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Société
À Aix, l’école des XV accompagne les jeunes du Jas de…
Par Laure Gareta
Photos cyril sollier
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Rien n’est jamais perdu. Tant que le coup de sifflet final n’a pas retenti. Sur le terrain comme dans la vie, il n’y a pas de fatalité quand il y a de la volonté. Et à l’école des XV, ils en ont à revendre. Née à Aix en 2014, cette structure accompagne les jeunes en décrochage scolaire habitant le quartier prioritaire du Jas de Bouffan. Cet outil sur-mesure utilise les valeurs sportives comme ancrage. S’engager, grandir, apprendre, partager, réussir, sont écrits sur le mur de l’entrée de façon si intelligible que chaque enfant qui passe cette porte, sait qu’il en ressortira différent.
"Le but n’est pas qu’ils aient 18 de moyenne générale ou un bac avec mention, mais qu’ils améliorent leur confiance en eux, leur rapport aux autres et leur apprentissage. Ils sont souvent en difficultés sociales, beaucoup dans des familles monoparentales et issues de l’immigration", souligne Frédéric Paquet, secrétaire général.
"Ils ont des profils très différents mais pour tous, le système scolaire est compliqué. Il y a un enseignant pour 30 enfants, ça ne convient pas à tous. Beaucoup se demandent à quoi ça sert ce qu’ils apprennent et ne voit plus l’utilité de le faire, de réciter, de faire des études. D’autres n’arrivent pas à suivre parce que le rythme est trop soutenu ou ils ont un problème de concentration… Tous se perdent et décrochent", explique Lily Varaldi, éducatrice spécialisée et couteau-suisse de l’organisation.
Cette école des XV est une passerelle éducative et sociale pour les accompagner, parfois un an, souvent bien plus. Scolarisés du CM2 à la Troisième, ces adolescents ont certes des lacunes scolaires "mais le passage entre le CM2 et la Sixième est difficile et à la fin du collège, ils sont souvent mal orientés. On réfléchit avec eux à leur projet personnel en leur ouvrant l’esprit sur de potentielles solutions car ils pensent généralement qu’ils n’ont le choix qu’entre deux ou trois métiers. On est là pour leur dire qu’ils ne sont pas nuls, qu’ils peuvent faire plein de choses et que se former est important pour faire ce qu’ils aiment."
Les résultats sont là. 72 % réussissent le brevet. 90 % poursuivent une formation après la troisième. À l’instar de Pascal, 16 ans aujourd’hui, en CAP boulangerie, sorti du dispositif en 2020. "Au départ, c’est ma mère qui m’y avait inscrit et je l’ai vécu comme une punition. Avec le recul, on se rend compte qu’ils font tout pour nous, ils nous poussent à avoir des meilleures notes. Le rugby est imposé mais il oblige à travailler en équipe. Ils m’ont énormément aidé et fait comprendre beaucoup de choses, sur le plan scolaire et dans la vie de tous les jours. J’aime apprendre mais je n’aime pas le système scolaire."
Sans l’école des XV, Pascal reconnaît qu’il n’aurait pas eu le même parcours. "Ils m’ont ouvert la voie. Pour mon stage de Troisième, j’étais perdu et ils m’ont fait rentrer dans une cuisine…" Il n’y aurait jamais pensé. Après deux premières années en boulangerie, le jeune homme prévoit quatre ans de plus pour obtenir des mentions complémentaires et devenir chocolatier. Une belle ambition qu’il doit à sa persévérance et au coup de pouce de l’école des XV.
À Aix-en-Provence, ils sont déjà 65 jeunes inscrits, sans compter la quinzaine sur la liste d’attente. Après huit ans d’expérience, "on a d’étroites relations avec les collèges du Jas, Château Double et Mignet. À la création de l’école, ils étaient méfiants mais le programme est aujourd’hui reconnu et les familles en font une telle promotion, s’enthousiasme Frédéric. On est invité aux conseils de classe et ils nous font part des enfants en difficulté qu’ils ont repérés. On reçoit la famille et on voit la motivation". Parce que cette école demande un investissement personnel avec une présence de 12 heures hebdomadaires sur leur temps libre. Le mercredi est obligatoire et des après-midi différents selon leur emploi du temps.
De l’aide aux devoirs après les cours, mais aussi un temps social le mercredi où adultes et jeunes déjeunent ensemble, en profitent pour discuter à brûle-pourpoint et sans jugement ; puis un temps sportif où tous se mettent au rugby et où les filles n’ont pas à rougir de leurs performances. "Ces trois temps différents sont importants car certains sont plus réceptifs sur le terrain, d’autres autour d’une table. Dans cette méthodologie, tous les moments leur servent à apprendre. On retrouve des enfants plus sereins, motivés, avec un meilleur comportement. On est un vrai soutien pour les familles qui sont souvent perdues et ne savent plus quoi faire face au décrochage scolaire de leur enfant."
L’école des XV, c’est un programme éducatif inscrit dans le temps, avec une attention exceptionnelle où l’on compte un encadrant pour quatre enfants. Avec des bénévoles et un ‘staff’ pluridisciplinaire d’éducateurs et professeurs, ce dispositif a un coût. "L’école des XV est un projet qualitatif qui demande 250 000 € par an et par antenne (lire ci-dessous)."
