Champion d’Europe après le sacre de Marseille aux dépens du Leinster (21-24), en mai, le Stade Rochelais remet son titre en jeu à partir de samedi et la réception des Anglais de Northampton, à 18 h 30. Ce, avec la certitude que l’un des grands architectes de sa plus belle conquête, Ronan O’Gara, sera encore à sa tête au cours des saisons à venir. Ce n’était pas forcément acquis, le manager irlandais étant attiré par des perspectives internationales, c’est désormais acté : l’ancien ouvreur et son club ont paraphé un contrat courant jusqu’à 2027.
De quoi aborder la Champions Cup avec sérénité, sentiment qui n’a pas toujours prévalu après les succès maritimes. Ainsi, en mai 2018, un an après leur première demi-finale de Top 14 et deux mois après leur premier quart de finale dans la « grande » Coupe d’Europe, La Rochelle vivait un séisme avec le départ soudain de Patrice Collazo, le patron du secteur sportif, sur fonds de fortes dissensions au sein du staff.
Ébranlé, le club à la caravelle a tremblé sur ses fondations. Il aurait pu s’écrouler et ne laisser que l’image d’une comète sans lendemain, il a su se renforcer jusqu’à arborer une étoile sur son maillot quatre ans plus tard. S’il la doit en grande partie à « ROG », technicien reconnu et excellent meneur d’hommes, la remise en question et les solutions apportées aux problèmes identifiés en 2018 lui ont également permis de construire un environnement propice à ce type de gloire. Et une structure qui, même en cas de départ d’O’Gara pour le XV de la Rose, n’aurait pas craint pour la continuité de son projet.
C’est que là où l’omnipotent Patrice Collazo gérait tout le sportif (le recrutement, les prolongations, l’organisation de l’équipe première et de son staff, la liaison avec le centre de formation mais aussi la vie du groupe), La Rochelle s’appuie désormais sur une répartition équilibrée de ces tâches entre Vincent Merling, le président, Pierre Venayre, le directeur général et président du directoire – deux hommes à la tête du Stade depuis de longues années –, Robert Mohr, directeur sportif revenu en 2019 après avoir été capitaine des Jaune et Noir jusqu’en 2012, et le manager irlandais.
« On essaie de se voir une fois par semaine seulement tous les quatre, et toutes les deux semaines avec les coaches », décrypte Robert Mohr. Avec des thématiques définies à l’avance (même si des modules se rajoutent souvent) après des échanges importants entre l’ancien deuxième ligne et Pierre Venayre, avant de s’en ouvrir à Ronan O’Gara. « Parce que c’est super dur d’avoir les coaches à tête reposée pour réfléchir vraiment sur l’avenir, reprend le directeur sportif. Il y a très peu de créneaux. Le premier bloc, c’était 10 matchs de Top 14, 14 semaines passées ensemble dont 11 avec un cycle tourné vers le résultat du week-end (en comptant une rencontre amicale, NDLR) , c’est assez usant pour eux. Alors quand on veut parler d’un projet de trois ans, il faut vraiment trouver le bon créneau pour avancer sur ces sujets (sourire). »
D’autant plus qu’ils demandent de l’énergie, et une fraîcheur mentale qui dépend aussi du score du week-end. « On demande beaucoup aux entraîneurs. Avant, de temps en temps, il y avait une semaine de pause pour échanger sur l’avenir. Aujourd’hui, c’est moins évident », poursuit le directeur sportif. C’est pour cela qu’il n’occupe désormais pratiquement que son bureau de l’Apivia Parc, le centre d’entraînement des Rochelais, alors que, comme Vincent Merling et Pierre Venayre, il en a un dans les locaux administratifs, à Deflandre : « C’est beaucoup plus important d’être en bas. J’essaie d’assister à un maximum de réunions collectives, et puis c’est plus facile d‘y discuter avec les coaches. »
Le contact n’est pas pour autant rompu avec le président et le directeur général. « Pierre (Venayre) n’intervient pas vraiment dans le sportif, même s’il participe forcément aux dernières discussions, mais on échange beaucoup sur l’organisation, l’avenir, le moyen et le long termes, poursuit Robert Mohr. On réfléchit, on cherche à se « challenger » sur les différentes idées, c’est comme ça qu’on avance. » Quid de Vincent Merling ? « Il délègue beaucoup mais est informé sur un maximum de choses, sur tout ce qui est important. Il représente le club officiellement et, au niveau opérationnel, son opinion est très importante. Par exemple, on avait une discussion sur un joueur qu’on aimait bien mais qui n’incarnait pas forcément, selon Vincent, les valeurs du club. On ne l’a donc pas recruté », conclut l’ancien 2e ligne.

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