Avec deux défaites à domicile (Pau et Bordeaux-Bègles) et autant de succès à l’extérieur (Lyon et Brive), le Stade Rochelais, 5e avec 32 points, est à l’équilibre à l’issue de la phase aller, avec un match de plus à Deflandre. Loin de ses objectifs. Douze points devant, le leader toulousain paraît inaccessible. Reste le second accessit direct pour les demies. Les Jaune et Noir sont encore dans les clous pour la 2e place d’une manière générale, nettement moins si l’on se fie à leur indigence contre l’UBB (8-12).
« Je suis un peu perdu avec cette performance », avoue un Ronan O’Gara qui a trouvé son équipe « nulle ». « On a manqué de volonté pour avoir le ballon. Même quand ce n’était pas du 50-50, les Bordelais l’ont gagné. Ils ont remporté la bataille du territoire, un point clé, analyse le manager. Ce qui est inquiétant et qui m’énerve le plus, ce sont les standards de ce match. Ils n’étaient même pas moyens… », mais à des années-lumière des premières périodes contre Northampton et l’Ulster en Champions Cup.
Contrairement à ces rencontres que tout le monde avait cochées, et comme face à Pau fin octobre, le technicien irlandais n’a pas aligné son équipe type vendredi. Entre les forfaits (Kerr-Barlow et Tanga), les joueurs au repos (Hastoy, Bourdeau et Danty) et ceux glissant sur le banc (Alldritt, Atonio, Skelton, Pierre Boudehent, Seuteni), le quinze de départ manquait d’automatismes et de puissance, deux éléments clés. Un constat fait à Brive, aussi, malgré une victoire de justesse, ou à Paris.
« C’est la plus grande déception. Si on juge à travers ce match, on a manqué de compétences. Je dois lever la main, c’est moi qui choisis l’équipe, c’est une très grande faute de ma part. Mais c’est le meilleur championnat du monde et pour ça il faut un groupe, pas une équipe. Botia, Rhule, Leyds, Thomas, Dulin, ce ne sont pas rotations, tranche « ROG ». Il y avait différents 9 et 10 (Berjon et Popelin, NDLR), oui, mais devant il y avait des internationaux argentin (Sclavi, NDLR) et français (Wardi et Bourgarit) en première ligne, Rémi Picquette qui est toujours à Marcoussis, Ultan Dillane, Sazy, le leader de cette équipe, Kyle (Hatherell), très performant en Premiership, et Paul Boudehent qui fait des allers-retours à Marcoussis… »
Si ce dernier a été très bon, si sur le papier l’équipe avait de l’allure, dans les faits, elle n’a pas réussi grand-chose. Bien sûr, embraient Romain Sazy et Grégory Alldritt, un Brennus se gagne à 40, pas à 25. Faire souffler ses cadres et répartir le temps de jeu est indispensable. Changer d’un coup les deux tiers de l’équipe semble plus problématique. « On entre dans une zone de danger en disant qu’il y a eu trop de rotations, donc que certains ne sont pas au niveau. Mais j’accepte la critique, que la question soit posée », réagit l’ancien ouvreur. « On s’entraîne tous ensemble, il n’y a pas d’excuse. On aurait pu mieux faire, la responsabilité est la nôtre, il n’y a pas à aller chercher ailleurs », rétorque Sazy.
Ainsi, alors que l’UBB a parfaitement appliqué sa stratégie, La Rochelle n’a pas su s’y faire ni s’adapter à des conditions meilleures que prévu, dans le sillage d’un Dulin dominé sous les ballons hauts, d’un Botia très maladroit et d’un Pierre Popelin qui a multiplié les erreurs à l’ouverture. « Il était blessé depuis presque six mois, on ne peut pas attendre de lui qu’il soit hyper performant, il était dans le dur et c’est normal, ça arrive. C’est aux autres de l’aider, mais ils ne l’ont pas fait, regrette O’Gara. Chacun était dans sa bulle sans prendre d’initiative. Ça, ce n’est pas nous. »
En fait, le collectif rochelais interpelle dès lors que trop d’éléments de sa colonne vertébrale – Bourgarit, Atonio, Skelton, Alldritt, Kerr-Barlow, Hastoy, Danty et Dulin – manquent en même temps. Quand c’est le cas, le caractère de l’équipe n’est plus le même, son jeu non plus, ce qui pose à nouveau la question du leadership. Or, La Rochelle devra réagir à Perpignan et lors de la réception de Toulouse avant le retour de la Champions Cup puis du Tournoi des Six-Nations, qui la privera notamment de Danty et Alldritt, si précieux pour détruire le jeu adverse et avancer. « Oui, on sera sous pression. Malheureusement, c’est une position qu’on aime bien », lâche le troisième ligne.
« C’est une énorme déception mais ce n’est pas fatal, il y a une différence, tempère malgré tout le manager maritime. On est toujours en mode apprentissage. Dans les moments durs, on voit le caractère et c’est dur maintenant. Ça détruit Noël. Je vais rentrer en Irlande avec mes cinq enfants qui vont voir leur papa qui ne sera pas en bonne forme. Malheureusement, ils en ont déjà peur parce qu’ils demandent pourquoi c’est le cas chaque dimanche quand on perd », plaisante O’Gara. Comme ses joueurs, il a quatre jours « off » pour s’en remettre.