La parité et le sport sont des éléments essentiels du dispositif. "Souvent dans les quartiers, les garçons sont dominants. Ici, on apprend aux garçons à perdre et aux filles à gagner. Et même s’ils râlent, ils sont obligés de faire preuve d’humilité parce que les filles gagnent souvent ; elles savent se coordonner, là où les garçons pensent gérer seul. Le bien-être et l’estime de soi sont primordiaux", précise Guillaume Gambaro, responsable du développement. "Au fil des années, on a fait du rugby un sport de quartier alors qu’il n’en était pas un. Au Jas, c’était la boxe et le foot. Et les filles s’en emparent et trouvent leur espace dans le cadre donné ici. Le sport est un support pédagogique car il libère les esprits. C’est une échappatoire pour évacuer les tensions. Les enfants en décrochage scolaire ne sont pas forcément les boucans du fond de la classe. Ce sont juste des enfants qui ont perdu le fil."
Un terrain de sport mutualisé avec les professionnels de Provence Rugby, des petits groupes de quatre pour une aide aux devoirs personnalisée, des repas partagés et des échanges appréciés, l’école des XV est bien plus qu’un dispositif d’accompagnement, c’est une deuxième maison.
Avec un ‘staff’ pluridisciplinaire d’éducateurs et professeurs, ce dispositif a un coût. "5 000 € par enfant et la participation annuelle des familles est de 25 €. C’est symbolique. L’école des XV est un projet qualitatif qui demande 250 000 € par an et par antenne", souligne Frédéric Paquet, secrétaire général. Car l’école aixoise a été dupliquée dans une version marseillaise en 2016 dans le 9e arrondissement, quartier de la Cayolle (en relation avec le collège Roy d’Espagne) ainsi qu’à Saint-Étienne, cette année, dans le quartier Terrenoire.
Si la structure reçoit des subventions du Conseil départemental, de la mairie d’Aix, "mais pas celle de Marseille. On a du mal à trouver un écho alors qu’on répond à un problème", le trois quart du budget est pris en charge par le groupe Voyage privé. Le mécénat est aussi très présent.

L’école des XV a été créée grâce à Denis Philipon, président du club professionnel Provence Rugby et fondateur du groupe Voyage privé. Avec un ancrage local fort au service du développement du territoire aixois, cette entreprise à mission joue désormais un rôle social important, en offrant la possibilité de changer la trajectoire avec de la volonté et sortir d’un certain déterminisme préétabli par la société. Ces jeunes de quartier en sont le reflet. Et les partenariats suivent.
En début d’année, via le fonds de dotation de la Ligue nationale de rugby, l’entreprise Smart Good Things leur a reversé 100 000 €, notamment pour aider à l’ouverture de l’école des XV à Saint-Étienne. "Je suis sincèrement heureux de ce partenariat. Le projet de Smart Good Things est de s’allier avec des partenaires qui oeuvrent en faveur du lien social. Les engagements de l’école des XV résonnent particulièrement avec les nôtres. C’est un cri d’alarme et un élan de générosité que nous poussons aujourd’hui pour la lutte contre le décrochage scolaire", indique Serge Bueno, fondateur de Smart Good Things au concept généreux. "C’est une manière d’aider ces jeunes à trouver une voie. On est persuadé que tout le monde a une chance, même une deuxième chance", ajoute Hélène Girault, directrice marketing. Pour ce faire, la société vend d’une part, des produits alimentaires comme des boissons énergisantes ou de bien-être ; et d’autre part, reverse 25 % de ses bénéfices à des causes sociales, solidaires et écologiques. Dans ce cercle généreux, Smart Good Things s’est associée à des clubs sportifs comme le PSG, l’AS St-Etienne ou de l’élite du rugby avec le Top 14. Et le basketteur Tony Parker en est devenu associé et actionnaire.
Dans ses recherches de mécénat et partenariat, la direction de l’école organise une soirée de bienfaisance lundi 5 décembre au 6Mic, avec un dîner étoilé par le Chef Dominique Frérard et une vente aux enchères de maillots du Top 14. Une belle manière de récolter des fonds.
Réservations : www.helloasso.com/associations/l-ecole-des-xv/evenements/soiree-de-bienfaisance-au-profit-de-l-ecole-des-xv

Salle Nelson-Mandela, ce mercredi-là, Maïssa, Myriam et Sabrina suivent l’aide aux devoirs en français dispensé par Amandine. "Il y a de la vie ici", sourit-elle, "Ils travaillent à leur rythme et prennent le temps de comprendre. C’est important de donner du sens à ce qu’ils sont en train d’apprendre. On fait du cas par cas, on avance différemment et on reprend toutes les notions. On leur donne aussi des outils pour être plus autonome à la maison."
En septembre, tous les enfants ont passé des évaluations afin de pouvoir réaliser un tableau de progression. "C’est positif et ce n’est surtout pas pour les classer par niveau. Ils sont regroupés par âge."
Âgées de 12 à 14 ans, les adolescentes qui n’ont pas leur langue dans leur poche, sont souriantes et attachantes. "J’aimais bien travailler mais j’étais pas trop forte. Ici, c’est trop bien, on comprend mieux. Je m’avance dans mes devoirs et on m’explique bien", confie Sabrina. Collégiennes au Jas de Bouffan, toutes estiment que leurs notes ont évolué. Dans ce micro-groupe de quatre, assis sur sa chaise, Malik est bien effacé face à ce trio espiègle. Il retrouvera son sourire sur le terrain de rugby un quart d’heure plus tard ; et les filles, elles, n’auront pas perdu le leur. Apprêtées ou en short et chaussettes hautes, elles sont ici à leur place. La mixité et le travail d’équipe sont de rigueur.
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