La scène a frappé les esprits. Le 5 juin, à leur arrivée au Matmut Stadium de Lyon, les Rochelais ont été accueillis par des applaudissements nourris. Mieux, après la victoire maritime (33-28) pourtant synonyme de non-qualification du LOU, les locaux multipliaient les sollicitations auprès des champions d’Europe. Notamment d’un président Vincent Merling chaleureusement félicité. Si La Rochelle a toujours bénéficié d’une bonne image grâce à son public, son jeu, son modèle économique et sa progression, son succès européen…
La scène a frappé les esprits. Le 5 juin, à leur arrivée au Matmut Stadium de Lyon, les Rochelais ont été accueillis par des applaudissements nourris. Mieux, après la victoire maritime (33-28) pourtant synonyme de non-qualification du LOU, les locaux multipliaient les sollicitations auprès des champions d’Europe. Notamment d’un président Vincent Merling chaleureusement félicité. Si La Rochelle a toujours bénéficié d’une bonne image grâce à son public, son jeu, son modèle économique et sa progression, son succès européen face à un géant étranger a fait monter en flèche sa cote de popularité.
À Nice, lors des demi-finales du Top 14, les spectateurs arborant la caravelle l’ont constaté, complimentés sans arrêt pour ce fait d’armes. Et puis, même si ce n’était pas l’objectif, la possibilité offerte aux héros de Marseille de porter la Coupe dans leurs clubs formateurs bonifie l’image de marque des Jaune et Noir en dehors de leur zone de chalandise. Enfin, leurs supporteurs ont eux-mêmes eu souvent accès au trophée pendant l’été. Une bonne idée qui cultive un peu plus le caractère particulier du Stade Rochelais.
« Avoir soulevé la Coupe a fait du bien au club et aux joueurs. Ça ne nous rajoute pas de pression, au contraire, je trouve les garçons apaisés. Et je sens qu’on a faim de le revivre. » Romain Carmignani le confirme, gagner un trophée a des vertus sur la durée. Les Rochelais ont prouvé à tout le monde, notamment à eux-mêmes, qu’ils savaient gagner un titre. Non pas que les trois finales perdues depuis 2019 (en Challenge Cup, en Champions Cup puis en Top 14) les aient fragilisés, mais il n’est jamais bon de buter trop souvent sur la même marche. Ici, pas de frustration nocive qui s’accumule, au contraire d’une expérience bienvenue.
Ce succès couronne aussi une méthode. « Les contenus d’entraînement, les recherches, les discours, les stimulations, liste le coach des avants. Personnellement, ça a validé mon travail. On sent une énergie, une synergie, et ce qui est encourageant, c’est que notre groupe est super jeune (27 ans de moyenne d’âge, NDLR). On a beaucoup d’espoirs, on sait qu’on ne sera pas loin si tout le monde s’en donne les moyens. »
Il y a un monde entre vouloir gagner et le faire. Si le Stade Rochelais avait déjà changé de statut, son absence de passé glorieux comme de titre récent ne confortaient pas totalement son ambition et le respect qui va avec. Installé à la table des grands, il n’occupait pas une place de choix. S’il lui manque encore un Bouclier de Brennus – dont l’aura en France est inégalable –, sa Champions Cup apporte une considération différente. Désormais, le Stade Rochelais est bien un cador du rugby français. Un statut qui peut aussi être une aide utile au moment de chercher des partenaires économiques même si, avec son réseau local et fidèle, La Rochelle est armée dans ce secteur.
« À part Toulouse et peut-être un peu La Rochelle, personne ne peut être sûr d’avoir un joueur s’il le veut absolument. » Sébastien Piqueronies, le manager de Pau, dit beaucoup de l’attractivité actuelle du Stade Rochelais. Toulouse est hors norme tout en n’étant pas le club qui paie le plus, fort d’une collection de titres, d’une capacité à en remporter des nouveaux et d’une exposition sans pareilles. Mais le directeur sportif maritime Robert Mohr nous confiait cet été qu’avoir atteint deux finales en 2021 avait changé le regard des cibles potentielles et que, bénéficiant de ce vent dans le dos, il avait engagé tous les « tops joueurs » visés. Or, aujourd’hui, le Stade n’est plus un club qui veut gagner mais un club qui l’a déjà fait. De quoi rehausser encore son pouvoir de séduction.
La saison dernière, après la 3e défaite de suite de l’UBB contre La Rochelle, Christophe Urios s’était interrogé sur le regard, selon lui différent, posé par Wayne Barnes sur les deux équipes. Le manager girondin suggérait que le statut avait compté dans certaines décisions entre une formation sortant de deux finales et la sienne. En privé, le staff rochelais a parfois eu les mêmes doutes, notamment lors de la défaite contre Toulouse, à Twickenham, en 2021, quand M. Pearce semblait par moments faire tomber plus facilement la pièce côté rouge et noir. Avec cette seconde victoire contre le Leinster et ce trophée majeur en poche, La Rochelle ne pourra plus être vue comme un « petit ».
C’est l’inconnue. Le public rochelais deviendra-t-il plus exigeant avec ses favoris maintenant que ceux-ci ont changé de stature ? Connus pour leur fidélité et leur bienveillance, les supporteurs des Jaune et Noir ont pris goût aux phases finales et, surtout, à la joie d’un titre. Qu’en sera-t-il en cas de résultats moins aboutis ? Les Toulonnais ont appris à leurs dépens, après leur triplé européen et leur Brennus de 2014, qu’un coup de moins bien sportif pouvait entraîner une affluence moins importante à Mayol et des commentaires plus acerbes que d’ordinaire…

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