« C’est inédit dans le rugby, c’est un séisme » (« It is unheard of in rugby, this is an earthquake » en version anglaise). De l’Irish Times au Sydney Morning Herald, en passant par The New Zealand Herald ou The Telegraph, les déclarations de Florian Grill, le chef de file de l’opposition à Bernard Laporte, ont été reprises dans tous les pays qui ont un lien fort avec le rugby et elles traduisent la sidération de la planète Ovale après…
« C’est inédit dans le rugby, c’est un séisme » (« It is unheard of in rugby, this is an earthquake » en version anglaise). De l’Irish Times au Sydney Morning Herald, en passant par The New Zealand Herald ou The Telegraph, les déclarations de Florian Grill, le chef de file de l’opposition à Bernard Laporte, ont été reprises dans tous les pays qui ont un lien fort avec le rugby et elles traduisent la sidération de la planète Ovale après la condamnation de Bernard Laporte, mardi, par le tribunal correctionnel de Paris.
One of World Rugby’s most powerful figures has been found guilty of corruption in a Paris court. What does it mean for the sport in Australia? https://t.co/enFRx95rYT
Dans ces pays de tradition anglo-saxonne en matière de droits, où le recours à la procédure d’appel est limité, les médias ont d’abord retenu le jugement du tribunal, et ces mots forts, « corruption », « trafic d’influence », « prise illégale d’intérêts », accolés au nom du président de la Fédération française. L’onde de choc est d’autant plus forte que Bernard Laporte était aussi jusqu’à mardi soir vice-président de la Fédération internationale. Malgré ses démêlés avec la justice, le magazine britannique Rugby World l’avait même désigné personnalité la plus influente du monde du rugby en août dernier.
Les commentaires qui les accompagnent sont sans nuance. « World Rugby ébranlé après la condamnation de son vice-président à deux ans de prison avec sursis », affirme plutôt sobrement The Daily Mail.
The Telegraph est beaucoup plus offensif. « La culpabilité de Bernard Laporte donne une image abominable au rugby », estime le quotidien britannique. « Il est possible que la Coupe du monde l’an prochain soit la meilleure et la plus lucrative de l’histoire mais Laporte a causé des dommages majeurs à la réputation de ce sport. On a jeté beaucoup de pierres à la Coupe du monde de football qui se déroule actuellement au Qatar… Mais on ne peut pas dire que le rugby se couvre de gloire dans sa montée vers une 10e Coupe du monde… enveloppée dans la controverse avant même son coup d’envoi au Stade de France. »
C’est aussi l’angle d’attaque de The Independent irlandais. « La honte de Bernard Laporte jette une ombre sur World Rugby et sur la Coupe du monde 2023 », estime le quotidien de Dublin qui va plus loin dans son offensive en évoquant les conditions d’obtention de l’événement aux dépens de l’Afrique du Sud et de l’Irlande. « Les nouvelles du jour salissent la prochaine Coupe du monde. Il y avait déjà une odeur puante quand elle a été accordée à la France et aujourd’hui trois personnages clés dans le succès français (NDLR : Laporte, Atcher et Altrad) ont été condamnés. »
Today's news really taints next year's RWC. There was a stench when it was awarded to France and now three key figures in France's success have been found guilty of corruption charges. It's no use to South Africa or Ireland at this stage, France will get the gig regardless
À l’automne 2017, la candidature française menée par le duo Bernard Laporte – Claude Atcher avait raflé la mise alors que deux semaines plus tôt, le Board de World Rugby avait à l’unanimité recommandé le choix de l’Afrique du Sud. Une part d’ombre demeure sur les raisons de ce revirement. The New Zealand Herald n’a pas manqué de mettre les deux épisodes en relation et emploie une formule lapidaire, évoquant « la corruption au plus haut niveau de World Rugby ».
Mais le quotidien néo-zélandais s’attarde surtout sur la problématique à laquelle est confrontée depuis mardi la Fédération néo-zélandaise (NZR). Le groupe Altrad est en effet sponsor maillot des All Blacks et des Blacks Ferns. Peut-il le rester après la condamnation de son patron à dix-huit mois de prison avec sursis ? « Nous allons convoquer immédiatement les représentants de la société Altrad ainsi que l’ensemble de nos partenaires clé », a annoncé la NZR.
On verra rapidement si les questions d’éthique prévalent sur un partenariat estimé à 73 millions d’euros sur cinq ans.