?
Ça, c’est une nouveauté pour moi. Et en plus, ça va me faire progresser en anglais. Je suis très mauvais en anglais. Mais ils comprendront quand je serai content, ou pas content. Il faut respecter les gens en place. J’ai six mois pour me faire un avis sur le fonctionnement. C’est l’avantage et l’inconvénient de ma situation. Après, s’il y a des choses à faire évoluer, on en parlera avec le président et les personnes concernées. Aujourd’hui, j’ai la force et l’intention d’embarquer le staff avec moi pour le faire grandir et permettre de recoller au haut du tableau.

Est-ce complexe de préparer un déplacement à Lyon en sachant que l’équipe reviendra d’Afrique du Sud ?
C’est de l’enfumage. Les joueurs arrivent lundi, on joue samedi. Il faut que je construise l’équipe et un système pour aller poser des problèmes au LOU. Mais le contexte j’en suis conscient. Je n’ai pas beaucoup de temps mais je le savais avant de venir. Ce qui sera important, ce sera d’être prêt pour Lyon, rien d’autre.

Vous aurez votre mot à dire sur la composition d’équipe de l’ASM pour le match aux Stormers ?
J’en ai discuté avec Didier Retière dans un premier temps. Le staff m’a transmis la composition pour savoir ce que j’en pensais, mais ce n’est pas mon travail. Je leur ai dit d’y aller à fond ! Ce sont eux qui ont préparé le match. Beaucoup de joueurs sont en reprise, il faut prendre en compte l’importance de la Coupe d’Europe à Clermont mais je leur ai dit que la priorité c’était le Top 14 !

Après 2010 et 2017, 2023 sera-t-il un grand cru ?
On verra après les vendanges !
 

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